Véritable monument du septième art, Francis Ford Coppola, cinéaste américain d'origine napolitaine auteur de l'incontournable trilogie des Parrains et Apocalypse Now retraçant la guerre du Vietnam, a signé Tetro, son grand œuvre projeté lors de l'hommage qui lui a été rendu au 10e FIFM. Réalisé et produit par Francis Ford Coppola, Tetro (2009) serait inspiré de la vie du célèbre cinéaste. Séduit par l'Argentine, qu'il découvre près de deux ans auparavant en accompagnant sa fille, Sofia Coppola, également réalisatrice, lors d'un festival cinématographique où elle présentait l'un de ses films, il décide alors d'écrire un scénario qui se situera en partie à Buenos Aires. « J'ai d'emblée été sous le charme de cette ville, à l'architecture européenne mais à l'âme latine, profondément méditerranéenne », explique-t-il. Il décide de s'y installer pendant une année afin de s'imprégner du parfum et de la vie de la cité. L'histoire de cette œuvre sublime ? Angelo Tetrocini (Vincent Gallo), qui choisit pour surnom Tetro, signifiant le triste, afin de renaître et de faire table rase du passé, renonce à ses ambitions littéraires et coupe les ponts avec sa famille. Toujours passionné de théâtre et de dramaturgie, il vit à Buenos Aires aux côtés d'une jeune femme (Maribel Verdu) qu'il a rencontrée à l'asile psychiatrique alors qu'elle y animait une émission de radio. Bennie (Alden Ehrenreich), son frère cadet, garçon de dix-huit ans naïf et ingénu, le retrouve alors qu'il a disparu depuis plus de dix ans. Leurs retrouvailles sont ombrageuses, Tetro étant mélancolique et torturé, toujours habité par les souvenirs de sa première vie. Filmé en noir et blanc, à l'exception des scènes de flash-back, Tetro est basé sur la lutte avec les démons intérieurs d'un homme, artiste à la sensibilité exacerbée, vouant une haine sans borne à son père, chef d'orchestre renommé. Au-delà des ressentiments et de la rivalité qui oppose l'oncle -autre personnage important- au père, tous deux musiciens et animés par une lutte féroce qui n'est pas sans rappeler les liens destructeurs entre les frères du Parrain II , ce dernier ouvrage de Francis Ford Coppola dégage une débordante fureur de vivre, auréolée par le spectre de la mort : les scènes de voitures et de vitesse ponctuent le film, rappelant celles de La Fureur de vivre (de Nicholas Ray, en 1955 avec James Dean et Nathalie Wood). Un autre parallèle entre l'histoire du cinéaste et de cette œuvre serait d'autant plus marquant, Tetro serait l'autobiographie affichée de Coppola. Il s'est attaché à écrire le scénario, comme précédemment avec « Conversation secrète », signé en 1974. Il évoque sa relation avec son frère aîné, étrangement disparu quand il avait quatorze ans. « Il était un modèle pour moi, et m'emmenait partout où il allait », précise le cinéaste. Incroyable fresque de trahison, d'amour et de mort, Francis Ford Coppola, en magistral maestro y révèle le secret de cette famille, enfin exhumé dans la dernière partie de Tetro. On n'en dira pas davantage, c'est un secret qu'il faut découvrir au fil du film…