LA Fédération Royale Marocaine de Cyclisme (FRMC) a pris de nombreuses initiatives qui ont rehaussé l'image du sport marocain en général et le cyclisme en particulier. Aujourd'hui, et à l'approche des JO 2016 Rio (6 août 2016), « L'Opinion » a souhaité revenir sur un certain nombre de sujets qui font l'actualité sportive régionale. C'est ainsi que le président de la FRMC, Me Mohamed Belmahi, nous explique les réalités concrètes auxquelles la Fédération doit avoir à faire face, ainsi que des projets dans l'organisation de la Fédération. On y apprend également dans cet entretien, où en sont les résultats des différentes disciplines du cyclisme au Maroc. Maître Belmahi est optimiste, il nous expose les raisons de l'être. Pour lui, pas de doute, le cyclisme au Maroc se porte bien et avec la qualification de quatre (4) coureurs aux JO de Rio 2106, le cyclisme marocain réalise l'exploit. Encore faut le renforcer et le soutenir pour qu'il puisse progresser et atteindre le professionnalisme ! Question : Maître Belmahi, on sait et c'est une excellente chose, qu'il y a de plus en plus de licenciés à la Fédération, le cyclisme a un véritable regain d'intérêt auprès des jeunes dont des filles et se sont magistralement illustrés en Afrique... -Me Belmahi : La dynamique de croissance est bien réelle. Mais ce qui est encore plus intéressant c'est qu'on constate qu'elle concerne toutes les disciplines. Le BMX, c'est 5% de croissance, le VTT c'est entre 10 et 15% selon les années, la route qui est remontée à 30% l'année dernière, et qui, cette année, est en croissance de 10 à 15% encore. Tout cela signifie qu'il y a un élan global qui n'est pas prêt de s'arrêter. Nous gagnons au total entre 12 et 15% de licenciés en plus, depuis 5 ans, et ça c'est une réalité. Mais ce qui est intéressant, c'est qu'après 15 ans de baisse du nombre d'épreuves au Maroc, on a vu, à partir de 2010, une augmentation du nombre d'épreuves de 22% depuis 2 ans, et sur route également, il faut le dire. Après un passage à vide, le cyclisme séduit, à nouveau, de plus en plus. Au Maroc, le cyclisme se porte bien et notre la qualification pour les JO 2012 de Londres où nous avons réalisé une très bonne prestation, a constitué un nouvel élan, et on s'est qualifié à nouveau pour les JO 2016 de Rio. Q. : Qu'en est-il du dopage, sans faire d'amalgame, est-ce que la Fédération est protégée à ce niveau ? R. : « L'Union Cycliste Internationale (UCI) lutte efficacement contre le dopage et aspire à instaurer l'égalité et à protéger le cyclisme et les coureurs ». De son côté, la FRMC s'est engagée dans cette dynamique, et là, il ne s'agit pas de dopage mais de problèmes administratifs de localisation. On doit avoir la même rigueur et le même sérieux à ce sujet. Mais c'est vrai que c'est toujours étonnant pour les coureurs marocains qui voient des coureurs étrangers sanctionnés ou relaxés, alors qu'ils sont pris avec des produits... En plus, j'ai toujours insisté sur «le transfert de technologie», puisque les pays européens nous devancent beaucoup ! On peut donc se dire : est-ce qu'il y a une justice à deux niveaux ? Mais on peut aussi se dire que c'est la Fédération qui applique les règles telles qu'elles devraient être appliquées. Dans tous les cas, il faut savoir que si nous ne le faisions pas, l'UCI le ferait à notre place et elle aurait raison sur le fond. Donc, nous n'irons pas sur la voie de ceux qui voudraient moins de contraintes de localisation, dont c'est la seule façon de lutter contre un certain nombre d'éléments qu'on a vu dans le cyclisme. Quand des coureurs partaient, avant le Tour du Maroc, au bout du monde se préparer et arrivaient à gagner, on pouvait s'étonner, c'était pareil du reste avant les Championnats du Monde aux Etats Unis, c'était donc étonnant comme pratique. Q. : Vous êtes également membre du Comité Directeur de l'UCI, président du Collège Arbitral. Vous savez donc comment fonctionne l'UCI. Vous êtes en train de nous dire, donc, que l'UCI veut vraiment la transparence et l'égalité entre toutes les nations. Comment l'UCI entend vulgariser et universaliser la pratique du cyclisme ? -R. : Oui, car notre Fédération Internationale lutte vraiment et efficacement contre le dopage et s'acharne à démocratiser la pratique du cyclisme dans le monde. Il faut savoir que sur des procédures internationales, il y a des règles en faveur des pays en voie de développement comme le nôtre. La preuve, c'est que notre Fédération est mieux représentée au sein des instances de l'UCI qui nous fait confiance et nous encourage à monter une équipe professionnelle pour que nous puissions participer dans les grands Tours (Tour de France notamment) alors et surtout que nous possédons de grands coureurs (Mraouni Salaheddine, Mohssine Lahssini, Aadel Reda, Essaid Abelouach, Haddi Soufiane, Mohamed Amine Rafai ...). « La Fédération a un bel avenir » Q. : Revenons à la FRMC, on vous avait eu en interview il y a quelques mois, vous vous apprêtez à mettre en place de nouveaux statuts. Où en êtes-vous aujourd'hui ? -R. : Ces statuts concernent l'adaptation à la nouvelle loi 30-09 sur l'éducation et le cyclisme et cela