"Le cinéma de Moumen Smihi : Passion pour la recherche et fécondité de la théorisation" est le titre d'un nouveau livre que vient de publier, en langue arabe et française, l'association Al Qabas pour le cinéma et la culture, aux imprimeries Ben Lafquih à Errachidia. Edité avec le soutien du Centre Cinématographique Marocain (CCM), le livre (140 pages/format moyen) referme des lectures et analyses émanant d'un ensemble de critiques et de chercheurs, autour de l'expérience cinématographique du réalisateur marocain Moumen Smihi, en tant qu'expérience particulière du cinéma marocain. S'il y a quelque chose qui marque le cinéma de Moumen Smihi, c'est qu'il est constamment à l'écoute du pool de la société, notamment cet univers féminin qui constitue, selon le critique Moulay Driss Jaidi, un thème central récurrent et omniprésent dans sa filmographie. "A travers cet ouvrage, l'association entend rendre hommage à ce cinéaste et apporter un geste de reconnaissance à l'égard de sa contribution dans l'enrichissement du projet cinématographique national, lequel geste doit s'étendre ultérieurement à d'autres réalisateurs marocains", a déclaré Ameur Charqui, président de l'association. Ont pris part à ce travail, qui est néanmoins un effort de documentation d'une expérience de quatre décennies, plusieurs critiques dont Moulay Driss Jaidi, Hamid Tbatou, Ahmed Sijilmassi, Mohamed Chouika, Noureddine Mhaqaq, Bouchta Farqzaid et le chercheur universitaire et critique Atman Bissani. Les critiques et universitaires ont axé leurs communications sur différentes facettes du cinéma de Smihi, dont "Caftan d'amour ou le narcissisme mortifère", "El Chergui ou le silence violent, destin pluriel...", " L'esthétique de l'image chez Smihi ", " Moumen Smihi, un pionnier réhabilité", " l'anthropologique et l'anthologique dans -El Chergui ou le silence violent-", la poétique d'amour ou le souci de l'attraction" et "Le souci théorique et les enjeux d'expérimentation dans l'expérience de Moumen Smihi ". Bien qu'entamée depuis 1970 avec les court-métrages fiction/documentation "Si Moh, pas de chance" et "Couleurs aux corps", la carrière de cinéaste de Moumen Smihi ne verra son véritable élan qu'avec "El Chergui" en 1975, alors que son apogée sera signé dans son oeuvre "Caftan d'amour..." en 1987. Depuis, ses oeuvres cinématographiques ne laissent indifférents les férus du grand écran et interpellent avec force une critique qui a toujours trouvé dans ses films, pas uniquement une matière à interpréter et à expliquer, mais aussi et surtout un matériau à réflexion profonde. C'est ainsi que Smihi enchaînera dès le début des années quatre-vingt-dix sur des longs-métrages de qualité irréprochable tels " La Dame du Caire ", avec Youssra, " Avec Matisse à Tanger " avec Daniel Mesguich et " Chroniques marocaines " avec Aicha Mahmah. Avec deux autres longs-métrages "Le gosse - Al Ayel" en 2005 et " Enfance révoltée" en 2008, Moumen Smihi marquera ses traces artistiques durant cette première décennie du 21è siècle et fera preuve d'une maturité extraordinaire. Né à Tanger en 1945, Moumen Smihi avait fait des études supérieures à Paris à l'IDHEC (Institut Des Hautes Etudes Cinématographiques). Il a également travaillé dans l'enseignement, le journalisme et l'assistanat à la télévision en France.