Les batailles de Jbel Baddou s'embrasèrent vers la mi-septembre 1933. Le général Huré fit appel à cinq généraux et à trois régions militaires. La résistance, menée par Zayd Ouhmad Ouskounti, s'endurcissait de plus en plus. Par Mustapha Elouizi Le versant sud du Haut Atlas connut alors ses dernières grandes batailles contre l'occupant français. En fait, les guerriers des Aït Mrghad, des Aït Hdiddou, des Aït Issa et d'Assif Melloul furent renforcés par les durs combattants des Aït Atta. Ces derniers vivaient encore sur un triomphe moral et symbolique contre un occupant armé jusqu'aux dents. Des mois auparavant, ils avaient donné du fil à retordre à une armée coloniale forte de plus de 80 mille soldats. La leçon du Boughafer assimilée, le général Huré entendait épargner à ces troupes le syndrome du Saghru qu'il avait durement vécu personnellement. En vain, Ouskounti, qui s'imprégnait de la bravoure d'Assou Oubaslam et d'Abdelkerim El Khattabi, avait tenu tête à une armée sophistiqué, à une aviation efficace et à des effectifs l'encerclant de tous bords. Face aux dizaines de milliers de soldats de différents ordres (soldats réguliers, légionnaires, spahis), les guerriers locaux n'avaient que trois cents fusils artisanaux. Ils faisaient montre, cependant, d'une grande conviction en leur cause, d'un devoir patriotique infaillible et d'une forte détermination. La stratégie des attaques-éclaires avait donné ses fruits. Au début, le général Huré chargea le colonel Arnaud d'assiéger les moudjahidines par derrière, une initiative qui s'est avérée dans quelques jours déjà non rentable, tellement la contre-attaque avait été tenace. L'on passa ainsi à la confiscation des points d'eau, privant les populations de cette matière vitale. La direction de la résistance en la personne d'Ouskounti, d'Ali Atermoun et de Sidi Ahmed N'Aït Sidi Larbi ne fléchit pas pour autant.
En fait, toute une population avait été mobilisée dans ces batailles. Les femmes n'étaient jamais loin des champs de bataille. Elles soignaient les blessés, incitaient les combattants par des "warru" (chants berbères) et entachaient les déserteurs par du henné, une manière d'en faire la risette de la communauté. Il fallait faire appel ainsi à d'autres renforts. Contre ces guerriers jurés et convaincus de leur juste cause, le général Huré fera appel aux commandements de cinq généraux relevant de Tadla, Meknès, Marrakech, Tinghir et celui des zones frontalières. Une mobilisation tout azimut prit place. Zayd Ouhmad Ouskounti était déjà célèbre dans les Salons politiques français. "Bien que la position d'Ouskounti devienne de plus en plus critique, celui-ci demeure toujours aussi intransigeant, pourtant le nombre de ses fidèles semble diminuer", témoigna le colonel L. Voinot dans ses "Traces glorieuses", ajoutant que pour la seule journée du 25 août l'armée avait accusé "13 tués et 31 blessés, dont un officier". Cinquante jours durant, Ouskounti et les siens ne flanchent pas face aux bolides des chars lourds blindés, aux raids aériens et aux coups des tirailleurs. Mais, face au manque de ravitaillements et d'eau surtout, ces braves guerriers font sortir la sagesse des Amghars amazighs. L'histoire retiendra donc qu'ils furent aussi et surtout des guerriers d'une lucidité rare. En manque d'effectif, ils prennent de concert la décision d'enclencher d'abord des pourparlers avec le général Giraud. Il fallait éviter le pire, les troupes françaises venaient de tous les côtés et leur nombre était impressionnant. Le 29 août 1933, les Moudjahidines annoncent la fin des combats. Et comme au Saghru, les politiques français n'osèrent point parler d'un triomphe militaire, mais simplement d'une nouvelle pacification. Ce n'était pourtant pas totalement fini. La cause étant nationale, les guerriers survivants aux batailles de Jbel Baddou dans l'Ouskersou, allaient bientôt rejoindre les rangs de la résistance dans l'anti Atlas. L'objectif consistait à libérer tout un pays du joug de l'occupation.