Victime d'une vile opération de désinformation et de déstabilisation orchestrée par les adversaires de son intégrité territoriale, le Maroc a, par la voix de deux experts en géopolitique régionale, fustigé le traitement biaisé par certains médias notamment espagnols, acquis aux thèses des séparatistes, de la situation à Laâyoune, qui a été lundi théâtre d'actes de vandalisme. Par Nour Eddine Hassani Au cours d'une rencontre mercredi à Paris avec des représentants de la presse française, MM. Hassan Alaoui, conseiller à la direction du quotidien "Le Matin du Sahara et du Maghreb", et Charles Saint Prot, directeur de l'Observatoire d'études géopolitiques français (OEG), ont présenté un éclairage objectif sur la situation qui prévaut à Laâyoune avant et après le démantèlement du camp Egdim Izik, ainsi que sur les enjeux du conflit artificiel autour du Sahara. Les deux fins connaisseurs des tenants et aboutissants de ce conflit, vieux de 35 ans, ont affirmé que les événements de Laâyoune procèdent d'un "agenda bien étudié" établi par les séparatistes et leur donneur d'ordre l'Algérie, avec pour objectif de "créer un élément de déstabilisation et saboter les négociations, tout en faisant porter au Maroc la responsabilité de tout échec". Une contestation purement sociale transformée en acte de "sédition" Pour Hassan Alaoui, l'histoire du camp est "d'une telle complexité que les communiqués contradictoires brouillent la réalité", surtout pour un observateur non averti basé à Madrid, Rome ou Londres. Des tentes dressées par des personnes qui décident de se regrouper le temps d'obtenir satisfaction de leurs revendications ayant trait à l'emploi et à l'accès aux aides sociales, cela offre une occasion idoine pour le polisario et derrière lui l'Algérie pour instrumentaliser cette action à des fins politiques, estime le journaliste, auteur du livre "Guerre secrète au Sahara occidental" qui vient de paraitre chez "Encre d'Orient", à Paris. Les initiateurs du camp, qui "n'adhèrent ni à la violence ni aux thèses du polisario", sont ensuite rejoints par "des éléments pro-polisario qui mettent à profit le climat de libertés d'expression et de circulation que leur garantit le Maroc, pour faire de la subversion", ajoute-t-il. Ces éléments subversifs refusent le dialogue et procèdent à la séquestration systématique de toute personne qui voulait démonter sa tente et quitter le camp après satisfaction de ses revendications. Face à cette situation illégale, "le Maroc a été obligé de démanteler le camp au nom de la justice et de la loi" et surtout pour "protéger les populations sahraouies retenues contre leur gré", affirme M. Alaoui. Les forces de l'ordre, qui sont intervenues, avaient pour strict consigne de mener l'opération sans armes et d'une manière pacifique, a-t-il observé, pointant du doigt une radicalisation de "groupuscules pro-polisario qui semaient le désordre, s'infiltrant au sein de la population locale pour inciter à la sédition". Une affaire instrumentalisée pour stopper l'hémorragie du polisario Les événements de Laâyoune illustrent de manière "claire une opération d'instrumentalisation montée par les services secrets algériens, une réalité qui devient de plus en plus évidente", estiment les deux observateurs. S'interrogeant sur la raison qui incitait ces semeurs de désordre dans le camp, M. Alaoui a évoqué une fuite en avant des séparatistes pour contrer "la désaffection que suscite le polisario au sein même de son fief, les camps de Tindouf, dans le sud algérien". Ce phénomène prend une ampleur alarmante pour les séparatistes surtout après le retour massif au Maroc de sahraouis séquestrées dans les camps, le dernier retour en date n'étant que celui de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, inspecteur général de "la police du polisario". Convaincu de la probité de la démarche du Maroc, qui a proposé un plan d'autonomie pour cette région du sud du Royaume, cet ancien cadre du polisario annonce publiquement sa décision de retourner aux camps de Tindouf pour défendre la proposition marocaine, mais il a été enlevé à son entrée sur le territoire algérien et mis en détention dans un endroit tenu secret. "Malgré une fausse annonce de sa libération, il n'y a toujours aucune nouvelle de lui et ses proches craignent le pire pour lui", déplore Charles Saint Prot, membre du Comité de soutien des juristes français à Ould Sidi Mouloud. Il est maintenant dans un état de santé précaire et, selon ses proches, "sa vie serait en danger suite à des blessures dont il aurait été victime de la part de ses geôliers", précise le Pr. Saint Prot qui dénonce "l'expulsion par l'Algérie du père du disparu qui voulait se rendre à Tindouf pour rencontrer la femme et les enfants de son fils et avoir des informations sur son sort". Silence total sur la situation alarmante dans les camps de Tindouf Le géo-politologue français a saisi cette occasion pour évoquer la situation alarmante des sahraouis séquestrés dans les camps de Tindouf auxquels l'Algérie persiste à empêcher l'entrée du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), en violation flagrante des accords internationaux. Il a, à cet égard, fustigé les deux poids deux mesures de certains médias espagnols qui, d'un côté, passent sous silence total la situation des droits de l'Homme à Tindouf, mais, de l'autre, s'emballent d'une manière apocalyptique pour tout ce qui est anti-marocain, en violation des règles d'éthique et de neutralité journalistiques. Pour lui, "l'implication politique et financière de l'Algérie explique beaucoup de choses". Alger, qui subventionne le polisario, persiste à "déformer la réalité de manière à bloquer la dynamique insufflée par la proposition marocaine d'autonomie, une initiative considérée comme crédible et sérieuse par la communauté internationale qui a convenu de l'inapplicabilité du référendum. Les deux conférenciers ont noté avec satisfaction l'annonce de la reprise des pourparlers informels sous l'égide de l'ONU, conformément au voeu du secrétaire général de l'ONU et de son émissaire Christopher Ross pour institutionnaliser le processus, tout en soulignant l'adhésion pleine du Maroc à ce processus. Le Maroc, ont-ils dit, adhère pleinement aux négociations, en respectant les trois règles: le réalisme, la volonté de faciliter le travail de l'ONU et la disposition à accélérer le processus "pour peu que les adversaires changent leurs positions et s'inscrivent réellement dans la dynamique onusienne que la communauté internationale soutient de plus en plus fort". Cette rencontre, qui a réuni de grands journalistes français et étrangers spécialisés du Maghreb, a été organisée par l'Association des femmes arabes de la presse et de la communication (AFACOM) qui regroupe des femmes journalistes arabes ou franco-arabes.