Le secteur bancaire marocain est parmi les plus développés et stables en Afrique. C'est ce qui ressort, en tout cas, du nouveau rapport du FMI « Banques-Opportunités et défis panafricains pour une surveillance transfrontalière », ajoutant que trois grandes banques sont actuellement en expansion dans le continent : Attijariwafa Bank, BMCE Bank et Groupe Banque Centrale Populaire. L'expansion internationale et africaine de ces trois grandes banques est un processus relativement récent. D'autant plus qu'il a été facilité, essentiellement par deux facteurs. D'abord, la position géostratégique dont bénéficie le Maroc. Ensuite, le marché national qui est relativement compétitif, plus saturé et bien développé ; ce qui a limité les possibilités internes de croissance des banques, et par conséquent, baissé ses marges bénéficiaires. Toutefois, selon le FMI, ce processus d'expansion des banques marocaines avait deux phases: l'expansion et la consolidation. Au cours de la phase d'expansion, les banques marocaines acquirent les banques existantes afin d'accroître leur présence sur le continent africain. À la phase de consolidation, les banques marocaines tentent d'absorber l'expansion des banques africaines, de consolider leurs positions et d'aligner leurs systèmes et procédures d'expansion tout en minimisant les risques. D'ailleurs, poursuit la même source, Bank Al-Maghrib a joué un rôle majeur dans l'orientation et la supervision de l'expansion internationale des banques marocaines dans le but de faire du Maroc un hub international tout en assurant un contrôle des risques approprié. Parallèlement, les banques sont invitées à partager leurs stratégies d'expansion de trois ans avec BAM. En outre, toute nouvelle expansion internationale nécessite une autorisation préalable de la banque centrale qui exige, pour cela, deux critères principaux : contrôle des risques et bonne gouvernance. « Avant d'approuver une demande de la banque pour une expansion, BAM prend en considération un ensemble de risques pays et risques bancaires individuelles de performance du groupe. En outre, BAM construit une matrice des risques, qui comprend, entre autres, des indicateurs sur la taille de la société mère / filiale, la rentabilité, la qualité des actifs et la part de marché dans le pays d'accueil. Cette matrice aide à l'évaluation du risque des filiales, ce qui permettra d'identifier les besoins de supervision », ajoutent les experts du FMI. Autre élément soulevé dans ledit rapport, bien que Bank Al-Maghrib n'exige pas l'existence d'un protocole d'entente bilatérale comme condition préalable à l'ouverture d'une nouvelle filiale, il essaie d'avoir un protocole d'entente signé dès que la filiale a été ouverte. Un tel protocole d'entente contient des dispositions sur la surveillance prudentielle, le partage d'informations, la conduite des inspections, la formation et le renforcement des capacités. Le FMI affirme, en outre, que le Maroc a mis en place un Comité africain, constitué de BAM et des trois plus grandes banques. Objectif : coordonner l'expansion et éviter une concurrence féroce à l'internationale entre les banques nationales. Ce comité se réunit deux fois par an au plus haut niveau. Dans son rapport, le FMI fait savoir que l'essor que connaissent les activités bancaires transfrontalières en Afrique depuis quelques années soulève des problèmes de supervision qui, s'ils ne reçoivent pas de réponse, peuvent accroître les risques systémiques. Ce rapport note, par ailleurs, que les banques panafricaines ont une présence systémique dans quelque 36 pays et qu'elles sont désormais plus importantes que les établissements bancaires européens et américains implantés de longue date sur le continent africain. Néanmoins, ces banques sont porteuses de concurrence, particulièrement dans les pays d'accueil dont le marché est restreint. Et en même temps, elles ouvrent des débouchés et profitent à l'économie des pays concernés : concurrence accrue, accès à des aptitudes plus pointues et des fonds propres; diversification des sources de financement; et amélioration éventuelle de la qualité de la supervision et de la réglementation grâce à la présence de banques étrangères animées par les normes plus rigoureuses du pays d'origine, comme dans le cas du Maroc et de l'Afrique du Sud. Le document du FMI contient aussi des recommandations de politique générale qui accordent une grande priorité à la mise en œuvre d'une supervision consolidée, au renforcement de la coopération à l'appui de la gestion et résolution de crises, à la mise en place effective de collèges de superviseurs pour toutes les banques panafricaines, et à la création d'un comité de superviseurs des principales banques transfrontalières pour animer le processus de réforme en Afrique. Le manque de surveillance réglementaire des sociétés holding bancaires et leur supervision consolidée doivent recevoir une attention urgente dans certains pays d'origine, signale le FMI.