Les Algériens n'arrivent pas à comprendre que les Français, avec qui ils ont d'importants intérêts économiques, aient d'aussi bonnes relations avec les Marocains. Non seulement les investisseurs français se bousculent au portillon pour planter des unités de production au Maroc, mais pis encore pour Alger, Paris penche ouvertement pour la solution marocaine au conflit du Sahara, à savoir le plan d'autonomie avancée, et ses hauts responsables politiques ne manquent pas une occasion pour l'affirmer haut et fort. Le récent rapprochement du Maroc avec la Russie, un allié de vieille date de l'Algérie, aurait dû, pourtant, pousser les Algériens à s'interroger sur la pertinence de leur politique étrangère. Le temps des affrontements idéologiques à l'échelle planétaire est bel et bien mort et enterré et les ressentiments envers les pays voisins n'ont jamais constitué des fondements sur lesquels on peut bâtir une stratégie géopolitique. Les partenaires du Royaume, qui ont également d'importantes relations avec Alger, apprécient le pragmatisme des Marocains, qui ne sont jamais offusqués des liens d'amitié et de coopération que lesdits partenaires entretiennent avec leurs voisins de l'Est. Mieux encore, Rabat n'a jamais mêlé business et sentiments, une position de bon sens qui découle du fait que le Royaume ne s'appuie sur aucune rente gazière pour alimenter ses finances publiques et ne compte que sur les bras et les têtes de ses citoyens pour stimuler son développement. Alors que les investisseurs étrangers n'apprécient pas du tout les entraves administratives rencontrées chez le pays voisin de l'Est, même si le marché est porteur, les autorités algériennes éprouvent un malin plaisir à saboter l'attractivité de leur pays, tout en faisant passer leur bêtise économique pour du nationalisme auprès de leur opinion publique. Qu'est-ce qui expliquerait, par exemple, le report à une date ultérieure d'une usine de Peugeot en Algérie ? A en croire la presse algérienne, c'est la réaction, insensée, d'Al Mouradia à la position de Paris envers la question du Sahara. Les dirigeants du groupe automobile allemand Volkswagen en savent tout aussi long sur les méandres du parcours politico-administratif dans lequel s'enlisent les projets d'investissements pendant des années, avant de pouvoir voir le jour. Ceux qui dirigent effectivement le pays voisin, à l'ombre d'un président mourant, seront bien obligés, un jour ou l'autre, de rendre des comptes de leur politique actuelle et expliquer cet entêtement aux chômeurs algériens, ainsi privés de précieux postes d'emplois, ainsi qu'aux générations futures, qui ne vont pas manquer de poser des questions sur le retard d'industrialisation pris par l'Algérie. L'Algérie n'a pas besoin d'adversaires pour entraver son développement socioéconomique, ni pour ternir son image sur la scène internationale, ses dirigeants étant largement suffisants pour ce faire. Alors que la publication des « Panama Papers » a été jaugée par les Marocains, responsables politiques et opinion publique, pour ce qu'elle est, une simple opération de propagande et de dénigrement à laquelle il serait idiot d'accorder plus d'importance qu'elle n'en a, nos chers voisins de l'Est en ont été tellement outrés qu'ils en ont commis un grave impair : priver de visas des journalistes d'organes de presse et de médias audiovisuels français qui devaient accompagner le Premier ministre Manuel Valls dans sa récente visite à Alger. Les esprits malsains qui hantent Al Mouradia, profitant de l'état de santé déliquescent du président Bouteflika, doivent peut-être méditer le propos de la mère de Forrest Gump, personnage de fiction cinématographique : « N'est stupide que la stupidité » !