Durant plus ce cent ans, le cinéma a produit des courants, des tendances cinématographiques et ses propres genres. Un peu partout dans le monde, et au fil des temps, il y a eu des similitudes thématiques, techniques et des moyens humaines et économiques que les critiques, historiens et théoriciens ont scindé en catégories de films présentant des similitudes certaines mais surtout des spécificités plus ou moins accentuées, d'un cinéaste à un autre. Néanmoins, ces courants, tendances et genres connaissant des évolutions rapides dans le temps et dans l'espace. Les spécificités relevées ici et là ne sont pas fidèlement respectées tant dans le fond que dans la forme, car le cinéma connaît une permanente évolution technique incitant les cinéastes à se remettre en cause et s'adapter à l'esprit technologique propres à leur époque. C'est pour cette raison que les courants disparaissent après avoir connu leur heure de gloire et les genres s'entremêlent tout au plaisir d'un spectateur averti et exigeant. Ainsi, les grands courants qui ont marqué l'Histoire du cinéma ont connu des fins logiques. On ne peut éterniser un courant d'une génération à une autre sachant que les mentalités des peuples changent dont celles des cinéastes aussi. L'expressionnisme, un courant que le cinéma allemand a profondément fructué a connu une forte évolution pendant son épanouissement même sous la nouvelle appelation Kamerspiele. « Le dernier des hommes » de Friedrich Murnau marque ainsi une nette distance avec la tendance-mère tout en gardant l'essentiel et l'âme de l'expressionnisme préconçu par Robert Wiene et Fritz Lang. Egalement « Le néo-réalisme » en Italie, a été abandonné par ses propres auteurs qui, très vite, ont rejoint le clan hostile à ce courant, pourtant largement privé par le public. Dix ans ont été suffisants pour que le « Néo-réalisme » naisse, se développe et s'éteigne. De Sica, de Santis, Rossellini, Visconti ont fait plus de films relevant d'un cinéma ordinaire, courant, public, et commercial que des œuvres d'auteur. Les cinéastes qui ont marqué le plus de lâcheté vis-à-vis de leur tendance sont ceux de la « nouvelle vague » française. Dès les débuts de ce courant, nombreux cinéastes ont marqué leur réticence qualifiant les Godard, Truffaut Rohmer et Rivettte d'incompétents et paresseux quant à la recherche des moyens financiers. Très vite aussi, les cinéastes de la « Nouvelle vague » vont se détacher du mouvement pour venir renforcer le cinéma classique, le soutenir médiatiquement et le vénérer. Sitôt aussi, ils vont revenir sur leurs propres critiques, les nier ou les cantonner dans une époque passagère. De même pour les genres. Il est difficile aujourd'hui de cerner les spécificités techniques et esthétiques d'un genre compte tenu de l'évolution permanente du cinéma et de ses moyens. Ce qu'on admettait comme une quinzaine de genre ont sillonné l'Histoire du cinéma et résiste parfois à l'usure du temps, ne peut pas être soutenu aujourd'hui. Les genres ont connu leurs heures de gloire également et peu d'entre eux se rénovent de l'intérieur pour sauvegarder le profit financier essentiellement. Le western, qui dominait la production américaine pendant des décennies, qui comptait un public immense à travers tout le globe, est réduite à une dizaine et peut être moins par an, soutenu par quelques cinéastes nostalgiques non préoccupés par le box-office. Ce même genre, très développé en Italie dans les années 60 et 70, relève aujourd'hui du classique et alimente amplement les chaînes spécifiques. Aussi, il devient difficile de tracer des frontières entre les genres, comme il devient difficile de distinguer les scènes truquées de celles relevant du vrai. La technique se développement et sème de plus en plus de confusion et d'amalgame sur les conceptions et réalisations de films en vue d'épater davantage un public jeune et très porté sur le développement technologique. Le public d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs est plus fasciné par la forme que par le fond, cette forme qui constitue un prolongement obsessionnel de ses préoccupations quotidiennes illustrées par des DVD, PC, GSM, Iphone, 3D et autres gadgets.