Le Maroc constitue pour les Nations-Unies un cadre approprié pour la réflexion sur de nouvelles actions pour l'égalité des sexes, a estimé la Représentante de l'ONU-Femmes, Bureau multi-pays pour le Maghreb, Leila Rhiwi. Intervenant à l'ouverture d'un séminaire, organisé à Rabat, par le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), sur le thème «Une nouvelle perspective pour l'égalité de genre au Maroc: quelle responsabilité pour les hommes ?», Mme Rhiwi a relevé que, si la société marocaine demeure encore patriarcale, force est de constater qu'»elle connaît aujourd'hui un débat public ouvert et propice à l'émergence d'une nouvelle forme d'engagement des hommes et des garçons». «Le cas du Maroc illustre alors à la fois la nécessité et la complexité d'élaborer une nouvelle perspective de l'égalité de genre», a-t-elle souligné, notant que le Royaume a inscrit, sans ambiguïté, l'égalité de genre dans sa Constitution. Par ailleurs, Mme Rhiwi, également Présidente du Groupe thématique Genre (GTG), a fait remarquer qu'il existe un écart frappant entre la position dominante des hommes dans les sociétés patriarcales et leur marginalisation dans les recherches, actions et initiatives, visant à promouvoir l'égalité des sexes, mettant l'accent sur la nécessité de s'interroger sur les masculinités, «cette forme culturellement idéalisée et socialement construite avec laquelle les hommes se définissent et sont définis par la société.» «Nous devons élaborer une nouvelle perspective de l'égalité de genre. Nous devons également rappeler aux hommes qui craignent de perdre leur autorité que l'égalité de genre n'est pas une équation à somme nulle et qu'il s'agit là d'une nécessité plurielle et transversale qui requiert une mobilisation collective», a martelé la Représentante de l'ONU-Femmes. Pour sa part, le Président du CESE, Nizar Baraka, a fait constater que l'effectivité du principe d'égalité entre les femmes et les hommes, nécessite une action volontariste, y compris législative, contre les préjugés et les stéréotypes discriminatoires, dégradants ou humiliants à l'encontre des femmes. En effet, les programmes d'éducation civique à l'école, l'enseignement et la formation professionnelle dans les entreprises et la fonction publique doivent inclure des programmes de prévention de ces messages discriminatoires, a estimé M. Baraka, appelant à promouvoir, à travers les médias, une image plus valorisante de la femme, en relatant, par exemple, des modèles de réussite au féminin. «Nous avons besoin de programmes intégrés complétés par une mobilisation des médias, de campagnes de communications participant à un changement de comportements, afin d'atteindre, au-delà de l'individu, l'ensemble de la société, et conduire à un changement permettant aux femmes d'atteindre l'égalité avec le soutien bienveillant des hommes», a-t-il souligné. Organisé en partenariat avec le GTG du système des Nations Unies, ce séminaire vise à offrir un espace pour effectuer une analyse de l'intégration des masculinités dans les questions de genre ainsi que le contexte marocain. Il se propose également de renforcer la prise de conscience sur la thématique d'égalité de genre et les différents enjeux, clivages et opportunités qui y sont liés et touchent directement les hommes et les garçons dans la société marocaine. En effet, des recherches et travaux menés notamment au Maroc ont démontré qu'il est nécessaire de passer au crible la façon dont les hommes et les jeunes garçons sont socialisés, de chercher à comprendre comment les normes de genre façonnent la construction de leurs personnalités, leur santé et leur développement, et comment les programmes et les politiques peuvent mieux répondre à leurs besoins, en conjonction avec les besoins des femmes et des jeune filles.