« Je suis piéton », c'est sous ce thème que notre pays a célébré, il y a quelques jours, la Journée nationale de prévention des accidents de la route. S'inscrivant dans la lignée d'une politique soutenue menée depuis des décennies par les pouvoirs publics, sous différentes thématiques, cette célébration est l'occasion de s'arrêter sur les problématiques aiguës que les différentes stratégies ont connues et de réfléchir aux moyens beaucoup plus appropriés à mettre en place dans la perspective de combattre le fléau des accidents. Certes, cette journée rappelle, avec force, l'engagement des pouvoirs publics contenu dans la nouvelle stratégie nationale de sécurité routière au titre de 2016-2025. Une stratégie qui vise à marquer une rupture avec l'hécatombe sur nos routes et qui ambitionne de réduire le nombre de décès sur les routes de 25% d'ici à 2020 et de 50% à l'horizon 2025. Dans ce cadre, il est essentiel de souligner que le premier plan quinquennal de la sécurité routière 2017-2021 a été présenté récemment à Marrakech. Un plan qui repose sur 5 axes ciblant les piétons, les motocyclistes, les accidents où un seul véhicule est impliqué, le transport professionnel ainsi que les accidents dont sont victimes les enfants de moins de 14 ans. Sous-tendue par une approche participative impliquant l'ensemble des acteurs et intervenants, cette stratégie ambitionne, à travers la dynamique qu'elle a enclenchée de par les différentes campagnes de sensibilisation et de communication que vivent aujourd'hui nos villes et nos villages, de rassurer les usagers de la route, corriger le parcours et réaffirmer la détermination à poursuivre la mise en œuvre de cette stratégie. Une absolue nécessité dans la mesure où les accidents de la route tuent en moyenne dix personnes quotidiennement au Maroc dont 15% sont des enfants de moins de 14 ans, 4000 personnes par an, des milliers d'handicapés, et coûtent à l'économie du pays 1,2 milliard de dollars par an, soit l'équivalent de quelque 2,5% du Produit Intérieur Brut (PIB). Lourd bilan à coût fort prononcé en termes de pertes humaines, économiques et sociaux qui interpelle tout un chacun, et ce, sur deux volets. D'abord l'élément humain, étant entendu qu'il est unanimement admis aujourd'hui que la première cause de l'accident, c'est bien le manque de civisme, l'indiscipline, le non-respect du code de la route et l'excès de vitesse. Et n'était-ce la mobilisation des services de sécurité (Gendarmerie Royale, Sûreté Nationale, Protection civile, Services sanitaires...) les dégâts auraient pu être beaucoup plus importants à cause de ces comportements irresponsables. L'autre volet concerne, bien évidemment, les infrastructures routières et le dispositif de signalisation. A ce sujet, certes, les efforts consentis en termes d'investissement en la matière sont notables dans la mesure où ils s'inscrivent en phase avec la stratégie des projets structurants conformément à la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Mais d'aucuns s'accordent à dire que les infrastructures routières, l'état mécanique du parc automobile et l'état de nos routes ont pour beaucoup dans la survenance des accidents mortels. Par conséquent, tout le monde s'accorde à interpeller les pouvoirs publics, plus particulièrement le ministère de l'Equipement, à prendre en compte les infrastructures routières, en faire un réseau qui évolue de façon dynamique avec le développement de la circulation et en y créant des conditions adéquates de la sécurité des usagers. Un grand effort reste donc à faire afin de promouvoir le réseau national routier et concrétiser l'objectif d'offre d'un service de qualité à l'usage de la route, en assurant un rendement raisonnable et optimal des investissements. Le choix opéré par notre pays visant le renforcement des mesures dissuasives est, sans conteste, un choix stratégique de taille. Ce choix et bien d'autres portant sur la mise à niveau des centres de visites techniques des véhicules, sur la maintenance du réseau, sur l'efficience de la dépense publique, sur la transparence, le suivi et la bonne gouvernance des marchés afférents aux infrastructures routières, pour ne citer que ces axes, constituent bien des impératifs majeurs. Ce n'est qu'à ce prix, d'ailleurs, que l'on pourra opérer un équilibre responsable impliquant qualité de service et exigences à l'égard des usagers qui se voient obligés d'observer de façon scrupuleuse les règles de bonne conduite et de discipline chaque fois qu'il font usage du bien public. Mohammed BEROUAL