La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) vient d'annoncer sa décision de suspendre sa participation aux travaux du Comité de suivi de l'accord d'Alger. Cette organisation n'est pas à son premier retrait dans le processus de réconciliation après la guerre intervenue dans la région septentrionale du Mali car à chaque fois qu'un accord est signé, la CMA revient aussitôt sur ses engagements campant ainsi sur ses revendications primaires qu'est la partition du Mali. L'attitude de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) dans le processus de paix au Mali ne surprend personne sauf ceux qui font de la myope politique car le MNLA et ses groupuscules, aux diverses appellations et désormais réunies dans cette coordination, n'ont qu'un seul but : l'indépendance. Il le distille à coup de phrases choques en parlant d'autonomie, de fédéralisme. Ce dernier retrait conforte cette réalité car la CMA a été la dernière à parapher l'accord d'Alger. D'ailleurs, la question d'Anéfis, localité récupérée par les milices pro Bamako et évoquée la CMA, n'est qu'un subterfuge pour mettre en mal un processus de réconciliation qui n'a fait que trop durer. Pour montrer sa mauvaise foi, la coordination pose trois conditions quant à son retour à la table de négociation. Elle demande premièrement, le départ de la localité d'Anéfis des groupes armés pro-gouvernementaux. Ces derniers ont récemment pris des mains des rebelles cette localité stratégique située à une centaine de kilomètres au sud de Kidal. Deuxième condition pour revenir et participer aux travaux : la Coordination des mouvements de l'Azawad demande au gouvernement malien « d'arrêter de soutenir ces groupes armés ». Et enfin, la CMA demande l'inscription prioritaire de la question d'Anéfis à l'ordre du jour de la réunion du Comité de suivi. Au regard de ces revendications, on ne peut que se demander si Anefis fait partie du Mali ou non ? Et l'on voit bien que c'est une conquête de terre qu'il s'agit. Certains observateurs ont eu raison en déclarant que « la signature n'est pas l'acte principal, une signature ne mettra pas fin à ce conflit, il faut l'application sur le terrain, que cette signature ne soit pas comme les précédentes, qu'elle soit appliquée ». C'est en cela que le gouvernement malien doit rester intraitable : ne céder aucune portion du territoire ni par le armes ni par le dialogue. D'autant plus que l'accord vise à instaurer une paix durable dans le nord du Mali, qui a connu une série de rébellions touaregs depuis les premières années d'indépendance du pays, en 1960. En 2012, cette vaste région a été transformée en sanctuaire et en base d'opérations jihadistes, jusqu'au lancement par la France de l'opération Serval en janvier 2013. Mais cette intervention n'est pas allée jusqu'au bout puisqu'elle n'as pas permis de récupérer les régions de Kidal que le MNLA érige en base pour déstabiliser. D'ailleurs, il y a maintenant un cordon de sécurité dressé par la MINUSMA autour de Kidal. Une protection insensée dans un pays souverain. Question : au regard de ces éléments qui a donc intérêt à ce que Kidal ne soit pas dans le giron ou sous contrôle de Bamako ? Répondre à cette interrogation, c'est comprendre pourquoi la CMA continue de narguer le gouvernement malien.