Le derby casablancais joué dimanche dernier a confirmé deux faits : - La décadence du niveau technique du football marocain - La montée en puissance du hooliganisme Le Maroc est devenu, malheureusement, ces derniers temps une référence en matière de hooliganisme. Si le hooliganisme, les actes de vandalisme et de violence ne sont pas nouveaux au Maroc, leur recrudescence, au contraire, a monté d'un cran cette saison. Face à ce phénomène, la FRMF a pris des mesures (amendes, matchs à huis clos...) contre l'IRT, ASFAR, HUSA, RCA qui se sont avérées inefficaces. Pour rappel et au cours des deux dernières décennies, la FRMF et le défunt GNF ont essayé de diagnostiquer le mal par l'organisation de séminaires, journées d'étude et campagnes de sensibilisation avec la participation des différents intervenants (Associations de supporters, services de l'ordre). Hélas, le mal n'a pas été contourné à cause de l'absence d'études scientifiques et sérieuses. Les seules références existantes sont des analyses de journalistes ou d'observateurs. Le hooliganisme est un phénomène sociétal où se mêlent le psychologique, l'anthropologique, le sociologique, le politique, l'économique...Dans les pays où le hooliganisme a fait des dégâts énormes tels la Grande Bretagne, l'Allemagne ou la France, de vrais spécialistes se sont penchés sur le phénomène pour donner naissance à une littérature abondante. Le résultat est là, où les stades sont devenus de véritables salles de théâtre et où les familles se retrouvent chaque week-end avec plaisir. Au Maroc, le phénomène est devenu complexe et différent de ce qui s'était passé en Europe. Les acteurs sont, en majorité, des adolescents et des mineurs issus de milieux défavorisés. Le hooliganisme, bien au-delà de sa relation avec le football et avec le club supporté, se présenterait comme l'expression d'un mal-être social que seule la violence peut exprimer. Ce mal-être est perceptible dans les foules des spectateurs dans les terrains de football, même en dehors d'un enjeu réel en relation avec un club donné. Les exemples les plus édifiants à cet égard sont les incidents survenus lors de l'inauguration des nouveaux stades de Tanger et de Marrakech. Seule une approche globale du problème permet de le circonscrire et éventuellement le réduire et l'éradiquer Au Maroc, il est difficile de réunir toutes les conditions même si le fléau du hooliganisme s'amplifie de saison en saison. Le recrutement et la formation de "stadiers" ne pourraient être assurés et cela dans des conditions plus que précaires, que par quelques rares grands clubs dotés d'un budget conséquent. Or, les hooligans sont présents dans toutes les villes et supportent tous les clubs. La plupart des supporters sont laissés à leur propre liberté, sans encadrement ni directives. Si les supporters du Raja ou ceux du Wydad sont parfois exemplaires à l'intérieur du stade, par la présentation de tifos et de chants, leur comportement en dehors du stade relève du hooliganisme pur et dur. Face à la montée du hooliganisme, le Parlement a déjà adopté un projet de loi qui punit très sévèrement les auteurs de violences à l'intérieur des stades, mais cette loi n'est pas encore appliquée. Il est temps que les pouvoirs politiques, au Maroc, doivent prendre le taureau par les cornes quitte à prendre des mesures draconiennes ou à suspendre toutes les activités sportives jusqu'à la sortie du tunnel. Quant à la FRMF et la Ligue professionnelle, elles doivent faire leur autocritique et remettre en cause leur gestion qui n'a rien de professionnelle. L'organisation des supporters est à revoir car les Ultras n'ont enfanté que la violence. La législation doit suivre pour mettre au point des lois susceptibles de circonscrire le phénomène.