Une nouvelle conférence téléphonique devait se tenir lundi entre les présidents russe, ukrainien, français et la chancelière allemande quelques heures avant l'expiration d'un fragile cessez-le-feu en Ukraine qui expirait théoriquement à 19h00 GMT. Dimanche, au cours de deux heures d'entretiens à quatre, François Hollande et Angela Merkel avaient à nouveau appelé Vladimir Poutine à agir pour aider son homologue ukrainien Petro Porochenko à apaiser la situation dans l'est séparatiste. Les mêmes dirigeants devaient à nouveau s'appeler lundi, à une heure qui n'avait pas été précisée, tout comme la veille. Menacé de sanctions économiques par l'Union européenne et les Etats-Unis faute de résultats concrets, l'homme fort du Kremlin a plaidé pour une prolongation du cessez-le-feu. Les Occidentaux exhortent depuis des jours le président russe à peser de tout son poids pour un rapide désarmement des rebelles séparatistes prorusses et pour que cessent les «infiltrations» d'armes et de combattants afin d'ouvrir un dialogue de paix entre les autorités pro-européennes de Kiev et les insurgés. M. Hollande et Mme Merkel «ont rappelé clairement les attentes exprimées par le Conseil européen vendredi et souhaité que des résultats soient obtenus d'ici lundi». Ils ont ainsi plaidé pour que Kiev et Moscou travaillent à la mise en place d'un mécanisme de vérification, sous l'observation de l'OSCE, du cessez-le-feu et du contrôle effectif de la frontière, au retour sous contrôle des autorités ukrainiennes des trois postes-frontières pris par les séparatistes, et à l'ouverture de négociations sur la mise en œuvre du plan de paix du président Porochenko. Après la libération de deux équipes d'observateurs de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), ils ont en outre appelé à la poursuite de la libération des otages. Cet entretien avait été fixé vendredi à Bruxelles lorsque le président pro-occidental ukrainien a signé un accord historique d'association avec l'Union européenne, suscitant l'ire de la Russie au moment où Vladimir Poutine cherche à rétablir l'influence de Moscou dans les anciennes républiques soviétiques. Appel à prolonger la trêve «Un appel a été lancé à Petro Porochenko afin de prolonger le régime de cessez-le-feu sur une période plus longue», a pour sa part indiqué le Kremlin à l'issue de cet échange à quatre, le deuxième en quatre jours. Le président russe a aussi souligné la nécessité d'octroyer une aide humanitaire à la population du sud-est de l'Ukraine, en raison de «l'aggravation de la situation humanitaire» dans cette zone. Depuis le déclenchement d'une opération militaire ukrainienne le 13 avril pour mettre fin à l'insurrection séparatiste, près de 450 personnes ont été tuées et des dizaines de milliers de personnes ont fui la région industrielle russophone du Donbass. Moscou, accusé maintes fois par les Occidentaux d'armer en sous-main la rébellion pour déstabiliser l'Ukraine, a dit soutenir le cessez-le-feu et le plan de paix de Kiev, en demandant que les droits des russophones soient respectés et qu'un «large» dialogue avec les rebelles soit entamé. Beaucoup reste toutefois à faire pour mettre en oeuvre un plan de paix entre les autorités pro-européennes de Kiev et les rebelles, qui ont revendiqué leur indépendance dans deux régions.