L'armée nationale libyenne a annoncé, samedi 21 mars, que ses forces sont déployées aux alentours de la capitale Tripoli et qu'elles sont prêtes à la "libérer" dans les heures qui viennent. L'armée est entrée dans la zone sud de Tripoli, près de l'aéroport international et va s'occuper des ennemis se trouvant à l'intérieur, a déclaré Abdel Razek Nazawra, chef d'état-major de l'armée libyenne. Il a aussi appelé les Libyens à se soulever contre la coalition armée islamiste « Fajr Libya », qui occupe Tripoli. Des témoins ont indiqué que des avions de guerre de l'armée libyenne ont bombardé samedi matin l'aéroport Mitiga de Tripoli, seule plate-forme aérienne en état de marche de la capitale, touchant la piste d'envol et l'autoroute menant à l'aéroport. Ces derniers jours, les forces armées libyennes ont resserré le siège sur Tripoli en s'emparant des villes de Rishvana, Azizia, Nasiriyah, et al-Zahra, adjacentes aux parties sud et ouest de Tripoli, a rapporté le journal al-Wasat. La capitale est tombée aux mains de « Fajr Libya » en août 2014, alors que le gouvernement reconnu internationalement s'est retranché dans la ville de Tobrouk, dans l'est du pays. L'armée a lutté pour regagner des territoires depuis décembre dernier. Les États-Unis sont préoccupés par l'influence croissante de Da'ech en Libye, qui a profité de la désintégration de l'autorité centrale pour prendre pied dans le pays, notamment dans les villes de Derna et Syrte, estiment des responsables américains et le département d'État. Depuis la fin janvier, Da'ech a revendiqué une série d'attentats en Libye, souligne le rapport du Bureau de la sécurité diplomatique du département d'État. Il cite notamment l'attaque fin janvier contre l'hôtel Corinthia, à Tripoli, qui a fait neuf morts, dont cinq étrangers, et celle contre le site pétrolier de Mabrouk, au sud de Syrte, début février, qui a coûté la vie à douze personnes. Le document du département d'Etat estime que le nombre de combattants de Da'ech en Libye est compris entre 1.000 et 3.000. Environ 800 d'entre eux sont basés dans la région de Derna, précise le rapport. Parmi ceux-ci, 300 ont auparavant combattu en Syrie ou en Irak. Selon des responsables américains, la Libye, en raison de sa situation stratégique, est devenue un tremplin pour les candidats au jihad d'Afrique du Nord qui veulent entrer en contact avec Da'ech. De là, ils sont susceptibles de se rendre en Syrie pour aller combattre sur la ligne de front. Selon le rapport du département d'État, Da'ech n'a pas réussi à s'emparer de territoires conséquents en Libye. Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Bernardino Leon, a appelé, vendredi 20 mars, les acteurs politiques et militaires libyens à cesser les actions armées en Libye. Les Nations unies suivent avec "préoccupation" la situation en Libye, a indiqué M. Leon, qui s'exprimait en conférence de presse au terme de la première journée du deuxième cycle des pourparlers politiques inter-libyens, qui se déroulent à Skhirate, dans la banlieue de Rabat, visant à trouver une solution pacifique au conflit en Libye. Les discussions en cours, a-t-il souligné, constituent une "opportunité" pour les Libyens pour poursuivre le dialogue en vue d'une solution politique à la crise qui ronge depuis plusieurs mois ce pays, mais aussi pour "se réunir dans la bataille contre le terrorisme et contre Da'ech". La Lybie, producteur principal de pétrole du nord de l'Afrique, est le théâtre d'une tourmente politique et de nombreux conflits depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.