Vaincre à défaut de convaincre: l'Allemagne s'est qualifiée pour les demi-finales du Mondial-2014 au détriment de la France (1-0) grâce notamment à ses vertus défensives et un réalisme à toute épreuve. L'entame contre le Portugal (4-0) n'était-elle donc qu'une illusion ? Depuis ce festin offensif sur le dos de Cristiano Ronaldo, la Nationalmannschaft aligne les matches serrés: Ghana 2-2, Etats-Unis 1-0, Algérie 2-1 a.p. et donc les Bleus sur un but sur coup de pied arrêté. Un parcours qui ressemble un peu au Brésil qu'elle affrontera mardi en demi-finale à Belo Horizonte, passé par les tirs au but en 8e de finale contre le Chili et par deux buts sur coups de pied arrêtés face à la Colombie vendredi en quart (2-1). L'Allemagne a décroché sa quatrième demi-finale de Mondial consécutive, mais la manière tranche singulièrement avec ses deux dernières Coupes du monde, marquées par l'allant imprimé par Jürgen Klinsmann et son adjoint puis successeur Joachim Löw. "Le jeu a beaucoup changé depuis 2006, a reconnu le sélectionneur actuel. On n'a pas les mêmes joueurs. Il y a eu des changements forcés, de par l'évolution normale d'une équipe. C'est important d'accueillir de nouveaux joueurs. On l'a fait au compte-gouttes, on a des joueurs de grande qualité et c'est pourquoi je pense qu'on peut aller jusqu'au bout". 'Bravourös' Bref: fini le "jogo bonito" (beau jeu) débridé, place au jeu "bravourös", ce terme allemand dérivé du français bravoure et cité par Löw pour qualifier la combativité de ses troupes. "Nous pouvons bien jouer, nous l'avons déjà montré par le passé, a estimé Lothar Matthäus, le capitaine de la RFA championne du monde en 1990, sur Sky Sport News HD. Mais Joachim Löw veut maintenant le résultat, c'est pour cela qu'il recourt à d'autres moyens. Et jusqu'à présent, le résultat lui donne raison". En style "bravourös", il faut se battre pour y arriver, avoir la maîtrise du jeu au milieu et faire confiance à Neuer, qui a de nouveau démontré qu'il faisait partie des tout meilleurs gardiens du monde. Après ses sorties hors surface contre l'Algérie du fait d'un jeu dans le camp adverse, le portier a réalisé de nouveaux exploits, cette fois sur sa ligne. La maîtrise a été allemande grâce à la bataille du milieu, où le trio Khedira-Schweinsteiger-Kroos a eu le dessus sur son homologue Cabaye-Matuidi-Pogba. "Ils ont montré plus de maîtrise, on les sentait sereins même dans la difficulté", a remarqué Lloris. Une constante au sein de la Nationalmannschaft, cette faculté de ne jamais s'affoler - avec en revers une certaine incapacité à emballer un match. "L'équipe en face a eu beaucoup de maîtrise, une équipe techniquement très forte, selon Matuidi. Ils avaient la maîtrise mais pas beaucoup d'occasions non plus, en première mi-temps je n'ai pas vu Hugo (Lloris) faire un arrêt". Expérience C'est là où le bât blesse: un souffle court dans le derniers tiers du terrain de la part du secteur offensif allemand, incarné par le vétéran Klose (36 ans) et l'éteint Özil, du fait aussi d'un manque de soutien de la part des latéraux, Höwedes et Lahm, et d'une grande prudence de la part de Schweinsteiger et Khedira, adoptant le profil de récupérateurs plutôt que de relayeurs. La Nationalmannschaft a pu aussi compter sur une énorme performance de son défenseur Hummels, qui a totalement annihilé Benzema. La maîtrise n'a donc pas été si totale. La "réussite" invoquée par Didier Deschamps, un brin de chance, ces ingrédients font aussi partie du parcours d'un demi-finaliste. Atteindre le dernier carré pour la troisième fois de suite pour cette génération (après le Mondial-2010 et l'Euro-2012), cela commence à peser. Et "l'expérience", c'est le leitmotiv qui revenait dans les propos du camp français pour expliquer ce "pas grand-chose" qui a séparé les deux équipes. "L'expérience aide dans des matches comme ça, très serrés", a ainsi relevé Didier Deschamps. "Ca n'a pas été un match parfait, mais il a été correct et sérieux", a résumé Hummels. Correct et sérieux comme un candidat au titre.