Le président ukrainien Petro Porochenko a annoncé lundi une reprise de négociations de paix très attendues mercredi et vendredi à Minsk entre Kiev et les rebelles prorusses, après plus de deux semaines d'incertitudes sur leur tenue.Un communiqué publié sur le site de la présidence ukrainienne a annoncé pour les 24 et 26 décembre la réunion du groupe tripartite de contact, composé de représentants de l'Ukraine, de la Russie, et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), et en relation avec les représentants rebelles. Ces dates ont été convenues lors d'une conversation téléphonique entre les président ukrainien Petro Porochenko, ses homologues russe et français Vladimir Poutine et François Hollande, et la chancelière allemande Angela Merkel. L'Elysée et le porte-parole du gouvernement allemand n'annoncent de leur côté aucune date, mais appellent à la réalisation «d'urgence» de progrès dans le processus de paix dans ce conflit qui a déjà fait plus de 4.700 morts depuis avril. Denis Pouchiline, le responsable séparatiste en charge des négociations avec Kiev pour la République populaire de Donetsk (DNR, autoproclamée), a d'ores et déjà indiqué que les rebelles étaient prêts à participer aux prochaines réunions à Minsk. «Il est important de trouver des compromis à la table des négociations, et non pas avec les armes», a-t-il déclaré, selon l'agence russe Interfax. Un représentant de la République populaire de Lougansk (LNR, autoproclamée) a également affirmé être prêt à se rendre aux pourparlers dès qu'il aura reçu une invitation. Le Kremlin, qui dément toute implication dans le conflit comme l'en accusent Kiev et les Occidentaux mais participe aux négociations, n'a également indiqué aucune date. Moscou indique toutefois que toutes les parties «ont noté avec satisfaction qu'au cours des derniers jours, les parties belligérantes ont dans l'ensemble respecté le cessez-le-feu» décrété le 9 décembre dans l'Est. Cette annonce, si elle se concrétise mercredi et vendredi, mettra fin à plus de deux semaines de louvoiement, les autorités ukrainiennes et rebelles prorusses n'étant pas parvenues jusque là à se mettre d'accord sur une date. Le principal point d'achoppement est la demande des rebelles que Kiev reprenne le financement budgétaire des régions séparatistes, coupé à la mi-novembre. Kiev exige en revanche que soient annulés les résultats du vote séparatiste de novembre dans les deux républiques autoproclamées. Les rebelles évoquent également des difficultés dans les négociations concernant l'échange de prisonniers. L'Allemagne, principal médiateur européen dans la crise ukrainienne avait à plusieurs reprises la semaine dernière souligné l'importance d'une rencontre «physique» entre les rebelles et le Groupe de contact. Des alliés de Moscou à Kiev Les nouveaux pourparlers dans la capitale bélarusse sont destinés à relancer le processus de paix entamé début septembre et qui avait abouti à des accords visant à créer une ligne de démarcation entre les deux camps, d'où seront ensuite progressivement retirées les armes lourdes. Ces accords avaient également abouti à un premier cessez-le-feu dans l'Est, au final très peu respecté jusqu'à devenir inexistant. M. Porochenko a souligné début décembre que les accords de Minsk du 5 septembre seront «la base d'un règlement pacifique» du conflit. Ces développement interviennent alors que les alliés traditionnels de la Russie, les dirigeants kazakh et bélarusse, se sont rendus dimanche et lundi à Kiev pour jeter des ponts avec l'Ukraine pro-occidentale, et à travers elle, les Européens. Le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev a ainsi apporté lundi son soutien à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, mise à mal par l'annexion de la Crimée par la Russie en mars et par le conflit dans le bassin minier du Donbass. Il a aussi promis des livraisons de charbon à l'Ukraine, qui en manque cruellement, et a prôné la relance de la coopération économique et militaire entre Kiev et Astana. En visite à Kiev la veille, le président bélarusse Alexandre Loukachenko, dont le pays a accueilli en septembre des pourparlers de paix cruciaux entre Kiev et les rebelles, s'est déclaré prêt à «tout faire» pour aider l'Ukraine à trouver des solutions au conflit. Les deux dirigeants, alliés traditionnels de Moscou mais qui s'inquiètent de l'isolement croissant de la Russie et des répercussions sur leurs économies, doivent se rendre mardi dans la capitale russe pour rencontrer le président Vladimir Poutine.