Quarante-quatre personnes, dont 19 mineurs, ont été présentées au parquet près le tribunal de première instance de Casablanca, après les actes de hooliganisme survenus samedi lors du match entre le Wydad de Casablanca et les FAR au complexe sportif Mohammed V. Les accusés ont été présentés à la justice pour hooliganisme, destruction d'une infrastructure sportive d'utilité publique, violences sur agents de l'Etat lors de l'exercice de leurs fonctions, destruction de biens publics, vol avec violence et possession d'armes blanches. Les informations obtenues grâce à l'enquête et à la vidéo-surveillance ont permis d'identifier un groupe d'individus impliqués dans ces actes de hooliganisme, ajoute la même source soulignant que des avis de recherche ont été lancés pour leur arrestation et présentation devant les autorités judiciaires compétentes. La violence dans les stades est un phénomène récurrent qui prend des proportions alarmantes interpellant les responsables du sport marocain à prendre des mesures pour extirper ce mal pour le bon déroulement des compétitions sportives dans un climat sain loin de toute réaction de violence entachant l'essence même du sport. Dans une lettre adressée mardi à la Fédération royale marocaine de football (FRMF), le Wydad s'est dit “profondément ému et extrêmement soucieux de la gravité des incidents” ayant émaillé, samedi dernier au complexe sportif Mohammed V, la rencontre WAC/FAR (2-0). « En attendant que toute la lumière soit faite sur les causes de ce regrettable drame dont a été victime un supporter innocent, nous vous demandons de faire jouer à huis clos le restant des matchs du Championnat Pro Elite 1, saison 2011/2012, que nous devons recevoir à domicile », demande le club dans sa lettre. Le championnat national de football a été profondément marqué par ce fléau, qui s'est étendu aux gradins voire en dehors des enceintes sportives et dont les auteurs sont “des supporters” irresponsables en majorité des mineurs non accompagnés.Au Maroc, le hooliganisme n'est pas mort. Au contraire, il a même ressuscité. Le bilan à la mi-saison est alarmant. L'année du lancement de la saison dite professionnelle est malheureusement entachée par la violence dans les stades qui prend des ampleurs de plus en plus inquiétantes. Jets de pierres, utilisation d'engins détonants et casses sont en hausse. Malgré les sanctions, les campagnes de sensibilisation ou encore les textes de loi, le phénomène ne cesse de s'aggraver. Si les évènements qui ont provoqué l'arrêt du match CODM-MAS ont choqué, ceux du week-end dernier ayant perturbé la rencontre WAC-AS FAR laissent sans voix. Les fauteurs de troubles ont tout saccagé sur le terrain. Ils ont tout cassé. Et cette fois-ci, il y a eu mort d'homme avant même le début du match. Qui sont ces casseurs ? Il s'agit, selon la sûreté nationale, principalement de mineurs. Parmi les quarante-quatre personnes présentées au parquet, il y a en effet pas moins de 19 n'ayant pas encore l'âge légal. Les charges retenues contre eux vont de la destruction d'infrastructures sportives au vol avec violence en passant par la possession d'arme blanche et violences sur agents de l'Etat. On est donc loin du simple délit car là on entre carrément dans le début de la criminalité. Qui se cache réellement derrière ce fléau qui a tant empoisonné le foot national ? Que faire pour lutter efficacement contre ce genre d'actes qui nuisent à l'image du pays ? Les questions se multiplient. Les réponses aussi. Chacun y va de son raisonnement. Des plus farfelues aux plus pertinentes, tout le monde à une thèse. Tout le monde propose un remède. « Les événements du complexe sportif Mohammed V ont clairement démontré la gravité du fléau. On voit que ce phénomène s'intensifie. Les associations de supporters et les autorités publiques doivent réagir de manière collective et constructive afin de mettre ces hooligans hors d'état de nuire », lance Abdelhak Rizkalla, président de l'Amicale des entraîneurs marocains. Pour le président du club du RAC, la loi n'est pas appliquée. Il faudra, dit-il, interdire l'accès aux stades aux mineurs non accompagnés. D'ailleurs, la loi contre le hooliganisme, fraichement mise en place, prévoit cette mesure alors que sur le terrain, rien. A quelques semaines du derby Casablancais, les gens de la fédé et les responsables des deux clubs et les autorités sont désormais sous pression. Il ne s'agit pas seulement de maîtriser la foule, mais même le complexe sportif Mohammed V pose problème. Les normes de sécurité du stade datent en effet des années 70. En témoigne d'ailleurs les évènements du match du Wydad contre l'équipe militaire. Que faut-il faire afin d'éviter un débordement lors du plus grand rendez-vous du championnat national Raja-WAC ? Le renforcement du dispositif sécuritaire suffira-t-il ? Faut-il transférer le match dans une autre ville ? Les rumeurs vont bon train. Rien n'est toutefois officiel. Pour Ahmed Ghaibi, président de la commission de programmation à la Fédération royale marocaine de football (FRMF), il est encore trop tôt pour évoquer le sujet. Il affirme qu'actuellement la fédération se penche plutôt sur les évènements du match WAC-FAR. « La FRMF étudie les rapports de l'arbitre et du commissaire du match WAC-FAR avant de les soumettre à la commission de discipline, afin de prendre les mesures nécessaires », affirme-t-il.