La croissance du continent reflète aussi l'évolution des investissements directs étrangers (IDE) et d'autres flux financiers externes. La structure des IDE a également changé au fil des ans, de sorte qu'ils ne sont plus concentrés dans les industries extractives. Environ 48 % des entrées totales d'IDE en Afrique sont désormais orientés vers des secteurs autres que celui des ressources naturelles, ce qui traduit l'émergence d'autres secteurs en tant que vecteurs importants d'investissements et de croissance. Par contre, les marchés boursiers ont enregistré des sorties nettes d'investissements de portefeuille. Les entrées nettes d'investissements de portefeuilles, qui s'élevaient à 23,1 milliards d'USD en 2014, sont tombées à 13,4 milliards d'USD en 2015, soit une sortie de 10 milliards d'USD durant la période. La diminution a principalement touché les secteurs des ressources naturelles, affectés par la baisse brutale des prix des produits de base. D'où l'importance de renforcer les sources de recettes internes pour contenir les effets déstabilisateurs sur l'économie déclenchés par la volatilité des flux externes d'investissements de portefeuille. Disparités dans la croissance économique régionale La croissance de l'Afrique présente d'importantes disparités entre régions et pays, qui traduisent des différences dans la dotation en ressources, les degrés de fragilité, d'exposition aux chocs régionaux et mondiaux, de flexibilité et de vigueur de réaction à ces chocs. En Afrique de l'Est, la croissance a été constamment plus forte que dans les autres régions, en dépit de quelques chocs propres à cette partie du continent, notamment des problèmes d'insécurité et des variations périodiques des conditions météorologiques. La croissance moyenne en Afrique de l'Est en 2015 est estimée à 6,3 %, en légère baisse par rapport aux 6,5 % enregistrés en 2014. Un recul de la croissance de la production au Burundi et au Soudan du Sud, qui ont l'un et l'autre connu l'instabilité politique en 2015, a tiré la performance économique de la région vers le bas. Cependant, l'ampleur de cette contraction a été atténuée par une croissance plus forte dans d'autres pays de la région, notamment Djibouti, l'Éthiopie, le Rwanda et la Tanzanie. L'Afrique centrale a connu une chute brutale de sa croissance, à 3,7 %, contre 6,1 % en 2014. La baisse des prix du pétrole a contribué à la chute, de 6 à 1,2 %, de la croissance de la production au Congo, tandis que la baisse des prix des métaux a entraîné un léger recul de la croissance de la production en RDC, celle-ci s'étant établie à 7,7 %, contre 9,2 % en 2014. Toujours est-il que ce taux était supérieur à celui de 7 % jugé nécessaire pour faire baisser sensiblement les niveaux de pauvreté. La traduction de cette croissance en réalisations de développement tangibles reste cependant un défi pour le pays, qui devra mener des efforts concertés pour consolider les gains réalisés jusque-là. En Afrique de l'Ouest, à 3,3 %, la croissance s'est établie à environ la moitié de son taux de 2014 (6 %). Cette baisse a été principalement due à la dégradation des résultats du secteur pétrolier au Nigeria, dont l'économie est la plus grande de la région, et au Niger, autre pays tributaire des produits de base. Bien que la part des pays touchés par l'épidémie d'Ebola dans le PIB global de l'Afrique de l'Ouest soit modeste, la faiblesse de la croissance en Guinée (0,1 %) et au Libéria (0,4 %), et la grave contraction en Sierra Leone (-21,5 %) ont également plombé la croissance de la production dans la région. En Afrique du Nord, la croissance a plus que doublé, à 3,5 % contre 1,4 % en 2014, sur fond d'améliorations dans l'environnement politique et économique, surtout en Égypte. Le regain de confiance des entreprises dans ce pays, dont l'économie est la plus grande de la région, s'est traduit par une expansion de la croissance à 4,2 %, contre 2,2 % en 2014. Cependant, la reprise économique dans la région a été éclipsée par l'instabilité politique en Libye, avec ses effets pervers sur la production pétrolière, et les attaques terroristes en Tunisie, qui ont entraîné une contraction d'environ 15 % dans le secteur touristique du pays. En Afrique australe, la croissance a ralenti à 2,2 % en moyenne en 2015, contre 2,8 % en 2014, ce qui en fait la région ayant enregistré la croissance la plus lente sur le continent. Tous les pays de la région, sans exception, ont affiché une croissance plus lente. En général, la région a connu des chocs structurels majeurs, découlant en grande partie d'une pénurie aiguë d'énergie et de conditions météorologiques défavorables, qui ont affecté la production agricole et les niveaux d'eau pour la production d'énergie hydroélectrique. Cette situation a été exacerbée par la baisse des prix des produits de base. Ces facteurs conjugués ont entraîné la réduction des activités minières et des recettes en devises, et la dépréciation des taux de change. Même au Mozambique, dont la croissance a été la plus rapide de la région, la croissance a ralenti à 6,3 %, contre 7,2 % l'année précédente. L'Afrique du Sud, dont l'économie est la plus grande de la région, a encore affiché une croissance modeste, en raison de la faiblesse de la demande et des prix des métaux, qui représentent une part importante des exportations du pays. Ce problème a été exacerbé par des problèmes d'approvisionnement en électricité qui ont affecté l'activité économique dans de nombreux secteurs de l'économie. En conséquence, le croissance du PIB réel du pays a baissé à 1,3 % en 2015, contre 1,5 % l'année précédente.