Une table ronde sous le thème : « COP22 : Quelles ambitions pour concrétiser le succès de Paris ? » vient d'être organisée le 3 mars à Rabat. L'objectif est de réfléchir sur les défis stratégiques, structurels et logistiques que représente l'organisation de la Conférence mondiale sur le climat (COP22), qui aura lieu du 7 au 18 novembre 2016 à Marrakech, et proposer des pistes et recommandations pour faire du rendez-vous de la ville ocre un moment historique. Un rendez-vous qui connaîtra la présence que quelques 30.000 personnes, dont 8.000 délégués de la société civile, 1.500 journalistes et des députés du monde entier Des acteurs institutionnels, économiques et diplomates ont pris part à cette rencontre, initiée par l'Institut Amadeus dont son président-fondateur est Brahim Fassi Fihri. «L'accord de Paris établit un cadre et une architecture pour réduire collectivement et durablement les émissions à effet de serre. Il ne s'agit pas encore d'un véritable "Programme Climatique Mondial" précis, opérationnel et juridiquement contraignant, qui assure de manière irréversible le passage aux actes. L'importance de la COP22 est d'assurer la mise en œuvre de l'accord de Paris à travers notamment la définition des outils et mécanismes devant contraindre les Parties à respecter, à partir de 2020, leurs engagements pris à Paris. Ça sera à la Présidence marocaine et aux négociateurs d'impulser, de porter et d'encadrer les discussions autour de cette mise en œuvre », a souligné M. Fassi Fihri. «Si le GATT en 1994 a marqué les esprits de toute une génération de marocains, la COP22, à l'heure de l'information accélérée et partagée, restera grave dans l'imaginaire collectif de nos compatriotes comme un événement qui fera leur fierté compte tenu de son caractère universelle et de l'urgence climatique », a-t-il rappelé, ajoutant que « à aucun titre, aucune comparaison n'est possible avec tous les évènements internationaux et multilatéraux organisés au Maroc et en Afrique : La COP22 sera largement plus importante que la COP7 (Marrakech 2001 – 3000 participants) et que le Sommet du GATT (Marrakech 1994 – 2500 participants et 100 pays) ». Hakim El Haite, ministre déléguée en Charge de l'Environnement, a insisté, pour sa part, sur la légitimité du Maroc pour accueillir et présider la COP22 grâce à la politique clairvoyante de SM le Roi dans le domaine des énergies renouvelables et du développement durable. « Le Maroc connait une dynamique exceptionnelle matérialisée par la constitutionnalisation du développement durable, la mise en place d'institutions pour le renouvelables, l'efficacité énergétique et l'environnement, la mise en place d'une stratégie nationale de développement durable qui impose à tous les ministères de prendre en considération l'aspect durabilité et climat dans leur politique. Autant de mesures qui constituent un article de l'Accord de Paris et que le Maroc a déjà mises en œuvre. Quand on lit les paragraphes et les articles de l'accord, on a l'impression que ce sont des articles très spécialisés, mais la réalité de cet accord est la préservation de la dignité humaine ( ). C'est un accord qui a un visage humain », a-t-elle souligné. L'Ambassadeur-Négociateur de la COP22, Aziz Mekouar a affirmé, quant à lui, que le succès de la COP22 dépendra non seulement du travail exhaustif qui sera fait en amont par les partis concernés mais surtout de l'appropriation par tous les marocains de l'idée du changement climatique et d'une société « climat sensible ». Etait présent aussi à cette table-ronde, Abdallah Mokssit, directeur de la Météorologie Nationale du Maroc. En parlant de dérèglement climatique, il a tiré la sonnette d'alarme : « les phénomènes extrêmes n'épargnent plus aucun pays. A cet effet, il a insisté sur «l'importance de migrer vers une forte connaissance des gestions de crise mais surtout avoir la capacité d'anticiper les crises car nous ne sommes plus dans une situation de confort ». La COP22 n'est pas uniquement « marocaine », mais aussi africaine En somme, les participants ont été tous unanimes à dire que la COP22 n'est pas uniquement « marocaine » mais il s'agit surtout d'une COP africaine. A ce titre, le Maroc œuvrera pour assurer la compensation financière des Etats africains et donc leur adaptation à la lutte contre le changement climatique tout en assurant leur développement. Un travail qui fait partie de l'agenda pré-2020 dans lequel il sera question pour le Maroc d'aider à la facilitation du transferts de technologie, d'étendre les initiatives en faveur des énergies renouvelable ou encore de mobiliser des fonds pour le financement des projets d'adaptation. Le volet du financement a été également soulevé. Les outils de financement constituent un des points majeurs qui sera discuté lors de la COP22 à Marrakech et un des éléments pivots de l'opérationnalisation des Accords de Paris. Le Maroc devra travailler sur l'élaboration d'une cartographie et d'un chiffrage des financements disponibles et étudier la ventilation des flux financiers entre le secteur privé et public. Enfin, il a été rappelé que la COP22 n'est pas tant un évènement qu'un processus qui a déjà démarré et qui s'étendra au minimum jusqu'à la fin de la présidence marocaine en fin 2017. Il y a donc le souci de « désévènementialiser » la COP. Le Maroc, en tant que pays hôte, se prépare sur le plan technique et sur la négociation avec les 197 états partis pour assurer la mise en œuvre de l'accord de Paris. L'enjeu pour le Royaume sera de mobiliser le plus grand nombre de Parties à ratifier et approuver les Accords de Paris avant la COP 22 et donner le ton à l'agenda climatique 2016-2017. A noter que l'accord de Paris (COP21) doit être signé le 22 avril à New York par au moins 55 pays représentant au moins 55% des émissions mondiales. Il sera ratifié progressivement par les parlements du monde d'ici octobre prochain.