La communauté marocaine résidant à l'étranger (MRE) représente une richesse inestimable pour notre pays, tant sur le plan économique que culturel. Avec plus de six millions de Marocains vivant à l'étranger, leur rôle dans le développement national est indéniable. Pourtant, leur participation politique reste limitée, notamment en raison de l'absence de mécanismes adaptés leur permettant d'intégrer pleinement les institutions représentatives, en particulier le Parlement. Il est temps de réformer notre approche et d'accorder à nos concitoyens du monde la place qu'ils méritent dans la gouvernance nationale. Un engagement royal clair en faveur des MRE Sa Majesté le Roi Mohammed VI a, à plusieurs reprises, souligné l'importance des Marocains du monde et la nécessité de renforcer leur intégration dans la vie politique et économique du pays. Dans son discours du 20 août 2015, à l'occasion de la Fête du Trône, le Souverain a insisté sur le fait que "les Marocains du monde doivent bénéficier d'un encadrement politique et institutionnel à la hauteur de leurs attentes". Il a également rappelé leur rôle fondamental dans le rayonnement international du Maroc et a exhorté les institutions nationales à leur accorder une attention particulière. De plus, dans son discours du 20 août 2022, Sa Majesté a réaffirmé que "les membres de notre communauté à l'étranger doivent bénéficier d'une plus grande implication dans les affaires publiques et d'un accompagnement efficace pour surmonter les défis auxquels ils sont confrontés". Ce message royal est un appel clair à une refonte du cadre institutionnel permettant une représentation effective des MRE dans le paysage politique national. Un enjeu économique et stratégique Les Marocains du monde sont des acteurs économiques majeurs. En 2023, les transferts de fonds des MRE ont dépassé les 110 milliards de dirhams, contribuant directement à la balance des paiements et au financement de nombreux secteurs clés, tels que l'immobilier, le tourisme et l'entrepreneuriat. Au-delà des transferts financiers, cette diaspora joue un rôle central dans l'investissement, la création d'entreprises et le développement des relations commerciales internationales. Cependant, malgré leur poids économique, les MRE demeurent sous-représentés dans les instances décisionnelles. Cette absence limite leur capacité à défendre leurs intérêts spécifiques, notamment en matière de protection sociale, de simplification des procédures administratives et de promotion des investissements au Maroc. Les partis politiques marocains face aux compétences des MRE : un potentiel inexploité L'un des freins majeurs à une meilleure intégration politique des Marocains du monde réside dans le manque de mobilisation des partis politiques nationaux. En dépit de la présence d'une élite marocaine active et influente à l'international – dans les domaines de la technologie, de la finance, de l'entrepreneuriat et des sciences – les formations politiques n'ont pas su capitaliser sur cette richesse humaine pour renforcer leurs structures et affiner leur compréhension des besoins réels des MRE. Les partis politiques marocains, souvent centrés sur les dynamiques locales, peinent à adapter leurs stratégies aux attentes des militants et sympathisants résidant à l'étranger. Ces derniers, confrontés à des défis spécifiques (mobilité internationale, accès aux services consulaires, reconnaissance des diplômes, intégration économique dans le pays d'accueil et au Maroc), ne trouvent pas toujours une oreille attentive au sein des instances partisanes. Au lieu de structurer une véritable offre politique pour cette communauté, les partis ont souvent cantonné leur engagement envers les MRE à des actions ponctuelles ou à des discours de circonstance, sans réel suivi ni mécanisme d'intégration. Cette absence de vision stratégique empêche le pays de tirer pleinement profit du savoir-faire de sa diaspora, alors même que d'autres nations réussissent à impliquer activement leurs expatriés dans le développement national. Il est essentiel que les partis politiques marocains modernisent leurs structures, en intégrant les compétences des MRE dans leurs bureaux politiques et en leur offrant des canaux d'expression et d'engagement concrets. Une telle démarche permettrait non seulement d'enrichir le débat politique, mais aussi d'adopter des politiques publiques mieux adaptées aux réalités d'une diaspora dynamique et engagée. Un impératif démocratique : l'intégration des MRE au Parlement La Constitution marocaine de 2011 reconnaît explicitement la place des Marocains du monde dans le tissu national. Son article 17 stipule que les MRE jouissent des droits de pleine citoyenneté, y compris le droit de vote et d'éligibilité. Toutefois, en l'absence d'un cadre législatif adapté, cette disposition reste largement inappliquée. Il est donc crucial de mettre en place des mécanismes permettant aux MRE d'avoir une véritable représentation parlementaire, soit par des sièges dédiés, soit par des listes nationales intégrant des candidats issus de la diaspora. Cette réforme renforcerait la légitimité démocratique du pays et permettrait d'avoir une politique plus inclusive et alignée avec les réalités vécues par nos compatriotes à l'étranger. Conclusion : un engagement collectif pour une réforme nécessaire L'intégration des Marocains du monde dans le paysage politique marocain n'est pas seulement une question de justice démocratique, mais aussi un levier de développement économique et d'influence internationale. En leur offrant une représentation institutionnelle adéquate, le Maroc pourra mieux répondre à leurs attentes et bénéficier pleinement de leurs compétences et de leurs contributions. Conformément aux Hautes Orientations Royales, il appartient aux décideurs politiques d'agir avec responsabilité pour concrétiser cette vision et garantir à nos concitoyens du monde une place légitime au sein des institutions du Royaume.