Après plusieurs expositions au Maroc et à l'étranger, l'artiste plasticienne Dounia Lahlou Berrada poursuit son aventure créative avec ténacité et audace. Son langage visuel repose sur les principes de liberté, de partage, de métissage et de spontanéité. Ce nouveau vocabulaire des figures et des couleurs est destiné à favoriser l'interpénétration des références et des indices. Ses œuvres connotatives où se mêlent tous les genres artistiques notamment l'expressionnisme abstrait et la nouvelle figuration, s'assignent pour mission de promouvoir le dialogue silencieux des structures iconographiques à travers les essences intrinsèques de la picturalité : il s'agit d'un acte plastique qui vacille entre la figuration suggestive et l'abstraction expressive. Il ambitionne, grâce à une maîtrise des codes chromatiques et morphologiques, de mettre en évidence la richesse des jets et des surfaces dans un esprit de conceptualisation et d'expérimentation. Polymorphe et polysémique, la démarche stylistique de Dounia Lahlou Berrada ( vit et travaille à Casablanca) ne se laisse ni enfermer dans une définition conventionnelle, ni attribuer une fonction univoque. Elle représente à la fois quelques apparences visibles du monde extérieur et quelques impressions et improvisations abstraites. Ce qui caractérise donc, au départ, son langage pictural, c'est l'absence de la caractéristique fondamentale de la peinture figurative canonique, l'absence de rapport de transposition, à un degré quelconque, entre les apparences visibles du monde extérieur et l'expression picturale. Intuitive et inachevée, sa nouvelle figuration échappe à toute assignation stylistique et ne relève d'aucun champ sémantique déterminé : elle est abondante en termes d'intentions, d'introspections et de valeurs existentielles. Dans un souci de picturalité pure et en vue de vivre pleinement son expérience créative, Dounia Lahlou Berrada conçoit, dans une ambiance bon enfant, un concert poético-musical intitulé « Histoire picturale de notre nature intérieure » destiné à accompagner « fragments anthropomorphes en gros plan » dans ses pérégrinations voire ses voyages fluides d'un registre spatial à un autre, ce qui constitue un moment fort de la création au sens plein du terme. Chaque toile se veut un microcosme symbolique d'une grande originalité dans la mesure où des figures rhétoriques (ellipses, substitutions, métonymie, mise en abyme, synecdoques...) ponctuent les zones fortes et les compositions focales. Une fusion riche de formes et de signes sur un support chargé d'histoire et d'émotion qui nous inspire et nous intrigue. La toile gérée par Dounia Lahlou Berrada , est, de ce point de vue, un labyrinthe incomparable. Peindre est un pur plaisir selon la conception visuelle de cette artiste hypersensible et généreuse qui se nourrit de traces d'images et d'émotions : traces nostalgiques demeurant à jamais imprimées dans la mémoire. Les formes référentielles (silhouettes, clins d'œil, touches et traces ...) sont caractérisées par une grande affinité avec les couleurs d'ordre sémantique qui engendrent des connotations positives. Dans le même esprit et le même enthousiasme, Dounia Lahlou Berrada assure avec doigté et adresse l'émergence d'autres univers plastiques, tout en menant à bien l'interaction et le croisement de nos repères identitaires dans leurs dimensions spatiotemporelles. Elle œuvre aussi pour un dialogue libre entre les styles et les tendances de l'art contemporain sans discrimination ni parti pris, et ce après avoir expérimenté tous les codes conventionnels de la représentation au sens académique du terme. Son esprit déontologique reste la citation éclairée du philosophe illuminé Alain : « Le bonheur vient à ceux qui ne l'ont pas cherché. C'est dans l'action libre qu'on est heureux. ».