aura un écho énorme dans le sport marocain, à tel point que notre Bureau Fédéral a décidé de créer un groupe de travail qui a travaillé d'arrache-pied sur ce sujet, dont j'assure la présidence. Cela détonne quelque peu, mais j'espère que le Mouvement sportif national suivra nos orientations, afin de faire évoluer profondément le sport marocain. N'oublions pas que le sport au Maroc, est érigé par notre Constitution en un droit fondamental. Ce qui veut dire des droits et des obligations. Alors commençons par donner les droits aux sportifs (droit à la retraite, droit aux soins, droits à la protection de l'image, etc.). Q.: Pourquoi cela détonne-t-il ? R : Ça détonne, parce que nous proposons de limiter, par exemple, le nombre des mandats de président de Fédération, alors que nous sommes l'une des premières fédérations à l'appliquer parmi les 28 Fédérations Olympiques. Nous proposons également de passer à un système de gouvernement - parlement, avec un Conseil de Surveillance et un Directoire. Voilà les sujets dont nous avons permis la discussion au sein du bureau fédéral. Q. : Comment voyez-vous donc la Fédération dans les années qui viennent ? R. :Le cyclisme marocain peut avoir un bel avenir s›il est protégé et s'il continue à bénéficier d›un programme de Haut Niveau, avec des régulations. Le cyclisme national est qualifié pour les JO 2016 de Rio et les championnats du monde 2016, leader de l'Africa Tour depuis 2010 (par équipes et individuel). Le cyclisme féminin est sur la bonne voie, le VTT se renforce, le BMX se développe, et la route, après s'être restructurée, après avoir fait les efforts qu'il fallait pour séduire des pratiquants de loisir. Aujourd'hui il importe d'allouer des subventions conséquentes aux clubs et ligues, alors et surtout que le cyclisme est coûteux, et introduire sa pratique dans les écoles et lycées. J'avais lancé le cap des 20.000 licenciés pratiquants (en France c'est plus de 18 millions), et je suis persuadé que c'est un cap qu'on peut atteindre à l'horizon 2020, mais si on peut l'atteindre avant, on ne va pas se gêner. Surtout si l'on sait que c'est le bon moyen de mobilité en termes de protection de la santé, de l'environnement et de l'énergie. Q. : Pourquoi le Maroc avait organisé les Championnats Africains de Cyclisme 2016 ? R. : Les 11èmes Championnats Africains de Cyclisme (route et piste) qui furent organisés sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, sont une fierté pour notre pays, connu pour sa stabilité et ses efforts pour le développement durable. Je tire un bilan positif surtout que l'équipe nationale du Maroc a confirmé sa suprématie sur le plan africain. Je suis satisfait car les coureurs marocains ont très bien tiré leur épingle du jeu sur le parcours. Le Maroc est leader de l›Afrique depuis 2010. Plus que tout, le cyclisme marocain, comme à l›accoutumée, a constitué pour la Fédération Royale Marocaine de Cyclisme, une opportunité essentielle pour véhiculer, partager les valeurs de solidarité, de responsabilité et de conscience et contribuer, derrière et avec Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à ce que la place du Maroc soit celle du progrès où chaque Marocain peut trouver son identité, sa mission et sa raison d›être. Q. : Cinq Marocains dans le top 10 africain, qu'est-ce que cela vous inspire ? R. : C'est une manifestation qui donne l'occasion aux coureurs marocains de courir avec des pros. L'Afrique a son mot à dire dans le cyclisme et le dira prochainement, surtout le Maroc et l'Érythrée. L'Afrique est en train de se construire, certes les cyclistes font surtout des courses amateurs mais elle va y arriver si les coureurs ont l'occasion d'avoir ce transfert de technologie avec les Européens. L'Union Cycliste Internationale, nous accompagne et nous encourage à vulgariser le vélo en Afrique, mais nous voulons qu'il y ait plus de Tours et de partenariats avec les pays qui ont une tradition du cyclisme comme la France, l'Italie, l'Espagne pour qu'on puisse évoluer. L'UCI est en train de faire du très bon travail au niveau africain et asiatique, cela va réchauffer le temps et l'atmosphère dans le monde du cyclisme. Je suis, donc, très content, car, au Maroc, il y a une grande implication des pouvoirs publics le ministère de la Jeunesse et des Sports, du Comité National Olympique Marocain, des entreprises nationales dans le monde du cyclisme : le pays a érigé le sport en droit constitutionnel donc il y a une renaissance dans le monde du sport et celui du cyclisme en particulier. Je vais demander de faire une équipe continentale avec des pros dans laquelle il y aurait des coureurs marocains. Ils ont démontré depuis six (6) ans leur suprématie sur le plan africain en étant classée meilleur équipe du continent depuis 2009 à nos jours tant sur le plan individuel que par équipes, elle est qualifiée pour les JO et pour les championnats du monde. Nous avons aussi une écurie de jeunes (Champions d›Afrique). Les moins de 23 ans sont capables de faire du très bon travail, c'est une écurie de coureurs de haute gamme. Encore faut-il les encourager et les accompagner, et ça c›est une autre histoire !