En vue de commémorer l'anniversaire du traité d'amitié entre le Maroc et l'Espagne, l'institut Cervantès de Rabat a consacré toutes les activités du mois de mai pour fêter cet événement, sous la houlette de son directeur Javier Galvan Guijo et sa dynamique collaboratrice Olvido Salazar-Alonso Revuelta. Parmi les activités qui ont marqué cet événement de portée culturelle, historique et symbolique, l'hommage rendu à la comédienne et réalisatrice Chus Gutiérrez, venue animer le débat sur ses films, en particulier celui qu'elle a tourné au Maroc en 2008, "Retorno a Hamsala", dans les environs de Beni Mellal, l'occasion de prendre attache avec la réalité, et celui qu'elle a consacré au flamenco, "Sacromonte, los patriarcas de la tribu", une manière de rendre hommage à des artistes en voie de disparition. Cet hommage vient consolider l'accord de coopération cinématographique signé entre le Maroc et l'Espagne il y a près de 20 ans. Cependant, cet accord n'a jamais été efficacement fructifié et les résultats sont très en-deçà des attentes sachant que l'échange cinématographique a été révélé dès les années 10, quand Rafael Salvador tourna une partie de son film ""La espana tragica" au nord du Maroc encore sous occupation espagnole. Depuis, bon nombre de cinéastes ibériques se sont aventurés à conquérir cinématographiquement l'espace marocain en particulier le nord, souvent pour consolider les visées coloniales, parfois pour illustrer des histoires sentimentales, policières, historiques ou autres. On assiste aujourd'hui à une effervescence sur le plan du cinéma, compte tenu de la prise de conscience de la part des cinéastes marocains et espagnols, à porter sur écran les problèmes qui préoccupent les sociétés respectives, notamment le commerce de la drogue et le phénomène de l'immigration, thèmes privilégiés de part et d'autre de la méditerranée. Aussi, à maintes occasions, les techniciens espagnols ont pris part à la confection de films marocains, compétence oblige. Le chef opérateur Federico Ribes continue de consolider sa carrière "marocaine", déjà enrichie autour de films aussi célèbres que "Badis"(1988) et "Les voisines d'Abou Moussa"(2003). De meme pour son compatriote Jose Luis Alcaine, ce natif de Tétouan à qui l'on doit l'image de "Juanita de Tanger"(2005). Les films marocains ont bénéficié de la contribution de techniciens aussi célèbres que Pedro del Rey ou Orlando Alegria à l'image. Les compétences espagnoles s'élargissent également le montage et le son. Sur le plan de l'interprétation, que de comédiens ibériques ont enrichi par leur présence la cinématographie marocaine allant de Fernando Rey (Les cavaliers de la gloire) à Maribel Verdu ‘Badis), de Roberto Hoyas (Solei-Man) à Victoria Abril (Et après ...), de Javier Rey (Meghis) à Mariola Fuentes (Juanita de Tanger), campant des personnages crédibles originaux en conformité avec les spécificités méditerranéennes.