Il y a 30 ans, disparaissait François Truffaut laissant derrière lui des films, des écrits et des souvenirs. Il avait marqué l'Histoire du cinéma, en particulier français par ses œuvres cinématographiques comme par ses critiques acerbes envers les films et leurs auteurs sans ménager aucun. Parfois, ses virulentes critiques englobaient même ses propres amis qui peuvent devenir des ennemis comme en témoigne la lettre ci-conte adressée à son compagnon de route Jean-Luc Godard au moment où chacun des deux cinéastes de la "Nouvelle Vague" avait pris un chemin cinématographique différent de l'autre. Malgré qu'ils appartenaient à la même école avec des parcours presque similaires, Truffaut et Godard percevaient l'univers du cinéma différemment. Le choix opté par l'un et l'autre par la suite quant à la réalisation des films va consolider chacun dans sa conviction artistique. Quand Godard va s'engouffrer dans un style opaque avec des films ambigus et compliqués dont il est le seul capable de déchiffrer les codes et messages, justifiant une théorie du cinéma sans lendemain, parfois même "Une histoire du cinéma" sans queue ni tête, Truffaut, quant à lui, va opter pour la simplicité du langage. La plupart de ses films vont remporter de vifs succès contrairement à ceux de Godard destinés essentiellement à quelques festivals avant de retrouver fatalement leurs boites. Par ailleurs, les cinéphiles de Rabat des années 70 doivent avoir un souvenir nostalgique avec les films de François Truffaut. Qui ne se souvient des interminables files d'attente devant le cinéma "Renaissance" de la capitale spécialisé à l'époque dans "les films d'auteurs" quand cette notion signifiait quelque chose. C'est là où le public avait droit à la crème du cinéma mondial notamment "Taxi driver", "Vol au-dessus d'un nid de coucou", "Les dents de la mer" et aussi "L'homme qui aimait les femmes" permettant à son auteur, en l'occurrence Truffaut, d'une notoriété publique sans précédent. Même le cinéma égyptien va être fasciner par cet exploit truffaulien puisqu'un remake, non crédité, va voir le jour sous le titre de "Ghaba mina Siqan", s'inspirant largement de l'affiche du film français. Il reste l'oeuvre la plus accomplie de Truffaut, jusque-là cantonné dans les triangles amoureux sans ambitions thématique ni artistique notables. Il est vrai que la plupart des films réalisés par François Truffaut, avant de retrouver la maturité professionnelle à la fin de sa vie avec "Le dernier métro" et "La chambre verte", sont d'une qualité moyenne car reprenant paresseusement les méandres du cinéma français de grande consommation, films reposant essentiellement sur des dialogues, aussi percutants soient-ils certes, cependant très en-deçà de toute ambition artistique internationale. Critiquer les films est une chose, mais en réaliser en est une toute autre.