Sept candidats dont une seule femme s'affronteront le 22 janvier au premier tour de la primaire de la gauche pour l'élection présidentielle de 2017, autant que lors de celle qui a conduit fin novembre à la désignation à droite de François Fillon. La «haute autorité des primaires citoyennes», chargée de veiller à la régularité des candidatures, a rendu son verdict samedi en marge d'une convention socialiste qui a investi 398 candidats PS et divers gauche pour les prochaines législatives. Son président, Thomas Clay, a annoncé sans surprise que les candidatures de l'ex-Premier ministre Manuel Valls et de ses anciens ministres Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Vincent Peillon, tous socialistes, avaient été validées. Il a qualifié au passage d'»extravagantes» les informations qui ont fait état ces derniers jours d'importants arriérés de cotisation d'Arnaud Montebourg : «Il est, comme tous les autres d'ailleurs, parfaitement à jour de cotisation, à telle enseigne qu'il n'a rien eu à régulariser cette semaine.» Les trois autres candidats sont les écologistes François de Rugy et Jean-Luc Benhamias, et la présidente du Parti radical de gauche, Sylvia Pinel, qui a décidé de participer à cette primaire après la décision de François Hollande de ne pas briguer un deuxième mandat à la tête de l'Etat. En revanche, l'ancien inspecteur du Travail Gérard Filoche, membre du bureau national du PS, et Fabien Verdier, conseiller municipal socialiste de 35 ans pratiquement inconnu, ont été écartés faute de parrainages suffisants, a déclaré Thomas Clay. «Nous appelons très solennellement ceux qui ne figurent pas sur cette liste à respecter la décision de la haute autorité», a-t-il déclaré, notamment à leur adresse. Gérard Filoche et Fabien Verdier, qui jurent avoir réuni les parrainages requis, ont annoncé qu'ils déposeraient des recours. «Je suis légitime, je mène campagne depuis six mois, je suis depuis 22 ans à la direction du PS (...) Je veux parler dans cette primaire», a déclaré le premier à BFM TV. «On est en 2016 en France, dans un parti démocratique, et on ne nous permet pas d'aller défendre notre cause, c'est très dommage», a déploré le second. Thomas Clay a admis avoir reçu une série de «menaces de recours», soulignant que c'était «la règle du jeu démocratique». Mais il a assuré que cela n'inquiétait pas les «15 éminents juristes membres de la haute autorité». «Nous espérons quand même que (...) chacun reviendra à la raison», a cependant ajouté le président de la haute autorité, selon qui 24 candidatures avaient en fait été déposées, dont certaines, «farfelues», n'ont pas été rendues publiques. Deux candidats écartés dès le dépôt des candidatures pour cause de ralliement trop tardif à la «belle alliance populaire» proposée par le parti socialiste, Sébastien Nadot (Mouvement des progressistes) et Bastien Faudot (Mouvement républicain et citoyen), ont pour leur part dénoncé le «mépris» des dirigeants du PS et mis en doute leur capacité à rassembler. Le succès de la primaire de la droite, qui a attiré nettement plus de quatre millions d'électeurs à chaque tour, est en soi un défi pour le Parti socialiste. «Le niveau de participation à la primaire du PS sera fondamental», estime Jean Chiche, du centre de recherche de Sciences Po Paris (Cevipof). «Si on est à peine à un million, on pourra dire que le PS n'a plus de base populaire.» Selon le député PS Christophe Borgel, organisateur de la primaire, près de 8.000 bureaux de vote seront mis en place. Mais il a estimé sur BFM TV que beaucoup dépendrait de la qualité du débat entre les candidats. «Ce qu'il faut, c'est d'abord qu'ils le fassent dans un esprit de proposition tourné vers l'avenir du pays (...) sans se dénigrer les uns les autres», a-t-il déclaré. Il est prévu trois débats entre les candidats avant le premier tour, les 12, 15 et 19 janvier. Un quatrième opposera les deux finalistes le 25 janvier avant le second tour, le 29. «Pour convaincre il faut qu'il y ait beaucoup de monde à l'occasion de la primaire», a renchéri Manuel Valls lors d'un déplacement de campagne à Paris. «J'invite tous les électeurs progressistes à participer à la primaire.» Aujourd'hui favori des sondages pour la primaire mais à la traîne dans les intentions de vote pour la présidentielle, il se pose en point de convergence de la gauche de gouvernement. «Je suis au coeur de la gauche, entre Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et, de l'autre côté Emmanuel Macron» (l'ex-ministre de l'Economie candidat hors primaire), a-t-il dit.