L'artiste peintre Abdeslam Kabbaj (vit et travaille à Casablanca) expose ses œuvres récentes à la Galerie Sidi Belyout de Casablanca jusqu'au 28 juillet, et ce aux cotés de Zizi Rachid, Skali Nadia et Bahmane Hassan. Lauréat de l'Ecole Supérieure des Beaux Arts de Casablanca, cet artiste chercheur nous propose une définition minimaliste du paysage abstrait; il serait « l'âme d'un espace visible ». Cette manière d'appréhender le visible participe d'une perception frontale du réel et d'une construction en mouvements, par couches fuyantes et montantes : entre proche et lointain se donne à voir une imagerie visuelle. Trace substantielle, sa peinture se veut la manifestation de forces élémentaires. Sa première peinture abstraite contemporaine est basée sur des choses de réel, de visible et de palpable. Les images représentées sortent de l'imagination du peintre, elles peuvent être celles de rêves récurrents qu'il faut extérioriser. Le peintre laisse libre court à son imagination en direct en suivant la musique visuelles des couleurs et des formes. Il s'agit d'une création abstraite reçue différemment l›état d›esprit du moment. Kabbaj améliore davantage des sous-rubriques à l'abstrait, comme le paysagisme abstrait : un art qui consiste à démontrer que seul le côté concret des choses peut mettre en valeur le côté abstrait. Ses premières œuvres expliquent le concept. Il est un peintre possédé par la couleur des notes musicales. Les sons doivent pouvoir être joués au pinceau. Il passe sa vie à chercher les couleurs reproduisant les sons de son âme. Il trouve le besoin de s'exprimer par la peinture, les couleurs de la vie s'entremêlent, dansent dans des traces et des indices. Kabbaj a l'esprit envahi par la contemplation, il utilise dans ses travaux récentes les traces de la mémoire dans ses différentes techniques d'extériorisation, la peinture paysagiste et la calligraphie lyrique. Il a su développer la création plastique dans son acte pictural épuré et coloré, en cherchant la spontanéité des formes et des gestes et en menant l'expression libre à son paroxysme. Les figures paysagistes et la calligraphie - géométriques dégagent une profonde sensibilité et recèlent une grande soif de gestualité et de picturalité intense. C'est tout un code symbolique à scruter et à décortiquer. La démarche plastique de cet artiste peintre répond pertinemment à la lignée de la création néoplastique qui regroupe des productions réalisées par des professionnels de l'art œuvrant en dehors des normes esthétiques convenues. Il s'agissait d'une expression coloriste de nature fortement expressionniste. C'est un art de libre expression. La force du graphisme de Kabbaj, la fougue du trait et son travail sur la couleur relèvent aussi d'un désir « d'art spontané ». Les nuances restent la matrice des peintures voire le fil conducteur de leurs paradigmes en termes de formes et de couleurs. Fortes et mobiles, elles incarnent les états d'âme de l'artiste animé par la volonté d'aller plus loin de son aventure picturale. La couleur au pluriel exprime si bien l'éloge à l'inquiétude et le souci de l'incertitude au sens existentialiste du terme. Ciseleur de l'image, Kabbaj (vit et travaille à Casablanca) bascule le code conventionnel de la configuration pour nous révéler les dérives de l'instant présent via un plaisir inconscient à revivre l'innocence créative de l'enfance. A ce propos, l'artiste nous a confié : « Je cherche à générer une expérience visuelle nouvelle en déstructurant les formes, espérant ainsi surprendre le approche abstraite personnalisée. Les couleurs sont comme des notes de musiques qu'on essaierait de mettre ensemble pour composer une mélodie « visuelle ». Il faut parfois en utiliser plusieurs regards du récepteur. Un magnifique espace de liberté. Mes œuvres possèdent en commun une très forte charge émotionnelle véhiculée le plus souvent par des couleurs très intenses et une pour créer le rythme et l'effet d'équilibre rechercher». Dans cette logique de réflexion Kabbaj a écrit également : « je vois des formes et des motifs partout dans la nature. Tout est prétexte à peindre. Chaque chose se transforme par nécessité en regards et en impressions. » Richesse de la couleur, diversité de la forme et rigueur dans le travail de la texture de la toile, tels sont les principes qui sous – tendent l'action créatrice du peintre. Kabbaj est dans ce sens un témoin qui ne conte pas mais interroge le legs iconographique humain via un langage qui vacille entre la calligraphie et l'abstraction paysagiste.