La présidente du Comité américain pour les réfugiés et les immigrants (USCRI), Lavinia Limon, a dénoncé les conditions de vie "terribles" dans les camps de Tindouf, dans le sud de l'Algérie, se disant "favorablement impressionnée" par le développement des provinces du sud du Maroc. Propos recueillis par Fouad ARIF Washington- La présidente du Comité américain pour les réfugiés et les immigrants (USCRI), Lavinia Limon, a dénoncé les conditions de vie "terribles" dans les camps de Tindouf, dans le sud de l'Algérie, se disant "favorablement impressionnée" par le développement des provinces du sud du Maroc. Dans un entretien avec la MAP, Mme Limon, qui vient d'effectuer une visite dans la région du Sahara marocain, a affirmé qu'en l'absence d'un règlement politique au conflit du Sahara, il est impératif de trouver "une solution durable qui permettrait aux populations parquées dans les camps de Tindouf de regagner le Maroc et d'y exercer les droits inhérents à la citoyenneté marocaine, ou d'être réinstallées dans un pays tiers". L'absence d'une solution durable ne prive aucunement les pensionnaires des camps de Tindouf de leurs droits dans le cadre de la légalité internationale, a insisté Mme Limon, ancienne directrice du bureau pour le relogement des réfugiés sous l'Administration Clinton. Elle a rappelé, dans ce cadre, que pas moins de 168 pays sont signataires des conventions internationales relatives aux droits des réfugiés. +Manquement d'Alger à ses engagements internationaux en matière de droits des réfugiés"+ Dans son dernier rapport sur la situation dans les camps de Tindouf, l'USCRI note, en effet, que l'Algérie n'a pas honoré ses engagements à l'égard des populations séquestrées sur son sol, dans le cadre de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et du Protocole y afférent de 1967. Le Comité américain pour les réfugiés et les immigrants avait aussi épinglé Alger pour ses entraves au programme d'échange de visites familiales, piloté par le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), entre les camps de Tindouf et les provinces du sud du Royaume. "Pis encore", déplore ce rapport, le gouvernement algérien refuse de reconnaître sa responsabilité quant à la situation qui prévaut dans les camps, ajoutant que pour se déplacer, les séquestrés de Tindouf sont contraints d'avoir une autorisation signée tant par les autorités algériennes que par "le Polisario". L'USCRI dénonce, en outre, le détournement de l'aide humanitaire internationale dans ces camps, notant que le Programme alimentaire mondial (PAM) fournit à lui seul des rations pour plus de 125.000 personnes, alors que la population des camps ne dépasse pas les 90.000 "au meilleur des cas". Le rapport stigmatise dans ce cadre le refus des autorités algériennes d'autoriser un recensement des populations de Tindouf. +Le Constat de l'USCRI partagé par d'autres organismes US indépendants+
D'autres organismes américains indépendants sont arrivés aux mêmes conclusions que celles de l'USCRI. En effet, le think tank US, Inter-University Center for Legal Studies (IUCLS) a soutenu, dans un récent rapport, que les populations séquestrées dans les camps de Tindouf ne doivent plus souffrir des manquements de l'Algérie au droit international. Les auteurs de ce rapport ont, dans ce cadre, appelé le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) à établir une présence "significative" dans les camps afin d'y assurer la protection des droits des populations, y compris la liberté de mouvement. Ils ont déploré que cet organisme onusien, à qui échoit justement la protection des réfugiés, "se cantonne dans un rôle secondaire qui se limite à l'approvisionnement des camps en nourriture et en matériel".
+Pour que les populations de Tindouf ne soient pas dérobées de ses droits+ "Etant donné les abus commis durant plus de trois décennies, il est impératif que la situation dans les camps de Tindouf change afin qu'une autre génération de populations ne soit pas dérobée de ses droits, de ses opportunités et de son avenir", insiste le rapport, notant que le HCR "a le pouvoir de solliciter d'autres instances onusiennes, tel que le Conseil de sécurité, afin de faire avancer et de protéger les droits des réfugiés". En attendant, poursuit le rapport, les populations séquestrées sur le sol algérien "vivent dans des conditions physiques et morales déplorables", mettant l'accent sur la responsabilité d'Alger quant à l'obligation de protéger les droits des pensionnaires des camps de Tindouf. Il est temps pour le Haut commissariat aux réfugiés, ajoutent les auteurs du rapport, d'avoir un contrôle "plus efficace" de la situation dans les camps afin d'y "assurer, dans la transparence et la responsabilité, la distribution de l'aide" destinée aux populations, d'appeler à la mise en oeuvre immédiate d'un recensement et de prévenir la militarisation des camps. Le rapport appelle aussi le HCR à mettre en place, loin de toute intimidation, un programme de rapatriement volontaire des populations des camps pour qu'elles puissent regagner le Maroc, ou quitter les camps pour être réinstaller dans des pays tiers.