L'Iran est prêt à coopérer avec la Russie, la Chine et l'Inde sur le sujet du bouclier antimissile de l'OTAN et des menaces émanant de l'Alliance, a déclaré le chef du ministère de la Défense iranien, Hossein Dehghan à Moscou. «Je voudrais exprimer mon soutien à l'idée d'une coopération multiforme dans le domaine de la défense entre la Chine, l'Iran, l'Inde et la Russie pour contrer l'expansion de l'OTAN à l'est, et l'installation de son bouclier antimissile en Europe», a dit Hossein Dehghan, jeudi 16 avril, lors d'une conférence internationale sur la sécurité à Moscou. Malgré l'accord sur le programme nucléaire de Téhéran, les États-Unis projettent toujours l'installation de nouveaux complexes antimissiles en Europe. Leur déploiement est justifié par une prétendue menace émanant de «l'Iran nucléaire», prétexte que Moscou considère être un «conte de fées». Malgré l'accord historique sur le programme nucléaire iranien, cela ne signifie pas que le plan de déploiement du bouclier antimissile en Europe sera révisé, a-t-on déclaré à Washington. «La menace que la prolifération des missiles balistiques représente pour les pays de l'OTAN continue d'augmenter... L'accord-cadre sur le programme nucléaire iranien ne change rien à ce fait», a dit la porte-parole de l'OTAN Oana Lungescu. Les États-Unis soutiennent depuis des années que le système antimissile sert à la protection contre les missiles de potentiels «pays voyous», tels que la Corée du Nord et l'Iran. Moscou se prononce résolument contre les projets unilatéraux de l'OTAN, évoquant des menaces pour sa sécurité nationale. La Russie a proposé de son côté la création d'un système conjoint, mais Washington a rejeté cette proposition. Le bouclier anti-missile américain en question «Ces interprétations vont à l'encontre des assurances du président américain Barack Obama à Prague qui a affirmé qu'avec la disparition de la "menace iranienne", il n'y aurait plus aucune raison de déployer un bouclier antimissile en Europe», a-t-on déclaré au Ministère russe des Affaires étrangères. «Tant que la menace présentée par l'Iran persistera, nous continuerons de travailler sur ce système antimissile. Si la menace iranienne est éliminée, nous disposerons d'une base plus solide en faveur de la sécurité et le besoin de constituer un bouclier en Europe ne se fera plus sentir», avait, en effet, déclaré Barack Obama en avril 2009. La réaction de la Russie ne s'est pas fait attendre. Washington est revenu sur ses promesses, a-t-on affirmé à Moscou. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a déclaré, jeudi, lors de la conférence sécuritaire internationale : «Nos prévisions sur le système de la défense balistique des États-Unis étaient justes. Ce système est, réellement, un grand danger, qui menace la stabilité stratégique, au niveau mondial», a-t-il déclaré. Tandis que les grandes puissances continuent à négocier avec l'Iran, sur l'avenir de son programme nucléaire civil, les États-Unis développent de plus en plus leur système de défense antibalistique. Le ministre russe de la Défense a ajouté : «Il est tout à fait clair que les États-Unis et leurs alliés, au sein de l'OTAN, inventent ce qu'ils qualifient de menace balistique iranienne. Or, il est irrecevable, pour les Occidentaux, que l'on parle du danger réel que représente le programme de défense balistique des États-Unis et de l'OTAN». Le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que le but de l'OTAN est de se rapprocher davantage des frontières de la Russie : «L'OTAN veut occuper tous les espaces ayant une importance géopolitique, en développant sa présence militaire, partout, en Europe de l'Est. La sensibilité de l'OTAN envers les manœuvres et les exercices militaires de la Russie témoigne des vraies intentions de l'Alliance atlantique contre la Russie». L'acquisition par Téhéran de batteries de missiles anti-aériens russes S-300 ne diminuerait pas la capacité américaine à frapper d'éventuelles installations nucléaires iraniennes, a, par ailleurs, déclaré, jeudi 16 avril, le chef d'état-major inter-armées américain, Martin Dempsey. "L'option militaire" pour empêcher le cas échéant les Iraniens d'avoir la bombe nucléaire "est intacte", a déclaré le général lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre de la Défense Ashton Carter. "Nous savons depuis plusieurs années que ce système pourrait être vendu à l'Iran, et nous l'avons pris en compte dans tous nos plans", a expliqué le général Dempsey. Moscou a décidé cette semaine de lever l'interdiction de livrer à l'Iran des batteries sol-air S-300. Vladimir Poutine estime que cette décision est justifiée par la conclusion d'un accord-cadre le 2 avril entre Téhéran et les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien. L'entité sioniste avait très vivement réagi à cette annonce. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait fait part de son inquiétude à M. Poutine concernant une initiative qui va, selon lui, augmenter "l'agressivité" de l'Iran dans la région. De son côté, le porte-parole de la Maison Blanche a évoqué les "inquiétudes" américaines au sujet de cette possible vente. "L'option militaire" contre un programme nucléaire militaire iranien a pour but à la fois d'encourager la négociation d'une solution diplomatique, et d'avoir un moyen d'agir si les négociations échouent, a rappelé le général Dempsey.