La caste s'est éteinte: Issa Hayatou, battu jeudi pour la présidence de la Confédération africaine de football, était le dernier membre de cette poignée de caciques du sport mondial au long règne sans partage. Foot: ‘Sepp' Blatter Entré en 1975 comme directeur des programmes de développement de la Fédération internationale de football (Fifa), «Sepp» Blatter, 81 ans, en est devenu numéro 1 en 1998. «Mon plus grand succès ? Avoir rendu le football universel», s'est longtemps félicité le Suisse, grand artisan de la première Coupe du monde organisée sur le continent africain en 2010 (Afrique du Sud). Mais son règne s'est achevé brutalement, sous une vague de scandales. Il s'est retiré le 2 juin 2015 alors qu'il venait d'être réélu quatre jours avant pour un 5e mandat. Sa position n'était plus tenable. Une descente du FBI et une rafle de hauts dirigeants du footmondial dans un hôtel de luxe de Zurich quelques jours juste avant sa réélection avaient plongé la Fifa dans la plus grande crise de son histoire, sur fond de corruption à grande échelle. Blatter a lui-même été suspendu 6 ans par la justice interne de la Fifa pour le fameux paiement controversé de 1,8 M EUR à Michel Platini. Sa suspension a été confirmée par le Tribunal arbitral du sport (TAS). Foot: Issa Hayatou Presque 30 ans... Le Camerounais a occupé la présidence de la Confédération africaine (CAF) entre 1998 et 2017. Personnage controversé, soupçonné notamment d'avoir accepté de l'argent en échange d'un soutien au Qatar pour l'obtention du Mondial-2022, Hayatou a toujours rejeté ces accusations. il n'a jamais été sanctionné par la Fifa, dont il a assumé la présidence par intérim après la suspension de Blatter. En revanche, son bilan marketing à la tête de la CAF est salué. A 70 ans, il briguait un 8e mandat. La candidature de trop: il cède son fauteuil au Malgache Ahmad Ahmad, élu par 34 des 54 fédérations africaines. Foot: Joao Havelange Décédé en août 2016 à l'âge de 100 ans et père spirituel de Blatter, Havelange a présidé la Fifa de 1974 à 1998, propulsant l'institution dans une nouvelle dimension. La direction du foot mondial est ainsi devenue une machine à cash et la Coupe du monde s'est ouverte à de nouveaux territoires (Etats-Unis et duo Japon-Corée du Sud), passant de 16 à 32 équipes. Accusé de gouverner par clientélisme, l'ancien membre de l'équipe olympique brésilienne de natation et de water-polo a été rattrapé par les affaires et a dû abandonner son siège au CIO en 2011, avant de démissionner de ses fonctions de président d'honneur de la Fifa en 2013, sur fond de scandales de corruption. Athlétisme: Lamine Diack Président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) pendant près de 15 ans, le Sénégalais a d'abord joué avec succès sur plusieurs terrains durant sa longue carrière. Champion national de saut en longueur puis DTN de l'équipe de football du Sénégal, il a ensuite construit sa base politique (maire de Dakar, député), tout en restant impliqué dans le sport. Premier vice-président de l'IAAF, le Sénégalais s'est retrouvé à 66 ans à la tête du premier sport olympique à la mort de l'Italien Primo Nebiolo, en 1999. Le vieux lion, âgé de 83 ans, a aussi été rattrapé par les affaires et a été mis en examen pour corruption passive et blanchiment aggravé, soupçonné d'avoir couvert des cas de dopage d'athlètes, notamment russes. Il ne s'était pas représenté à sa succession à la présidence de l'IAAF en août 2015 et c'est le Britannique Sebastian Coe qui a été élu. Cyclisme: Hein Verbruggen Né en 1941, le Néerlandais a longtemps fait la pluie et le beau temps dans le cyclisme, présidant dès 1984 la Fédération internationale du cyclisme professionnel puis l'Union cycliste internationale (UCI). Jusqu'à son départ en 2005, année de la première retraite de Lance Armstrong. Sa proximité, notamment d'affaires, avec l'ex-vainqueur du Tour lui a été reprochée au point qu'une commission a enquêté sur d'éventuelles compromissions. Devenu l'un des hommes influents du sport mondial par le biais notamment du Comité international olympique (CIO), il a présidé la commission de coordination des JO-2008 de Pékin. F1: Bernie Ecclestone Il incarne le virage «tout buisness» emprunté par la Formule 1, dont il géra pendant plus de trente ans presque tous les aspects. «Mr E» avait pris du recul durant l'été 2015 à cause d'un procès pour corruption à Munich, conclu par le versement de 100 M EUR. Avant de revenir, puis de céder son poste en janvier dernier, poussé dehors à 86 ans par les nouveaux propriétaires du grand barnum de la F1, les Américains de Liberty Media, qui lui ont toutefois réservé un poste de «président d'honneur». Olympisme: Juan Antonio Samaranch Décédé en 2010 à 89 ans, l'Espagnol est resté à la tête du CIO de 1980 à 2001. Il a été, selon son successeur, le Belge Jacques Rogge, «le dirigeant le plus influent du CIO» depuis Pierre de Coubertin, le fondateur. Héritant d'une institution désuète, l'ancien secrétaire aux Sports de Franco, qui a fait entrer l'olympisme dans l'ère du professionnalisme, a fait des Jeux ce qu'ils sont aujourd'hui, grâce aux énormes contrats de sponsoring signés avec les multinationales et à l'augmentation exponentielle des droits télé. Marqué par des scandales de corruption, notamment lors de l'attribution des Jeux d'hiver à Salt Lake City (2002), son mandat l'a également été par des affaires de dopage, dont celle du sprinteur canadien Ben Johnson aux JO de Séoul en 1988.