La banque marocaine BMCE Bank, a annoncé qu'elle vient d'obtenir, à travers sa filiale Bank of Africa (BOA), l'agrément lui permettant d'ouvrir la 16e banque de son réseau, au Togo, courant 2013. La Bank of Africa-Togo (BOA-TOGO), création ex nihilo, permettra à BOA de compléter son implantation dans la zone de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Bank of Africa est aujourd'hui implantée dans 16 pays, dont 8 en Afrique de l'Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Ghana, Mali, Niger, Togo et Sénégal), 6 en Afrique de l'Est et dans l'Océan Indien (Burundi, Djibouti, Kenya, Madagascar, Tanzanie et Ouganda), en RD Congo. Il faut préciser qu'à ce titre, la contribution de l'Afrique au résultat consolidé net part du groupe (RNPG) de BMCE Bank s'est élevée à 36% en 2011 en comparaison à 32% une année auparavant. Par ailleurs, le RNPG s'est s'amélioré de 3,8% à 850 millions de dirhams. Niveau élevé de risque La nouvelle banque du réseau BOA ouvrira ses portes avec 3 agences, d'abord à Lomé, capital du Togo. Il semble que le groupe BMCE Bank prône désormais la prudence dans son implantation en Afrique, après la dégradation de sa note par Moody's. L'agence de notation avait pointé du doigt la faiblesse des capitaux propres de la banque, exposée, selon l'agence, à de plus en plus de risques notamment en Afrique Subsaharienne. En effet, « notre groupe a l'ambition de s'implanter dans les pays africain à secteurs financiers assez dynamiques mais sans pour autant sacrifier la maitrise du risque. C'est pour cela que les risques au Togo, en particulier le risque pays, ont bien été étudié » nous explique Mohamed El Aoufi, responsable de la communication financière, BMCE Bank. La situation du secteur financier s'est améliorée depuis 2008 au Togo avec la restructuration du secteur bancaire. Le ratio du crédit à l'économie par rapport au PIB est en constante progression, estimé à 26.7 % en 2011 et projeté à 27.2 % en 2013 (source rapport annuel sur les perspectives économiques en Afrique, OCDE). Cette croissance du crédit, d'après les projections du Fond monétaire international (FMI), sera multipliée par deux entre 2009 et 2013, avec le maintien aux alentours de 70 % du ratio du crédit au secteur non gouvernemental sur les dépôts bancaires. Les taux d'intérêt débiteurs se sont maintenus aux environs de 10 % ces trois dernières années et le taux de rémunération des dépôts est resté stable, à 4.6 %. Des écarts importants persistent entre les taux d'intérêt pratiqués, en fonction des types de crédit. Ces écarts peuvent dépasser 4 % pour les crédits bancaires, reflétant le niveau élevé de risque qui caractérise l'environnement financier. Par ailleurs, parmi les 11 banques du pays, cinq ne répondaient pas en 2011 aux nouvelles exigences de capital minimum de 5 milliards XOF (environ 850 millions de dirhams), et deux ne respectaient pas le ratio requis de 8 % de capital sur les actifs. L'Union togolaise de banque (UTB), la Banque togolaise pour le commerce et l'industrie (BTCI), la Banque internationale pour l'Afrique (BIA-Togo) et la Banque togolaise de développement (BTD), respectivement détenues à 100 %, 83 %, 68 % et 53 % par l'Etat, avaient à elles seules des créances douteuses ou impossibles à recouvrir avoisinant les 100 milliards XOF (environ 1,7 milliard de dirhams). La microfinance en pleine expansion Le secteur de la microfinance, lui, est composé de 75 institutions agréées regroupant environ 200 unités à la base et un nombre équivalent d'organisations sans agrément. Le secteur, en forte croissance depuis 2008, représente 16.3 % du total des prêts bancaires et 15.3 % du total des dépôts. Toutefois, la stratégie nationale de microfinance de décembre 2008 souligne la nécessité de renforcer le cadre de surveillance actuel. Par ailleurs, les taux d'intérêt élevés pratiqués par le secteur vont à l'encontre des objectifs de lutte contre la pauvreté. BMCE Bank devra donc faire face à deux obstacles sérieux à savoir un niveau de risque élevé et un sérieux concurrent sur le marché : la microfinance. A cet égard, Mohamed El Aoufi rassure « Bank Of Africa, est présent dans une quinzaine de pays africains ce qui lui permet de diversifier le risque. De plus, c'est un groupe bancaire multi-métiers qui propose une offre étendue et diversifiée de produits bancaires et financiers : bancassurance, solutions de financement adaptées, ingénierie financière performante ». La diversification du risque et des produits de la banque constituera donc sa force de frappe sur le marché togolais.