Le projet du terminal gazier a-t-il été enterré pour de bon? A quoi alors a servi l'étude de faisabilité menée par les trois partenaires associés au projet? Et quid du code gazier qui tarde à voir le jour alors qu'il est de nature à donner une meilleure visibilité aux investisseurs aussi bien nationaux qu'étrangers, surtout que l'actuelle stratégie énergétique se trouve essentiellement axée sur la mobilisation des capitaux privés? «Le marché du gaz naturel revêt un caractère très particulier, du fait qu'il est régi par des contrats à long terme», lance d'emblée Amina Benkhadra. Contrairement au marché du pétrole où les négociations sont menées à très court terme, voire au jour le jour en raison de l'affichage des prix, l'approvisionnement en gaz naturel requiert des conventions sur 25 à 30 années. Car le produit n'est disponible qu'une fois couvert par un contrat. Autrement, le fournisseur n'investit dans la production qu'après avoir sécurisé ses ventes. «Elaborer une étude de faisabilité est une bonne chose», convient la ministre en charge de l'Energie. Cela permet de cadrer les coûts et les besoins en investissements. «Mais à ma connaissance, constate Benkhadra, il n'y a pas eu de négociations pour sécuriser l'approvisionnement». Faut-il alors se permettre le luxe d'investir la bagatelle de 800 millions d'euros dans un terminal gazier dont l'approvisionnement n'est pas encore garanti?, s'interroge la ministre. «D'autant plus que tout le disponible actuel en gaz liquéfié est engagé dans des contrats à long terme», tranche Benkhadra. Mais qui des pouvoirs publics ou des opérateurs privés doit sécuriser cet approvisionnement? Sûr que c'est l'Etat en premier lieu, mais le privé est aussi habilité à mener ce genre de négociations. Encore faut-il définir un cadre règlementaire. Et c'est l'objet du code gazier qui tarde à voir le jour. Selon Benkhadra, le projet de texte présenté l'année passée se limitait au volet gaz liquéfié et son département planche actuellement sur la préparation d'un autre englobant en plus l'aspect gazoduc. En attendant, le scénario de base place le gaz naturel en deuxième position après le charbon. Ceci s'insère bien évidemment dans le cadre de la production de l'énergie électrique. D'ailleurs de ce côté-là, l'accès à la source est sécurisé à travers le gazoduc Maghreb-Europe. Les 7% représentant les royalties sur le volume transité procurent au Maroc l'équivalent de 800 millions de m3 dont il ne prélève que la moitié pour les besoins de la centrale Tahaddart. Le reste est servi en dollars. Pour le gaz naturel liquéfié, le scénario pose quelques préalables se résumant pour l'essentiel à l'accès sécurisé selon un coût compétitif assurant au moins la neutralité entre le gaz et le charbon.