Une réunion de la rébellion à dominante touareg du nord du Mali a débuté, mercredi 11 mars, à Kidal, dans l'extrême nord-est du pays, pour se prononcer sur l'accord de paix d'Alger déjà paraphé par le gouvernement. «Des diplomates de plusieurs pays européens à Bamako envisagent de se rendre à Kidal si la situation le permet pour encourager à la signature de l'accord», a affirmé une source diplomatique malienne. La pression, déjà forte sur les rebelles pour signer ce document, s'est intensifiée à la suite de l'attentat meurtrier du 7 mars à Bamako, revendiqué par le groupe jihadiste Al-Mourabitoune de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar. Il a été interprété par la communauté internationale et le gouvernement malien comme une tentative de saboter la paix. Entre 150 et 200 personnes venues de toute la région, notamment de Mauritanie, du Niger, de Libye et d'Algérie, en grande majorité des Touareg et leurs alliés, participaient à ces consultations, qui devraient durer plusieurs jours, a précisé un membre du comité d'organisation. La réunion a débuté par une lecture et un résumé de l'accord paraphé le 1er mars à Alger par les représentants du gouvernement malien et des groupes armés qui le soutiennent, selon la même source. La rébellion avait demandé un «délai raisonnable» pour consulter sa base après avoir exigé en vain des amendements à ce document, fruit de huit mois de négociations sous l'égide de l'Algérie. Lors d'une rencontre dans la nuit de dimanche à lundi à Niamey avec des représentants de la rébellion, le gouvernement nigérien et le chef de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), Mongi Hamdi, ont échoué à les convaincre de signer, a indiqué un participant, figure de l'ex-rébellion touareg au Niger. Défaut de contacts directs Les rebelles ont dénoncé le fait que «durant tous les mois de discussions, ils n'ont jamais rencontré le gouvernement du Mali pour un face-à-face, c'est l'ONU qui menait les négociations», a précisé cette source. Ils ont déploré que ce processus aboutisse à «leur soumettre un document vide qui ne tient pas compte des desiderata de leur peuple», estimant que «même s'ils le paraphaient +l'accord ne tiendra pas longtemps+», a-t-on ajouté. Le texte prévoit la création d'Assemblées régionales dotées de pouvoirs importants, élues au suffrage universel direct, mais, comme le souhaitait Bamako, ni autonomie ni fédéralisme. La rébellion comprend le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), la Coalition des peuples de l'Azawad (CPA) et une branche du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA). L'accord vise à créer les conditions d'une paix durable dans le nord du Mali, en proie à des affrontements sanglants depuis plus de deux ans, et qui a connu une série de rébellions des Touareg depuis les premières années d'indépendance du pays, en 1960. Le nord du Mali était tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils en ont été partiellement chassés par l'opération militaire Serval, lancée à l'initiative de la France en janvier 2013, à laquelle a succédé en août 2014 l'opération Barkhane, dont le rayon d'action s'étend à l'ensemble de la région sahélo-saharienne. Mais des zones entières échappent toujours au contrôle de Bamako.