La diffusion fallacieuse par la chaîne de télévision espagnole "Antena 3", de la photographie de la scène de crime de Casablanca comme étant celle des événements survenus à Laâyoune, est ''une faute professionnelle grave'', a souligné, mercredi à Bruxelles, l'avocat belge Me Pierre Legros qui représente les membres de la famille Rachdi établis en Belgique. S'exprimant lors d'une conférence de presse organisée par les avocats marocains et belges représentant les personnes dont les noms ou les images ont été exploitées pour dénaturer les incidents de Laâyoune, Me Legros s'est indigné contre l'utilisation délibérée d'un cliché de corps de personnes sauvagement assassinés pour induire en erreur l'opinion publique. Une telle démarche contraire à la déontologie journalistique et le manque du respect dû à un mort heurte la sensibilité de tous ceux qui ont approché ce dossier, a-t-il dit, rappelant que les règles professionnelles les plus élémentaires exigent la vérification des sources d'information. Qualifiant d'''escroquerie et d'acte prémédité'' la diffusion de cette image par la chaîne espagnole, l'ancien bâtonnier du barreau de Bruxelles a expliqué que la légende accompagnant la photo présentée soulignait qu'il s'agissait bel et bien des événements de Laâyoune. ''Il ne peut donc nullement s'agir d'une erreur'', a-t-il insisté. Concernant ce nouveau procès intenté en Belgique contre la télévision espagnole, Me Legros a précisé qu'il représente des membres belgo-marocains de la famille Rachdi ayant décidé d'intenter un procès contre Antena 3, la chaîne étant captée en Belgique. Pour sa part, Me Abdelkébir Tabih, qui représente la famille Rachdi au Maroc, a souligné que la publication de cette photo constitue une violation ''flagrante" des droits des plaignants par les médias espagnols qui ont ''délibérément'' dénaturé et falsifié la réalité, et partant, porté préjudice à ces victimes et à l'ensemble du peuple marocain. Pour l'avocat marocain, l'exploitation par la chaîne espagnole de la tragédie de cette famille a induit en erreur l'opinion publique espagnole. Preuve à l'appui, il a présenté aux journalistes belges et européens, présents lors de ce point de presse, une copie du journal marocain qui avait publié la photo de la famille en comparaison avec le cliché publié par ''Antena 3''. ''Toutes les preuves sont réunies pour démontrer la manipulation par la chaîne espagnole de cette photo'', a-t-il dit. L'impact de cette manÂœuvre, a-t-il poursuivi, ne s'est pas limité à porter atteinte à la famille Rachdi mais a été à l'origine d'une manifestation anti-marocaine en Espagne, comme il a été à l'origine de la décision prise par le Parlement espagnol à l'encontre du Maroc. "'Cela explique l'étendue médiatique que représente la chaîne Antena 3 et l'influence qu'elle exerce sur l'opinion publique espagnole'', a-t-il déploré. Cette influence a également conduit à une décision défavorable au Maroc par le Parlement européen. Le fait que ''Antena 3'' ait transgressé toutes les lois et règles en vigueur et qu'elle maintienne sa vision erronée des faits, relève du mépris de l'Autre, "ce qui touche aussi le respect des principes élémentaires des droits de l'Homme", a souligné Me Tabih. La position de la chaine espagnole est donc contraire aux lois espagnoles, à la déontologie journalistique, aux principes élémentaires du respect des droits de l'Homme, dont le Conseil européen et l'Europe entière ont fait leur cheval de bataille pour vaincre l'ignorance et le totalitarisme et pour mettre en valeur l'être humain en tant que tel sans distinction de quelque nature que ce soit'', a-t-il ajouté. De son côté, Me Abdelfattah Zahrach, qui représente Mme El Ghalia Bouasria et M. Abdesalam Ansari qui ont été donnés pour morts par l'agence espagnole ''Europa Presse'', a souligné que la diffusion de l'information du décès de ses clients constitue une violation des chartes internationales des droits humains. Il a, en outre, indiqué que l'annonce du décès a bouleversé non seulement les membres de la famille et les amis de ses clients, mais aussi ces derniers. Il s'est dit "outré" que les médias espagnols, avec tous les moyens logistiques dont ils disposent, puissent dénaturer la réalité en annonçant publiquement la mort de ses clients dans les événements de Laâyoune, sans présenter des excuses. Me Mohamed Karam, qui représente le journal ''Al Ahdat Al Maghribiya'', détenteur des droits de la photo du crime de Casablanca, a fait savoir que la décision d'assigner devant les juridictions compétentes la chaine ''Antena 3'', intervient suite à la manipulation délibérée de la photo publiée par le quotidien marocain. La chaine espagnole n'a jamais pris la peine de vérifier la véracité du message de la photo et son origine, a-t-il souligné, se disant outré par l'attitude de Antena 3, qui n'a pas reconnu son erreur et par conséquent n'a pas présenté, jusqu'à maintenant, aucune excuse. La chaîne a "délibérément manipulé l'opinion publique espagnole ainsi que les internautes et les téléspectateurs hors d'Espagne en étayant sa position et son point de vue partiaux et en dressant l'opinion publique contre le Maroc''. Al Ahdat Al Maghribiya, propriétaire de la photo, s'est trouvé dans une situation très délicate et très embarrassante, le cliché étant exploité par la chaine pour nuire au Maroc, a-t-il conclu.