La cybercriminalité, qui s'est accentuée avec l'accroissement du nombre d'utilisateurs, est désormais devenue "organisée et lucrative", a affirmé mardi à Rabat la directrice du Bureau de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), Mme Karima Bounemra Ben Soltane. S'exprimant lors d'un atelier sur l'harmonisation du cadre légal pour la cyber sécurité en Afrique du Nord, Mme Ben Soltane a précisé que ces dernières années ont connu une augmentation des menaces sur les sites des réseaux sociaux, la sécurité bancaire, les attaques ciblant les utilisateurs, les entreprises et les applications. En 2009, le nombre des utilisateurs de l'Internet était passé à environ 1,9 milliard de personnes, soit 26 pc de la population mondiale, a-t-elle rappelé, citant les derniers chiffres de l'Union internationale des télécommunications (UIT). "La cybercriminalité coûte cher", a indiqué Mme Ben Soltane, relevant que l'Afrique est particulièrement touchée par ce phénomène puisque plus de la moitié des 650.000 systèmes infectés dans le monde se trouvent dans les pays en développement. La directrice du bureau de la CEA a souligné que l'évolution des technologies de l'information, jumelée avec la rapide expansion de la toile au cours des dix dernières années ainsi qu'à la croissance et la rapidité de l'échange des renseignements, ont rendu particulièrement difficile la réalisation des enquêtes sur la cybercriminalité. Pour M. Taïeb Debbagh, secrétaire général du département de la Poste, télécommunication et nouvelles technologies relevant du ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, cette rencontre se penche sur la législation des problèmes liés à la cyber sécurité dans différentes régions notamment en Afrique du Nord en vue d'harmoniser les lois de lutte contre la cyber criminalité en initiant un échange entre les parties prenantes dans la région. M. Debbagh a, par ailleurs, présenté les grandes lignes de la stratégie Maroc numeric 2013 et les mesures d'accompagnement qui s'articulent autour de trois initiatives à savoir la promotion et la sensibilisation des acteurs de la société à la sécurité des systèmes d'information, la mise en place des structures organisationnelles appropriées et le renforcement du cadre législatif. De son côté, le chef de division de la Criminalité économique au Conseil de l'Europe, M. Alexander Seger, a affirmé que la volonté politique en Afrique pour résoudre le problème de la cybercriminalité existe, relevant qu'il est impératif de partager les expériences notamment du Conseil de l'Europe au niveau de ce continent. Il est revenu sur les principales clauses de la convention de cybercriminalité de Budapest (2001), seul instrument international contraignant concernant la question de cybercriminalité. Ratifiée par 48 Etats, la convention de Budapest sert de lignes directrices pour tout pays élaborant une législation exhaustive en matière de cybercriminalité. Elle sert aussi de cadre pour la coopération internationale contre la cybercriminalité. Pour sa part, M. Jean-Christophe Le Toquin, directeur de l'Unité contre les crimes numériques à Microsoft, a présenté les avantages de la toile qui est devenue un océan de nouveautés technologiques avec tous les services qu'elle offre, permettant à près de deux milliards de personnes de se connecter au web. Naviguer sur Internet ne reste pas sans risque avec une multitude de dangers, a-t-il toutefois mis en garde d'où la nécessité de la "Cybersécurité" qui pourrait garantir la sécurité de toutes les personnes connectées au Web. Organisé par le bureau du CEA en collaboration avec le Conseil de l'Europe et Microsoft, cet atelier de deux jours vise à renforcer les dynamiques nationales d'élaboration de cyber législation, à permettre la confiance et la sécurité dans l'économie du savoir notamment en protégeant les données à caractère personnel et en sécurisant les transactions électroniques mais également à supporter les efforts d'harmonisation dans d'autres régions de l'Afrique à travers l'échange d'expériences avec les autres régions du monde. Ont notamment pris part à cette rencontre des représentants de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale, de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale et de l'organisation arabe des Technologies de l'information et de la communication.