Joachim Löw la force tranquille, Didier Deschamps le pragmatique, Fernando Santos le diplomate, Chris Coleman la surprise: les quatre entraîneurs encore en lice à l'Euro-2016 ont des parcours et des CV différents, mais tous couronnés par leur place en demi-finales. . Allemagne: Löw, force tranquille Un mandat de 10 ans déjà, un flegme impeccable et un look tendance à peine nuancés par tout un tas de tics désagréables, mais surtout un bilan à faire pâlir d'envie tous ses homologues: à la tête de la Mannschaft, Joachim Löw, 56 ans, est indéboulonnable. Il faut dire qu'en 135 matchs à la tête de l'Allemagne, l'enfant de la Forêt Noire compte 89 victoires, 25 nuls et seulement 21 défaites, soit un ratio de 66% de matchs gagnés, dont une finale de Coupe du monde en 2014. Alors que certains de ses confrères ont été tancés par leurs propres joueurs pour n'avoir pas adapté leur équipe au redoutable dispositif tactique des Italiens (comme Marc Wilmots l'a été par son gardien Thibaut Courtois), Löw n'a pas hésité à adapter sa formation championne du monde à ses adversaires pour mieux s'en défaire en quarts de finale. Et en s'appuyant sur un socle défensif très expérimenté et en confiance, il a permis à l'Allemagne de redevenir la place forte du football européen. . France: Deschamps, chance et adaptation Pour arriver en demi-finales, la France a affronté la Roumanie, l'Albanie, la Suisse, l'Eire et l'Islande. Sans leur faire injure, il ne s'agit pas exactement de cadors européens et les Français s'en sont sortis sans trop de frayeurs, malgré la pression d'être puissance invitante. De quoi alimenter la réputation de veinard qu'entretient Didier Deschamps, champion du monde 98 et sélectionneur de l'équipe de France depuis 2012, souvent favorisé par le hasard des tirages au sort ou des éliminations d'adversaires mieux armés. Il lui a aussi fallu faire preuve de remarquables facultés d'adaptation pour atteindre le dernier carré de l'Euro-2016, objectif minimum fixé par son président de fédération. Scandales, blessures, et même contrôle antidopage ont peu à peu décimé l'équipe que Deschamps avait commencé à former sur la lancée de la Coupe du Monde 2014. Qu'à cela ne tienne, le Basque de 47 ans a tout encaissé et modifié un à un tous ses plans avec à l'esprit un unique objectif: gagner. . Portugal: Santos, le démineur Tout pour Cristiano Ronaldo: Fernando Santos a dû construire une équipe dont l'alpha, l'omega et le nombril sont sa star de capitaine, le Madrilène Ronaldo. Et vu que le tournoi de ce dernier est très mitigé, cela signifie aussi sortir le parapluie face à la presse, pour assurer que oui, Ronaldo est toujours le meilleur du monde, que non, il n'est pas fatigué ou agacé et que décidément, le groupe vit bien. L'ancien sélectionneur de la Grèce, arrivé à la tête du Portugal en 2014, a surtout bâti un groupe solide derrière, à défaut de capitaliser sur sa qualité offensive pour en faire une machine à buts. «Nous aimerions jouer un jeu spectaculaire mais ce n'est pas toujours de cette manière qu'on gagne des compétitions», a synthétisé le Lisboète de 61 ans. Et tant pis si son Portugal n'a toujours pas gagné le moindre match dans la compétition en 90 minutes: il n'en a pas perdu non plus. . Pays de Galles: Coleman, au nom de Speed Il fait figure de poids plume par rapport à ses homologues demi-finalistes: arrivé en 2012 à la tête de la sélection galloise, Chris Coleman, 46 ans, n'a jamais entraîné que des équipes de second rang, comme la Real Sociedad ou Fulham. Et quand il a pris les rênes de l'équipe nationale, en remplacement de son ami Gary Speed retrouvé pendu chez lui, il était loin de faire l'unanimité. Mais Coleman a retourné l'opinion en mettant en place un 3-5-2 qui fonctionne bien, avec un groupe de joueurs habitués à jouer ensemble aux classes d'âges inférieures. Et évidemment en réalisant ce qu'aucune sélection galloise n'avait jamais réussi à faire: atteindre la demi-finale d'un tournoi majeur. Alors que certains de ses homologues peinent à installer leurs stars dans les meilleures dispositions, lui a fait du Madrilène Gareth Bale une redoutable arme offensive, au service du collectif.