La maison de la presse de Tanger a abrité, vendredi, la présentation de l'ouvrage "Sahara marocain, le dossier d'un conflit artificiel", en présence d'un parterre d'intellectuels et de professionnels des médias. Cet ouvrage collectif (313 pages), paru en 2016 aux éditions du Cerf en coédition avec les Editions Marsam et rédigé par des spécialistes de plusieurs pays (Allemagne, Espagne, France, Liban, Sénégal et Maroc), sous la direction des experts Charles Saint-Prot, Jean-Yves de Cara et Christophe Boutin, aborde la question du conflit artificiel autour du Sahara marocain sous divers angles: historique, géopolitique, juridique, social et économique. Il livre au lecteur une analyse d'envergure sur la persistance du conflit sur le Sahara marocain créé de toutes pièces par l'Algérie et le bloc communiste au milieu des années 1970. Les auteurs démontrent, preuves à l'appui, que le différend autour du Sahara a été instrumentalisé et continue à être un fonds de commerce pour certains États, organisations, associations et militants qui se croient encore au temps de la Guerre froide. Par ailleurs, cet ouvrage, qui livre une analyse pointue sur le contexte sécuritaire dans la région, met en exergue les efforts gigantesques accomplis par le Maroc sur les plans financier, administratif, technologique, éducatif et de la santé, pour mettre cette région, tragiquement délaissée lors de l'occupation espagnole, au niveau du reste du pays. La publication de cet ouvrage intervient dans un contexte marqué par un regain de l'agressivité de la propagande algérienne et les crises dans la région sahélo-saharienne, a indiqué à cette occasion M. Saint-Prot, directeur général de l'Observatoire d'études géopolitiques de Paris, notant que ce conflit est "une question d'ingérence, d'agression contre le Maroc par un État voisin en violation de la charte des Nations Unies". "Voici une question qui reste de première importance dans la géopolitique régionale et même internationale si l'on considère, d'une part, les obstacles ainsi posés à l'intégration maghrébine, et d'autre part, les conséquences négatives de ce conflit sur la sécurité régionale", a souligné M. Saint-Prot, également professeur associé à l'Université Paris Descartes-Sorbonne Paris Cité. Il a, en outre, rappelé que la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU en date du 25 avril 2013 a clarifié les choses, en rendant hommage aux réalisations du Maroc en matière de droits de l'Homme au Sahara marocain, notamment grâce à la mise en place à Dakhla et à Laâyoune de commissions régionales du Conseil national des droits de l'Homme. M. Saint-Prot a estimé que dans un monde arabe en crise, menacé par les séparatismes et les divisions, la réussite de la réunification du Maroc dans le cadre d'un grand projet national de développement global est l'un des rares motifs d'espoir. "Il est vrai que le Royaume chérifien est le seul pays émergent du Maghreb et le seul qui présente de sérieuses garanties pour la stabilité de toute la région et la lutte contre la menace terroriste. Dans ces conditions, le conflit artificiel entretenu par l'Algérie est particulièrement déplorable, quand un Maghreb arabe uni serait une si évidente source de stabilité et de progrès. Le conflit freine la nécessaire union du Maghreb arabe et le développement de la coopération économique. Ce qui conduit le Maghreb à prendre du retard dans la mondialisation", a-t-il expliqué. Il a mis l'accent sur la nécessité de finir vite avec ce conflit à un moment où les risques de déstabilisation ne cessent de s'étendre du fait du dynamisme des groupes terroristes et de l'affaiblissement, voire de l'effondrement, d'un bon nombre d'États, sans compter les menaces qui pèsent sur d'autres, à commencer par une Algérie dont l'économie de rente est frappée de plein fouet par la chute des cours pétroliers. Pourtant, a-t-il fait remarquer, le régime algérien continue ses manœuvres sans issue et ses manipulations, relevant que celles-ci ne suffisent pas à mettre le Maroc en difficulté. "En effet, il faut constater que le Maroc a plus d'une corde à son arc. C'est une puissance diplomatique incontournable en raison de son rôle central pour la stabilité dans la zone sahélo-saharienne, sa lutte pour faire prévaloir l'Islam du juste milieu et en raison également de son ambitieuse politique africaine", a-t-il dit, soulignant que la profondeur et la pertinence de cette politique africaine est la raison pour laquelle une majorité d'États africains plaident pour un retour du Royaume au sein de l'Union africaine et la suspension de l'entité séparatiste admise jadis par un tour de passe-passe au mépris de la légalité internationale. M. Saint-Prot a, en outre, précisé que tous les observateurs objectifs et les principaux États, à commencer par les États Unies et la France, reconnaissent que le plan d'autonomie, dans le cadre de la souveraineté du Royaume et de son unité nationale, constitue la seule solution appropriée pour en finir avec ce triste reliquat de la Guerre froide, soulignant que "la proposition marocaine constitue donc une chance qu'il faut saisir pour sortir de l'impasse et mettre un terme à ce conflit artificiel qui n'a que trop duré". Et de conclure que "la communauté des Nations doit enfin prendre ses responsabilités. L'Afrique est entrain de le faire", appelant les puissances à faire pression sur l'Algérie pour qu'elle accepte enfin de tourner la page d'une aventure qui a fait long feu, une aventure dangereuse qui reste un facteur de déstabilisation dans une région du monde déjà bien troublée.