Un effet prononcé mais bref grâce à la faible intégration financière des économies subsahariennes. Les tensions financières se transmettent par des mécanismes indirects. Le FMI préconise l'homogénéisation des systèmes de contrôles bancaires. Entre 2008 et 2012, le monde est passé par trois crises qui ont eu comme point commun l'affaiblissement du système financier mondial. En Afrique, la majorité des établissements bancaires a fait preuve de résilience. Même si la qualité des prêts, la rentabilité et la liquidité bancaire ont un peu souffert, la plupart des systèmes bancaires ont résisté et échappé à la crise. Les liens directs entre les systèmes financiers africains et occidentaux sont relativement faibles. Les tensions financières se transmettent principalement par des mécanismes indirects. En effet, les liens directs sont limités par le montant relativement modeste des avoirs et des engagements extérieurs des banques. Pour la plupart, les systèmes bancaires de la région ont des engagements transfrontaliers peu élevés, s'appuient sur un financement intérieur stable reposant sur les dépôts et sont en général assez liquides. Le principal canal de transmission indirect est l'impact des tensions financières internationales sur la croissance et les échanges commerciaux mondiaux, avec leurs retombées sur les cours des produits de base, la demande extérieure, l'activité économique et, par ricochet, la qualité des portefeuilles de prêts. Selon un rapport du FMI intitulé «Perspectives économiques régionales : Afrique subsaharienne», bien que la conjoncture extérieure ne menace pas de façon imminente les systèmes bancaires de la région, il faut se garder de considérer comme acquise la stabilité financière. Ce qui inquiète le FMI, c'est la mollesse du système de contrôle et de supervision bancaires dans la région. «Dans les seize pays d'Afrique subsaharienne pour lesquels a été évalué le respect des principes fondamentaux de Bâle pour un contrôle bancaire efficace, les résultats sont bons par rapport aux autres régions, même s'il subsiste des lacunes importantes en matière de réglementation prudentielle et de supervision», déclarent les économistes du FMI dans leur rapport. Des fonds propres apparemment solides dans la région La capacité des systèmes bancaires d'Afrique à résister aux tensions financières mondiales dépend de la solidité de leurs volants de fonds propres. Comme dans beaucoup de marchés émergents, les volants de fonds propres déclarés en Afrique tendent à être supérieurs à ceux constatés dans les économies avancées. Cela s'explique par le fait que la rentabilité dépend dans une large mesure de conditions macroéconomiques et financières volatiles. La volatilité des bénéfices n'a sans doute pas lieu d'inquiéter si les volants de fonds propres sont suffisamment importants pour permettre aux établissements d'éponger les pertes périodiques. Pour l'heure, au vu des statistiques déclarées, les volants de fonds propres sont solides dans l'échantillon de 33 pays d'Afrique subsaharienne pour lesquels des données sont directement disponibles. D'une valeur médiane de 19 % (avec certes une large dispersion statistique), le ratio de fonds propres au milieu de 2011 correspondait au double du minimum de 8 % établi par le Comité de Bâle. Bien que les tensions financières internationales aient entraîné une légère augmentation des créances improductives et une compression de la rentabilité, les marges de fonds propres déclarées sont restées élevées. Cela étant, il est possible que ces marges de fonds propres ne soient pas aussi solides qu'elles le paraissent et à cela: trois raisons. Premièrement, du fait des contraintes de capacité de supervision et des carences des pratiques d'audit et de comptabilité, les créances improductives ne sont peut-être pas correctement comptabilisées, d'où un sous-provisionnement. Ensuite, la forte progression du crédit dans beaucoup de pays rend difficile la détection du «recyclage» de créances douteuses. Enfin, l'expansion dynamique des groupes bancaires panafricains soulève des difficultés en matière de supervision, notamment dans le cas des établissements constitués dans des pays où la capacité de supervision consolidée est faible. Les recommandations du FMI Pour pallier ces risques, le FMI préconise la surveillance des placements d'avoirs extérieurs pour veiller à ce que les banques commerciales et les banques centrales soient en mesure d'appliquer effectivement les directives de gestion des risques dans le but de préserver la liquidité et la disponibilité de ces avoirs. La capacité de supervision pourrait être améliorée davantage, au même titre que la mise en application effective de la réglementation prudentielle. Dans plusieurs pays, les instances de contrôle manquent d'outils pour appliquer en temps opportun les mesures correctives, et ne jouissent pas de l'indépendance requise pour adopter des mesures de redressement. D'où l'importance du rôle des gouvernements qui doivent, selon le FMI, renforcer les instances de supervision et clarifier les critères de classification des créances en souffrance.