Les responsables de la chaîne de télévision espagnole "Antena3", qui ont diffusé la photo d'un crime survenu en janvier dernier à Casablanca, en l'attribuant aux derniers évènements de Laâyoune, ont délibérément violé le Code pénal et la loi régissant les médias audiovisuels, ont affirmé les avocats de la famille Errachidi, dont plusieurs de ses membres ont péri dans cet assassinat odieux. La plainte de la famille marocaine, loin de tout différend politique que pourrait avoir la chaîne TV avec une quelconque partie, émane de sa décision de revendiquer l'application de la loi et de demander à la justice espagnole de la rétablir dans ses droits et de réparer les préjudices qui lui ont été causés par les responsables de ce média, ont tenu à expliciter les avocats de la famille Errachidi, lors d'une conférence de presse, jeudi à Madrid, en présence du père et de l'une des filles de la famille ayant réussi à s'échapper au massacre. D'ailleurs, l'article 197 du Code pénal espagnol pénalise les faits reprochés aux responsables d'"Antena3", ont précisé les avocats de la famille marocaine, lors de cette conférence de presse à laquelle ont pris part plusieurs représentants des médias espagnols et internationaux. La défense de la famille Errachidi regroupe Me Abdelkebir Tabih et Me Abdelmalek Ouedguiri, avocats au barreau de Casablanca, et leur confrère Me Enrique Beamud, du barreau de Madrid. Selon Me Tabih, la famille Errachidi a décidé de recourir à la justice espagnole dans le but que justice lui soit rendue, affirmant qu'elle ne demande que l'application de la loi. C'est pourquoi elle a décidé de poursuivre "Antena3" pour "préjudice moral et atteinte à la vie privée", a-t-il fait savoir. "Bien qu'elle dispose d'un service de vérification, la chaîne n'a pas pris le soin d'authentifier la photo en question. Pis encore, elle n'a même pris la peine de rectifier ou de présenter des excuses pour cette grave faute professionnelle, ce qui dénote d'une volonté délibérée de nuire", a dénoncé Me Tabih. De surcroit, cette chaîne, qui n'a publié aucune rectification, a osé accompagner la photo en question d'un commentaire simultané aux évènements de Laâyoune, dans l'intention flagrante d'induire en erreur l'opinion publique espagnole et internationale, a-t-il ajouté. Pour Me Ouedguiri, cette affaire dépasse de loin la simple faute professionnelle. Elle concerne plutôt l'utilisation d'une photo qui, au-delà de porter atteinte à la vie privée d'une famille, vise d'influencer l'opinion publique espagnole vis-à-vis de la question du Sahara à travers la diffusion de faits qui n'ont aucun lien de près ou de loin avec les évènements de Laâyoune. De son côté, Me Beamud a indiqué que la défense de la famille Errachidi va déposer, dans les plus brefs délais, une plainte auprès du tribunal compétent de Madrid contre la chaîne "Antena3". La photo du meurtre de Casablanca avait été prise par un photojournaliste du quotidien marocain "Al Ahdat Al Maghribiya" qui l'a publiée en janvier dernier.