La moitié des 28 pays membres de l'UE, dont l'Allemagne et le Royaume-Uni, n'ont toujours pas ratifié une convention internationale visant à mieux lutter contre les violences faites aux femmes, a déploré jeudi le Parlement européen, qui a demandé aux retardataires de le faire "rapidement". Le texte en question, une convention du Conseil de l'Europe signée en 2011 à Istanbul, est "le premier instrument juridiquement contraignant sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes au niveau international", soulignent les élus européens. Les 14 Etats qui ne l'ont pas ratifiée sont l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Irlande, le Luxembourg, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Bulgarie, la Croatie, la Grèce, Chypre, et les trois Etats baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie). "La violence à l'égard des femmes est trop souvent considérée comme une question privée et trop facilement tolérée", ont estimé les parlementaires européens dans leur résolution. "Il s'agit en réalité d'une violation des droits fondamentaux et d'une infraction grave qui doit être punie en tant que telle", ont-ils souligné. Indépendamment du processus de ratification dans chacun de ses Etats membres, l'Union peut adhérer en tant que telle à la Convention d'Istanbul, a par ailleurs relevé le Parlement, qui "soutient largement et sans réserve" cette perspective. Cette adhésion aurait un sens puisque l'UE est "compétente dans des domaines comme les droits des victimes (...), l'asile et la migration, ainsi que la coopération judiciaire en matière pénale", ont-ils fait valoir. A savoir qu'une femme sur trois dans l'UE a fait l'objet de l'une ou l'autre forme de violence sexiste a indiqué, jeudi, l'UE, attirant l'attention sur ‘'les conséquences graves que ce phénomène engendre pour les familles, les sociétés et l'économie''. Dans une Déclaration conjointe de Federica Mogherini, haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et de plusieurs commissaires européens, l'UE déplore que des femmes et des filles, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Union, continuent d'être la cible de violences généralisées. ‘'Aujourd'hui encore, partout dans le monde, des femmes et des filles sont battues à la maison, soumises à une exploitation sexuelle et commerciale, agressées dans nos rues ou au travail, harcelées en ligne ou lors de la pratique d'un sport, violées, mutilées ou forcées à se marier'', note la Déclaration publiée à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes (25 novembre). Le texte relève également que près de 25 % des femmes dans l'Union européenne ont été la cible de violences physiques et/ou sexuelles de la part d'un partenaire depuis l'âge de 15 ans. L'UE observe que les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables dans des situations de conflit et d'urgence, caractérisées par une montée des actes de violence, d'extorsion, de traite, d'exploitation et de nombreuses formes de violence à caractère sexiste. Les dirigeants européens ont indiqué que les projets humanitaires consacrés par l'UE aux violences à caractère sexiste toucheront près de 3,4 millions de femmes, de filles, de garçons et d'hommes dans le monde entier. Dans le cadre du plan d'action sur l'égalité des sexes 2016-2020 de l'UE, l'Union continue, dans ses relations extérieures, à ‘'investir dans les femmes et les filles dont les droits sont bafoués partout dans le monde parce qu'elles n'ont pas accès à l'éducation, au marché du travail et à la vie politique et parce que les réglementations et les lois en matière d'héritage, de citoyenneté ou de propriété foncière ne les traitent pas sur un pied d'égalité''.