Au nord du Mali, il n'y a pas de paix mais la guerre. Le mot semble effrayant ou pessimiste face une énième tentative de pourparlers, de signature d'accords, de conférences et de rencontres aux lendemains incertains. Chaque semaine qui passe amène son lot d'affrontements entre la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) et d'autres branches du Gatia, un groupe armé progouvernemental. Avant-hier mardi, de nouveaux combats ont éclaté entre les hommes de ces deux entités au nord-est de Kida,l signe de la reprise, des hostilités. Ces deux groupes s'étaient déjà affrontés à plusieurs reprises fin juillet. Sur la responsabilité de l'attaque, les deux groupes se renvoient la balle. Mais une chose est sûre, la reprise des combats dans la région intervient malgré les garanties données par la Minusma. Le 31 juillet, la mission de l'ONU au Mali annonçait avoir mis en place un dispositif d'interposition pour éviter les combats à Kidal et un dispositif d'observation pour contrôler les accès à la ville. Malgré cette assurance, le nord du Mali n'est jamais sécurisé et pour cause. Le travail de libéralisation du septentrional malien, sous la houlette de la communauté internationale, n'a pas été achevé. Le combat s'est arrêté à la lisière de Kidal, une zone qui est, aujourd'hui, le bastion des groupuscules armés avec la bannière de la CMA. Ce mouvement qui n'a jamais renoncé à sa revendication primaire et utopique qu'est la partition du Mali. Cette démarche se manifeste à chaque occasion, tantôt par des affrontements, tantôt par des communiqués mettant en cause les accords signés pour l'instauration de la paix au nord du Mali. Il est inadmissible qu'une zone d'un Etat souverain reste gouvernée par des ex-rebelles. Kidal reste toujours le fief de ces anciens combattants. Pourtant, l'accord de paix signé avec les autorités maliennes prévoit qu'à terme, Kidal revienne sous administration de l'Etat malien. Qu'il y ait un gouverneur, un maire, des fonctionnaires de l'Etat malien... Mais tout cela doit se faire de manière progressive et, pour le moment, c'est toujours la CMA qui administre la ville. S'agit-il d'un cycle sans fin ? Pour bien comprendre il faut rappeler que la Coordination des mouvements de l'Azawad, la CMA, est formée d'anciens groupes, rebelles, ceux qui demandaient l'indépendance du nord du Mali et qui, finalement, ont accepté de rester dans l'Etat malien en signant l'accord de paix en juin dernier. Dans la CMA, il y a plusieurs groupes dont certains à dominante touareg, comme le Mouvement national de libération de l'Azawad, le MNLA, ou le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad, le HCUA. En face, il y a le Gatia, un groupe armé à dominante touareg, lui aussi, qui est signataire de l'accord de paix, mais qui est « pro-Bamako » : il fait partie de la Plateforme pro-gouvernementale. Dès lors, nous sommes en face d'une situation née lors de l'intervention de la communauté internationale, laquelle n'a pas assuré le service après vente. C'est-à-dire la sécurisation totale et définitive du nord du Mali.