A quelques mois de la tenue à Marrakech du 7 au 18 novembre 2016 de la Conférence mondiale sur le climat (COP22), l'Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES) rend publique une étude intitulée : « Quelle diplomatie climatique pour le Maroc ? ». Il en ressort que le Royaume, malgré sa faible émission du gaz à effet de serre, reste fortement impacté par le changement climatique, mais entend continuer à soutenir les efforts de la communauté internationale pour faire face au défi climatique. En témoigne la Convention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique qu'il a signé en 1992 et l'a ratifié en 1995. Il a également abrité, en 2001 à Marrakech, la septième Conférence des Parties (COP 7), qui a rendu opérationnel le Protocole de Kyoto. Il a ratifié ce Protocole en 2002. Quant à la position déclarée du Maroc au sein de ces conférences, elle consiste à confirmer son engagement pour renforcer le processus de négociation pour un nouvel accord et mode de gestion du climat, basé sur les principes de respect de la responsabilité commune mais différenciée. Il prône aussi le droit du développement à tous les pays en insistant sur le rôle des pays développés dans le renforcement des capacités, le transfert des technologies et le financement des mesures d'atténuation et d'adaptation dans les pays en développement. De même, le Maroc s'évertue à se conformer le plus complètement possible aux engagements fixés dans la Convention-cadre des changements climatiques et des traités et décisions qui ont suivi. La position du Maroc est de contribuer aux engagements globaux en mettant l'accent sur les programmes d'atténuation alors que sa responsabilité en matière d'émission des GES (gaz à effet de serre) est négligeable, estime l'IRES. Cette position le met cependant en décalage flagrant avec les enjeux majeurs du pays face aux risques climatiques et ses besoins prioritaires en termes d'adaptation et de prévention des risques. En effet, poursuit la même source, si cette position fait du Maroc un pays en développement exemplaire en termes d'atténuation à travers, notamment, son programme ambitieux en matière des énergies renouvelables, il n'en demeure pas moins, qu'en matière de changement climatique, il s'agirait plutôt d'être plus entreprenant pour défendre ses intérêts stratégiques principalement centrés sur la raréfaction, voire la pénurie d'eau dans un futur non lointain et sur les mesures qu'il faudrait prendre pour éviter les conséquences désastreuses du changement climatique. Les défis majeurs D'où la nécessité d'un projet national et d'une stratégie de prévention des risques climatiques sur lesquels pourrait s'appuyer la diplomatie climatique afin que le Maroc puisse relever les défis majeurs. Premier enjeu : sécurisation de l'avenir, en protégeant les populations, les infrastructures et les activités économiques contre les risques climatiques, à savoir la sécurité d'approvisionnement en eau, la sécurité alimentaire, la sécurité sanitaire et la protection contre les catastrophes naturelles. Le second défi à relever a trait à la valorisation économique des territoires fragiles (zones arides, littorales et montagnes) dont le potentiel serait fortement amoindri par une accentuation de l'aridité, voir une désertification de plus en plus étendue. Le Maroc est appelé aussi à renforcer le développement humain des couches sociales les plus modestes pour augmenter leurs capacités et améliorer leurs conditions de vie leur permettant de faire face aux risques attendus. La diplomatie climatique devrait, dans ce sens, mobiliser les financements nécessaires à la réalisation, au plus vite, des projets d'envergure en matière de lutte contre les risques climatiques, relève-t-on de l'étude. Dans le même ordre d'idées, l'IRES souligne que les positions collectives des groupes et alliances auxquelles appartient le Maroc (groupe africain, G77+la Chine et groupe des pays arabes) ne traitent pas suffisamment et de manière ciblée les défis du Maroc, en l'occurrence, faire face à une extrême vulnérabilité climatique, mener des programmes qui, entre autres, sécurisent ses ressources naturelles stratégiques. Sur un autre plan, l'étude de l'IRES recommande, pour rendre la diplomatie climatique marocaine plus performante, la mise en place d'une feuille de route qui permettra au Royaume de défendre ses intérêts climatiques stratégiques, tout en continuant en même temps à contribuer aux efforts de la communauté internationale. Cette feuille de route pourrait s'articuler autour de trois principaux axes. D'abord, une politique nationale globale et intégrée à la hauteur des défis stratégiques du pays, traduite en stratégie de prévention des risques climatiques, à adopter par une loi-cadre pour assurer sur le long terme la continuité et l'efficacité dans sa réalisation. Le second axe est relatif à une diplomatie climatique dont le cœur du mandat de négociation est de faire valoir la stratégie nationale précitée, d'œuvrer pour l'adhésion des partenaires et l'engagement des investisseurs potentiels à valoriser les opportunités offertes et de réunir les conditions de succès de la COP22. L'IRES suggère enfin une alliance diplomatique dont les intérêts stratégiques convergent avec ceux du Maroc et qui offre plus d'opportunités de coopération économique et technologique pour lever les défis climatiques futurs. « La mise en œuvre de cette feuille de route est d'autant urgente que le Maroc se prépare à accueillir la COP 22 qui aura lieu à Marrakech en novembre 2016 », affirme l'IRES.