Trois dangers majeurs constituent une grave menace pour les sols agricoles. Premièrement : l'érosion des couches superficielles due au ruissellement des eaux des pluies torrentielles ou encore aux effets de l'action éolienne qui se développe essentiellement sur des terrains en pente, sans couverture végétale. Il est constant que près de la moitié des sols de la planète sont concernés par ce risque encore accru par les effets du changement climatique. Deuxièmement : la contamination de l'environnement : sols, nappe phréatique, etc., par le recours intensif aux intrants chimiques (engrais, pesticides...) qui, au motif de soutenir le développement d'une agriculture productiviste, affaiblissent le potentiel agricole futur et compromettent in-fine la productivité et la santé publique (thème qui sera développé ultérieurement). Troisièmement : la salinisation qui affecte spécialement les terres agricoles irriguées. Chaque instant qui passe voit se perdre des hectares de terres arables cultivées, conséquence de la salinisation des sols. Cette perte est irréversible et constitue un phénomène d'autant plus inquiétant qu'il concerne un dixième des terres irriguées de la planète qui sont ainsi endommagées par le sel. La disparition définitive de terres agricoles risque à terme de mettre en péril la sécurité alimentaire. Quelle est l'origine de ce phénomène ? Existe-t-il une solution ? La salinisation : une menace qui pèse sur les terres agricoles et forestières Actuellement, environ 20 % de toutes les terres agricoles sont irriguées. Elles assurent 40 % de la production vivrière mondiale. Certaines régions ont un potentiel d'irrigation assez vaste, en particulier lorsqu'il s'agit de petites superficies, mais nombre de ces terres irriguées sont sévèrement menacées par la salinisation. La salinisation des sols consiste en l'accumulation de sels minéraux dans le sol. Ceci réduit les rendements et peut détériorer les terres de façon irrémédiable. Ainsi, la salinisation réduit de 2% par an les superficies irriguées du monde et frappe le plus durement les régions arides et semi-arides. Des observations effectuées par les experts de la FAO (2002), il ressort que «... Au moins 8 % des terres irriguées sont touchées (par la salinisation – NDR). Dans les régions arides et semi-arides, on arrive à quelque 25 % ». La salinisation résulte de la dilution des roches et des sols d'abord touchés par l'érosion. Les minéraux dissous se diffusent ensuite dans les cours d'eau puis rejoignent naturellement les nappes aquifères qui constituent, notamment, le réservoir de l'eau d'irrigation agricole. Ainsi, les sels minéraux s'infiltrent dans l'eau d'irrigation. En résumé, lorsque l'on utilise une quantité insuffisante d'eau dans un champ, les sels s'incrustent alors dans le sol. Mais le vrai danger pour le sol est un apport de l'eau en trop grandes quantités. Dans ces conditions, le sol, engorgé d'eau, fait monter le niveau de la nappe phréatique et le sol qui fonctionne alors comme une éponge, aspire l'eau par capillarité, dans la zone du sol où voisinent les racines des plantes et les micro-organismes, autrement appelée rhizosphère. Ce phénomène favorise l'évaporation de l'eau, tandis que le sel reste autour des racines, entravant leur capacité à absorber l'eau, cette démonstration est récurrente dans les régions arides. Évapotranspiration : La boucle est bouclée ! Schématiquement, un déficit d'irrigation (ou de pluviométrie), associé à la hausse des températures, entraîne la disparition du couvert végétal, ce qui a pour conséquence l'accroissement de l'érosion qui favorise l'augmentation de la salinité des nappes aquifères qui seront forées pour puiser une eau d'irrigation surchargée de sels minéraux. Pour répondre aux objectifs de la productivité ou, encore, lutter contre les inconvénients climatiques liés à l'aridité, l'agriculture investit largement dans des techniques d'irrigation de surface qui consistent, en fait, à apporter à la plantation une eau très chargée en sels. Compte tenu du phénomène de l'évapotranspiration modélisée par la formule complexe, dite « Penman-Monteith » qui prend en considération de nombreux paramètres, telles des données météorologiques ou agronomiques, il est constant que le coefficient d'évaporation, au Maroc par exemple, oscille entre 0, 40 et 0, 80 selon la latitude et la saison (Sedra, 2001). En pratique, cela signifie que quel que soit le mode d'irrigation : traditionnel, goutte-à-goutte, etc. Si un agriculteur applique annuellement 10.000 tonnes d'eau d'irrigation par hectare de récolte, ce seront entre 2 et 5 tonnes de sels qui seront ajoutés à cette terre, chaque année. Agir contre le phénomène de salinisation des sols : En premier lieu, il conviendrait que les agriculteurs utilisent la quantité d'eau dont les plantes ont réellement besoin, en y ajoutant la juste dose permettant de garantir que le sol soit lessivé. Sur le terrain, des solutions sont mises en œuvre : - La lixiviation : en donnant aux cultures à peine un peu plus d'eau que nécessaire (mais sans exagérer), on réduit la salinité dans la zone racinaire. Les sels sont transportés dans la couche aquifère qui les disperse, à condition que le drainage naturel soit suffisant. - Le drainage : des fossés ou des tuyaux souterrains peuvent emporter l'eau saline. - Les inondations : des terres qui regorgent de sel devenues incultivables peuvent parfois être remises en état grâce à la submersion et au drainage. Une meilleure utilisation de l'eau d'irrigation : l'irrigation par aspersion est plus efficace que l'irrigation de surface, mais elle peut aussi déposer des sels directement sur la plante, si l'eau d'irrigation est saline. - L'irrigation au goutte-à-goutte qui mesure la quantité d'eau distribuée à la surface autour de la plante, mais qui ne résout pas l'équation relative à la quantité de sels résultant de l'évaporation selon le raisonnement simplifié de la formule de Penman-Momteith : « Plus j'irrigue, plus j'apporte des sels minéraux... donc, je participe à moyen terme à la salinisation de mon sol » Une solution ? La salinisation des sols figure en bonne place parmi les risques qui menacent la pérennité de l'agriculture et, de facto, la sécurité alimentaire. Une solution nouvelle, économique et écologique vient avantageusement remplacer la panoplie des stratégies précitées en permettant, notamment : - d'apporter à la plantation, arboricole ou légumière, ses besoins réels en eau; - d'économiser 50 % de l'eau d'irrigation par la suppression de l'évaporation; - de réduire ipso facto et significativement le processus de salinisation.