Le groupe Da'ech a publié, dimanche 19 avril, une vidéo montrant l'exécution d'une trentaine d'hommes, présentés comme des chrétiens éthiopiens, par des jihadistes en Libye. Une vidéo filmée en Libye et mise en ligne, dimanche 19 avril, montre l'exécution d'au moins 28 hommes. Les victimes seraient des chrétiens qui auraient refusé de se convertir à l'Islam d'après les jihadistes. La diffusion de cette vidéo sur des sites jihadistes intervient deux mois après celle d'images d'exécutions de 21 chrétiens coptes, pour la plupart des Égyptiens, qui avait provoqué une réaction armée du Caire. La nouvelle vidéo de 29 minutes montre deux groupes d'hommes présentés comme des "fidèles" de "l'Église éthiopienne ennemie". Les 12 hommes du premier groupe sont égorgés sur une plage, tandis que les 16 du second sont tués par balles, à bout portant, dans une zone désertique indéterminée. Il est impossible de déterminer l'origine et les circonstances de la capture. L'enregistrement porte le logo de Da'ech et sa mise en scène présente des similarités avec la précédente vidéo sur la décapitation des 21 coptes. Les douze hommes, vêtus de combinaisons oranges, sont amenés sur la plage avant d'être couchés au sol et décapités au couteau. Un homme habillé en noir s'exprime en anglais alors que les autres bourreaux, un derrière chaque prisonnier, sont intégralement vêtus de treillis militaires et silencieux. Tous sont masqués. L'orateur, qui brandit un pistolet, menace les chrétiens s'ils ne convertissent pas à l'islam. Il déclare que « le massacre de musulmans (par vos) religions n'est pas gratuit (...). Nations de la croix, nous sommes maintenant de retour ». Les images des exécutions concluent la vidéo de 29 minutes. La bourse ou la vie Auparavant, elle montre des hommes, présentés comme des chrétiens de Syrie, expliquer que les jihadistes leur ont donné le choix de se convertir à l'islam ou de payer, et qu'ils ont choisi de donner de l'argent. Dans sa vidéo d'une demi-heure, le groupe terroriste envoie aussi un message aux Chrétiens d'Orient : après un « documentaire historique » entrecoupé de montages réalisés à partir du film « Kingdom of Heaven », de Ridley Scott, dont la trame se déroule à l'époque des croisades, des chrétiens de Raqqa, en Syrie, « témoignent » de leur condition : leur sécurité n'est garantie qu'à la condition de payer un impôt. Le message : se soumettre, payer, ou mourir : « l'État islamique va s'étendre et arriver jusqu'à vous (...), celui qui embrassera l'islam ou payera la jizia (impôt auxquels étaient soumis les non musulmans) vivra en sécurité. Quant aux autres, les hommes seront tués ; les femmes rendues en esclavage et les biens seront confisqués », menace le groupe. L'exécution de chrétiens Éthiopiens capturés en Libye par l'organisation terroriste Da'ech a été vivement condamnée par Addis-Abeba qui a fait part de sa détermination à combattre l'extrémisme. "Nous condamnons fermement de telles atrocités, qu'elles concernent des Éthiopiens ou d'autres" nationalités, a déclaré à des médias le ministre éthiopien de la Communication, Redwan Hussein. Il a ajouté que l'ambassade d'Éthiopie en Égypte tentait d'obtenir la confirmation de la "nationalité éthiopienne" de ces nouvelles victimes de Da'ech. La gangrène da'echiste s'étend dans le Fezzan C'est la première fois que Da'ech cible dans une vidéo des ressortissants de l'Éthiopie, un pays situé au sud-est de la Libye et séparé par le Soudan. Environ deux-tiers des Éthiopiens sont chrétiens, la majorité d'entre eux étant des coptes orthodoxes, une communauté qui affirme être présente dans la Corne de l'Afrique depuis le 1er siècle. De nombreux Éthiopiens ont quitté leur pays pour aller chercher du travail, notamment en Libye, où la main d'œuvre étrangère était nombreuse avant que le pays ne tombe dans le chaos à la suite de la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Des Éthiopiens rejoignent aussi la Libye pour tenter de rejoindre l'Europe par la mer. Des troupes éthiopiennes sont, en outre, actuellement déployées en Somalie voisine dans le cadre de la force de l'Union africaine pour combattre les islamistes Shebab, affiliés à Al Qaïda Présent en Syrie, en Irak et dans le Sinaï égyptien, Da'ech a pris pied en Libye, en profitant du désordre dans le pays livré aux milices et dirigé par deux gouvernements rivaux. Il contrôle notamment des zones dans la région de Syrte, une ville côtière située à 450 km, à l'est de Tripoli. En montrant l'exécution de chrétiens dans la région du Fezzan, il semble vouloir suggérer qu'il étend les territoires sous son contrôle dans le pays. L'ONU tente depuis mars une médiation entre les deux pouvoirs rivaux avec des pourparlers qui se sont poursuivis dimanche dans la ville marocaine de Skhirat, près de Rabat. Le médiateur de l'ONU, Bernadino Leon, y a qualifié de "très préoccupantes" les informations "pas encore confirmées" concernant les nouvelles activités terroristes de Da'ech. Au sujet des négociations de paix entre les deux parlements rivaux libyens, l'émissaire onusien a assuré dimanche qu'"un accord final", devant aboutir à un gouvernement d'union nationale, était désormais "très proche", sans donner de détails sur les derniers points d'achoppement.