Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont approuvé, lundi 9 février, une nouvelle liste de personnalités russes et ukrainiennes visées par des sanctions, a affirmé le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. 19 personnes et neuf entités devraient être rajoutées sur la liste, ce qui signifie un gel de leurs avoir et une interdiction de voyager dans les pays de l'Union. Actuellement, 132 personnes et 28 entités sont concernées. Cependant, la mise en œuvre de ces nouvelles sanctions a été reportée afin de donner une chance aux efforts de paix en Ukraine, a annoncé le ministre français des Affaires étrangères. "Le principe des sanctions est maintenu" mais "leur application se fera à la lumière de la situation sur le terrain (... ) On fera le point d'ici lundi prochain", a déclaré Laurent Fabius à l'issue d'une réunion à Bruxelles. Les ministres européens des Affaires étrangères laissent la porte entr'ouverte. Ils ont bien décidé d'allonger la liste noire des Russes et des séparatistes ukrainiens visés par des sanctions ciblées. Mais cette décision sera seulement appliquée lundi prochain si la voie diplomatique ne donne rien. " Pour laisser de la marge à nos efforts diplomatiques et qu'ils aient le maximum de chances d'aboutir à un succès, nous avons décidé à l'unanimité de suspendre la mise en œuvre de ces mesures jusqu'au lundi 16 février, a expliqué la Haute représentante européenne Federica Mogherini. Nous pensons qu'il est de notre devoir de laisser une chance à cette tentative. Les États-Unis et l'Allemagne pourraient durcir les sanctions contre Moscou s'il poursuit sa politique à l'égard de l'Ukraine, avait déjà déclaré, lundi 9 février, à Washington, le président américain Barack Obama, à l'issue d'une rencontre avec la chancelière allemande, Angela Merkel. "L'isolement politique et économique de la Russie se renforcera si Moscou ne renonce pas à sa politique actuelle", a indiqué M. Obama lors d'une conférence de presse. "Pendant la crise, nous avons été en contact très étroit avec les États-Unis et l'Europe tant sur les sanctions que sur d'autres initiatives. Et nous allons poursuivre notre dialogue. C'est le signal le plus important que nous devons envoyer à la Russie", a pour sa part indiqué Mme Merkel. D'autre part, les sanctions prises par l'Union européenne contre la Russie ont un coût très important, avec à ce jour un manque à gagner de 21 milliards d'euros pour les exportations européennes, a affirmé le ministre espagnol des Affaires étrangères. Les sanctions ont un coût important pour tous (...) jusqu'à maintenant l'UE a perdu 21 milliards d'euros en exportations, a déclaré José Manuel García Margallo à son arrivée à une réunion à Bruxelles. Nous sommes dans une situation extrêmement grave et l'accord qui peut être trouvé sur un plan de paix, lors d'un sommet prévu mercredi à Minsk, est la dernière chance avant de passer à un scénario d'augmentation des sanctions, a-t-il estimé. L'Espagne fait partie des pays européens réticents à l'idée d'alourdir encore les sanctions économiques drastiques imposées à la Russie depuis juillet 2014 pour son implication aux côtés des rebelles séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, qu'elle est accusée de soutenir en armes et en soldats. Les pays baltes, la Pologne et la Grande-Bretagne ont exprimé ouvertement leur soutien à un alourdissement des sanctions si les violences, qui se sont intensifiées depuis le début de l'année, n'étaient pas enrayées rapidement. En 2013, les exportations de produits européens vers la Russie ont atteint 120 milliards d'euros, selon des chiffres publiés par la Commission européenne. Moscou était alors le quatrième partenaire commercial de l'UE.