L'aventure séparatiste du polisario est l'une des principales sources de déstabilisation dans la région du Maghreb et du Sahel, a mis en garde, jeudi à Dakar, le professeur Charles Saint-Prot, directeur de l'Observatoire des Etudes Géopolitiques (OEG) à Paris. «Il est grand temps de mettre un terme au conflit sur le Sahara marocain», a souligné M. Saint-Prot qui intervenait lors des Matinales Géopolitiques organisées par l'antenne de Dakar du Cendre des Etudes Diplomatiques et Stratégiques (CEDS-Paris). Tout en soulignant l'urgence de résoudre ce conflit artificiel, qui accentue les risques d'insécurité en venant se combiner aux nombreux autres facteurs de risque dans la région sahélienne, le chercheur met l'accent sur le plan d'autonomie proposé par le Royaume qui constitue «une feuille de route inédite qui prend en compte les réalités locales et l'identité particulière des populations». Qualifié de «sérieux» et «crédible», ce modèle de plan d'autonomie pourrait même servir d'exemple pour des expériences de régionalisation avancée permettant de résoudre des crises dans certains pays, a estimé le professeur Saint-Prot, faisant savoir que la communauté internationale doit maintenant prendre ses responsabilités et cesser de tergiverser. «La communauté internationale doit avoir la lucidité de comprendre que ce conflit n'a que trop duré et qu'il empoisonne la région», a-t-il relevé, plaidant pour un désarmement du polisario et un règlement fondé sur l'initiative d'autonomie proposée par le Maroc depuis 2007. «La tendance consistant à établir un équilibre factice et à minimiser voire occulter, la responsabilité de l'Algérie et le fait qu'elle est la principale partie du conflit qu'elle a créé et qu'elle continue à entretenir, l'instrumentalisation des droits de l'Homme qui sont agités par ceux-là qui ferment les yeux sur les graves violations commises dans les camps de Tindouf en Algérie, tout cela n'a que trop duré», a-t-il déploré. Et de faire observer que l'affaire du Sahara marocain relève du principe de non-ingérence selon lequel un Etat ne saurait intervenir dans les affaires intérieures d'un autre Etat, notant que «le fond du problème n'est pas une question de décolonisation mais une forme d'agression de la part de l'Algérie qui héberge sur ses territoires un groupe séparatiste contre le Maroc». Le professeur Saint-Prot, a, en outre, souligné la nécessité de reconnaitre que le Maroc a toujours été à la hauteur de ses responsabilités, relevant qu'il s'agit des rares Etats de la région ayant les moyens et la détermination nécessaire pour combattre les risques de déstabilisation au Maghreb et en Afrique sub-saharienne. «Le Maroc a montré qu'il pouvait sécuriser ses provinces sahariennes tout en améliorant sa politique en matière des droits de l'Homme», a-t-il dit, insistant sur la nécessité de trouver une solution urgente à ce conflit en raison des menaces qui s'amoncellent dans la région. Il a, en outre, rappelé que ce conflit artificiel autour du Sahara marocain est la cause du blocage de la construction maghrébine, lequel blocage, a-t-il dit, compromet le développement économique régional en faisant perdre en moyenne 2 pc de taux de croissance à chaque Etat. Cet analyste géopolitique n'a pas manqué également de pointer du doigt la situation précaire des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf, la qualifiant «d'inacceptable», notamment la situation dramatique des femmes dont beaucoup sont violées ou réduites en esclavage, ou encore l'enlèvement d'enfants de 5 ans à leur famille pour être envoyés à Cuba afin d'être formatés en parfait révolutionnaire au service du polisario. «Les séquestrés de Tindouf sont véritablement des otages du jeu algérien. Ils n'ont aucun droit notamment pas celui de circuler librement, ni celui de travailler de façon à être sous l'entière dépendance des miliciens du polisario», a-t-il fait savoir, notant que les jeunes hommes nés dans ces camps sont «la proie facile de tous les pêcheurs en eaux troubles, narcotrafiquants et groupes terroristes». Et de poursuivre que cela a rendu inévitable que des connexions s'établissent entre le polisario et AQMI, notant que «le polisario et son mentor algérien, sont des facteurs d'instabilité». Initié en partenariat avec OEG, sous le thème «Contreterrorisme, droits de l'Homme et sécurité: analyse de la face cachée de la crise dans la bande sahélo-saharienne de Tindouf au Mali», cette rencontre a connu la participation de plusieurs académiciens, des diplomates, des attachés militaires et de défenses ainsi que des chercheurs.