Une conférence sur le thème : « Corruption en entreprise : Quelle éthique pour une meilleure compétitivité ? » se tient aujourd'hui, 9 juin, à Casablanca. L'objectif est de discuter de l'impact de la corruption sur le monde des affaires marocain et du rôle que peut jouer le secteur privé marocain dans la lutte contre la corruption. Organisée par ESCA Ecole de Management, la conférence, qui entre dans le cadre du cycle annuel de conférences de cette institution, sera également l'occasion de discuter des « best practices » internationales en matière d'intégrité managériale et de programme d'éthique, des pratiques que pourraient adopter les entreprises marocaines dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption. « Au Maroc, le Gouvernement est aujourd'hui en phase de finalisation d'une stratégie nationale globale et intégrée de prévention et de lutte contre la corruption impliquant toutes les parties prenantes. L'entreprise marocaine est ainsi interpelée en tant qu'opérateur économique dans ce vaste chantier à venir », souligne ESCA Ecole de Management, dans un communiqué. Trois axes seront abordés lors de cette rencontre : « La corruption et ses impacts sur l'économie », « Stratégies de lutte contre la corruption et rôle du secteur privé » et « Ethique et bonnes pratiques pour les entreprises marocaines ». Vont prendre part à cette conférence, Abdesselam Aboudrar, président de l'Instance Centrale de Prévention de la Corruption (ICPC), Zakaria Fahim, président de la Commission « Ethique et Bonne Gouvernance » à la CGEM, Philippe Montigny, président de ETHIC Intelligence (agence internationale de certification anti-corruption) et Président de la Commission Anti-Corruption du Conseil Français des Investisseurs en Afrique, Bachir Rachdi, président Directeur Général d'Involys, et Abdessamad Bouzoubaa, Directeur RSE du Groupe Sofrecom (Groupe Orange). Force est de souligner que c'est le cabinet d'audit américain PricewaterhouseCo (PwC) qui a été chargé de trouver des remèdes à la problématique de la corruption au Maroc. Un phénomène qui est considéré, il est vrai, comme une fatalité. Elle touche pratiquement tous les secteurs. Elle intervient aussi bien au niveau de la sphère privée que professionnelle. Transparency International est, à cet égard, catégorique : le Maroc est un pays où la corruption reste encore très endémique. Selon son indice de perception de la corruption 2014, le Maroc est classé 80ème sur un total de 175 pays. Mais, en 2013, le Royaume était 91ème sur 177 pays, soit 11 places gagnées. Etant donné ainsi la gravité de ce fléau, qui fait perdre à l'économie marocaine, selon les estimations de l'ONG Transparency International, 1,5 milliard de dollars US par an, PwC recommande de débloquer environ 3,5 milliards de DH pour différents secteurs touchés par la corruption. Un budget qui devrait permettre, en principe, la réduction du taux de corruption de 75%, actuellement, à 45% d'ici 2025. Le cabinet d'audit américain recommande aussi, pour réduire au maximum l'impunité, de voter de nouveaux textes législatifs qui préciseront les mesures contre les personnes coupables de corruption. De même, PwC appelle le gouvernement à mettre en place un dispositif de plaintes et plates-formes de dénonciation avec toujours des critères précis et compréhensibles, des mesures pour le suivi des décisions de justice pour s'assurer de leur exécution, et une politique fiscale efficiente et un programme de diagnostic de mode de gestion des fonds publics... Ces mesures, compilées dans la stratégie de lutte contre la corruption 2015-2025, devrait permettre à termes, selon PwC, de rétablir la confiance entre le citoyen et l'administration publique et de rassurer la communauté internationale et les investisseurs étrangers quant à la transparence et à l'intégrité de l'administration marocaine, et d'augmenter, par conséquent, les Investissements Directs Etrangers (IDE) de 34 à 80 milliards de DH. A rappeler que c'est l'Instance Centrale de Prévention de la Corruption, créée en mars 2007, qui œuvre actuellement dans le domaine de la prévention de la corruption au Maroc. Elle est censée, entre autres, proposer au gouvernement les grandes orientations d'une politique de prévention de la corruption, notamment en matière de coopération entre le secteur public et le secteur privé pour lutter contre la corruption ; et d'informer l'autorité judiciaire compétente de tous les faits portés à sa connaissance à l'occasion de l'exercice de ses missions, qu'elle considère être susceptibles de constituer des actes de corruption punis par la loi.