C'est dans une salle archicomble que les férus du 7-ème art à Errachidia ont suivi, en avant-première, le court-métrage "Ombre d'amour", en présence de son réalisateur Ameur Charqui. Bien avant la projection qui a eu lieu samedi soir à la chambre du commerce de l'industrie et des services (CCIS), le public présent a pu prendre connaissance de l'équipe ayant été derrière la réalisation de ce court-métrage, qui a mis en valeur l'apport artistique et littéraire de deux personnages réels, en l'occurrence l'artiste plasticien Said Njima et le poète Ahmed Chaker. "J'ai choisi ces deux artistes de la ville d'Errachidia pour ce qu'ils représentent en tant que source de création, mais aussi en tant que richesse humaine, dans la mesure où ils ont une capacité extraordinaire à donner à l'autre", a indiqué Charqui Ameur, lors de la sa présentation de son film. Si la dimension documentaire dans ce film se justifie par le fait de donner la parole directement aux protagonistes pour s'expliquer sur leur arts respectifs et la relation qu'ils entretiennent avec leur entourage, la dimension fictionnelle de ce court-métrage se démarque par la mise en valeur d'un seul personnage incarnant le rôle de cet intellectuel/artiste en retrait, à cause d'un manque de reconnaissance et de gratitude. Le personnage principal, un jeune qui s'approche de la quarantaine, garde le silence, durant tout un quart d'heure, le réalisateur ayant préféré laisser parler la caméra avec ses travelings et ses "balades" riches en informations. L'enchaînement entre les deux facettes du film est conçu de manière artistique. D'un seul coup, tout change. La fiction nécessite un décor, un éclairage, des accessoires et un certain arrangement du décor général. Chaque élément renseigne sur un fait, une portée et un statut donnés. Du réel au fictif, l'on change bien évidemment d'optique. Il s'agit ainsi d'un jeune intellectuel isolé dans une chambre désordonnée qui vit son propre monde et son propre temps, lesquels se trouvent ponctués de partitions musicales posées sur la guitare et la lecture de livres parsemant ce lieu d'un décor misérable. "C'est un intellectuel qui fuit un certain manque de reconnaissance et de gratitude de la part de la société", a expliqué Ameur Charqui. Après tant de déboires, d'échecs, de sentiments refoulés, l'artiste fictionnel est présenté en fin de film en train d'errer dans un désert lointain, portant bien évidemment ses outils de base, à savoir sa guitare et ses livres. Accompagné d'une musique extraordinaire composée par Mbarek Oularbi, chanteur et compositeur du groupe Saghru Band, l'image qui est d'une force imposante, parle d'elle-même. Dans un cadre féérique, le réalisateur entend glisser un message incitatif à la société. Que de chemins à parcourir pour imposer un statut moral d'artiste et d'intellectuel. Son apport d'équilibre psychologique et moral à une société, est incommensurable, d'où la nécessité d'une contrepartie en guise de gratitude. Critique de cinéma, Ameur Cherqui qui est co-auteur de plusieurs livres dont le dernier est : "Cinéma de Mohamed Abderrahman Tazi, les fondements esthétiques, et intellectuels", est le directeur du festival cinématographique universitaire d'Errachidia.