La libéralisation ne bénéficie pas seulement aux passagers et à ceux qui expédient du fret. Un service aérien développé stimule également l'emploi dans l'ensemble du secteur de l'aviation puisqu'il faut du personnel pour prendre en charge les passagers et leurs bagages, pour assurer le pilotage, le ravitaillement, l'entretien et la maintenance technique des appareils. Telle est la principale conclusion tirée de l'étude d'InterVISTAS Consulting, un cabinet de conseil en gestion spécialisé dans les stratégies commerciales, opérationnelles et financières des aéroports et des compagnies aériennes. Elaborée à la demande de l'Association Internationale du Transport Aérien (IATA), l'étude vise à déterminer les impacts socio-économiques de la libéralisation du marché du transport aérien intra-africain. Ces travaux consistaient à modéliser les mécanismes de transmission par lesquels la libéralisation du marché aboutit à une amélioration de la connectivité aérienne, entraînant de ce fait une croissance du trafic et des bénéfices économiques directs et indirects. L'étude comprenait aussi une analyse d'impact de l'ouverture des marchés aériens dans 12 pays d'Afrique, et une quantification des bénéfices économiques potentiels qui résulteraient d'une libéralisation. Elle montre ainsi que les emplois directs dans le domaine du transport aérien tendent à être plus qualifiés et mieux rémunérés que les autres, ce qui entraîne des retombées socio-économiques positives pour les salariés, leurs familles et leurs communautés. Une libéralisation plus poussée du transport aérien pourrait générer dans ce secteur, selon l'étude, quelque 15 000 emplois directs dans les 12 pays analysés (Sénégal, Tunisie, Algérie, Egypte, Nigéria, Ouganda, Ghana, Ethiopie, Kenya, Angola, Namibie et Afrique du Sud). Ce chiffre inclut les emplois dans les compagnies aériennes, les opérateurs aéroportuaires, les contrôleurs aériens, l'assistance au sol, les équipes de sécurité, les douanes et le contrôle aux frontières, la maintenance des appareils, etc. Ce surcroît d'activité aurait aussi des effets induits sur les secteurs situés en aval, comme le commerce alimentaire de gros pour la restauration à bord, ou les raffineries fournissant le kérosène, les agences de voyages qui commercialisent les billets, etc. On estime ainsi à environ 23 000 le nombre d'emplois indirects supplémentaires créés dans ces différents domaines d'activités. Une libéralisation aboutie pourrait également doper le développement du tourisme, générant pour les 12 pays 1,3 million de dollars supplémentaires. La Banque mondiale souligne que le tourisme est à même de stimuler le développement d'un grand nombre de secteurs économiques, qui vont du bâtiment à la culture, en passant par des industries plus avancées comme les télécommunications ou les services juridiques et financiers (Banque mondiale, 2013). Les bénéfices socio-économiques indirects s'étendent en outre à des activités connexes au secteur touristique, comme par exemple la restauration, les taxis et les compagnies de transport – autant de domaines qui procurent des emplois et des revenus à des milliers de salariés sur l'ensemble du continent africain. L'essor du tourisme résultant de la libéralisation du marché aérien pourrait permettre de créer dans ce secteur et dans les secteurs liés plus de 75 000 emplois directs et indirects. L'amélioration des services de transport aérien peut bénéficier à beaucoup d'autres secteurs de l'économie en favorisant le développement des échanges, en attirant de nouvelles entreprises, en encourageant l'investissement et en renforçant la productivité. Une meilleure connectivité du transport aérien peut attirer certaines activités dans des zones où elles ne pourraient pas être présentes autrement. L'impact positif d'une ouverture du marché du transport aérien sur les échanges commerciaux, l'investissement et la productivité peut être estimé à 42 000 emplois supplémentaires pour l'ensemble des pays étudiés, ce qui correspond à un PIB additionnel de 343 millions de dollars. Pour les 12 pays considérés, poursuit l'étude, la croissance du trafic aérien, du tourisme, du commerce, de l'investissement et de la productivité, associée aux autres retombées économiques, contribuerait à créer un nombre considérable d'emplois et à doper significativement l'économie. La libéralisation du marché dans ces pays permettrait en tout la création de 155 100 emplois et une augmentation du PIB annuel de 1,3 milliard de dollars (soit environ 0,07 % du PIB cumulé de ces 12 pays). Les effets vertueux sur l'emploi iraient bien au-delà du domaine du transport aérien et seraient susceptibles de favoriser la productivité et la création de valeur dans de nombreux autres secteurs de l'économie, pour l'ensemble du continent africain, relève l'étude cité par l'Agence Française de Développement PROPARCO dans le dernier numéro de sa revue « Secteur privé& développement ».