La Chine et les Etats-Unis, les deux premiers émetteurs de gaz à effet de serre, se sont fixés mercredi 12 novembre à Pékin de nouveaux objectifs concernant leurs émissions, pressés par l'urgence d'un accord mondial à la conférence climat fin 2015 à Paris. La Chine, premier émetteur mondial, s'est fixée l'objectif d'un pic de ses émissions de gaz à effet de serre «autour de 2030», avec l'intention «d'essayer d'y arriver plus tôt», a annoncé la Maison Blanche. De leur côté, les Etats-Unis se sont engagés sur une réduction de 26-28% de leurs émissions d'ici 2025 par rapport à 2005. C'est la première fois que la Chine s'engage sur un pic de ses émissions, c'est-à-dire sur l'année à partir de laquelle celles-ci cesseront d'augmenter et la courbe s'inversera. Le constat des scientifiques est sans appel : les efforts actuels sont insuffisants pour limiter la hausse de la température mondiale à +2°C, objectif que s'est fixée la communauté internationale pour éviter un emballement catastrophique des dérèglements climatiques. Or, fin 2015 à Paris, la conférence annuelle sur le climat doit décrocher un accord suffisamment ambitieux pour limiter le réchauffement à 2°C. Les Etats-Unis et la Chine représentent à eux deux 45% du total des émissions de CO2 de la planète. Barack Obama a salué mercredi un «accord historique» avec la Chine sur la question du climat. Pékin et Washington sont déterminés à atteindre cet accord à Paris, a affirmé Xi Jinping. L'objectif américain «est à la fois ambitieux et réalisable», a commenté un haut responsable américain sous couvert de l'anonymat. Cet objectif pourrait toutefois se heurter à l'opposition des élus du Congrès. Le leader républicain du Sénat juge en effet «irréalistes» les nouveaux objectifs de son pays. «Le fait que les Etats-Unis et la Chine, traditionnellement considérés comme les leaders de deux camps opposés [dans les négociations sur le climat], avancent ensemble, va avoir un gros impact», a-t-il ajouté. Ces annonces ont été réalisées alors que le président américain Barack Obama a été reçu mercredi à Pékin par son homologue chinois Xi Jinping, après que les deux dirigeants eurent participé la veille au sommet de coopération économique de l'Asie-Pacifique (Apec). Dans les négociations sur le climat, la Chine insiste systématiquement pour ne pas être logée à la même enseigne que les pays industrialisés. Pékin met en avant le principe des «responsabilités communes mais différenciées», selon lequel la responsabilité de la lutte contre le réchauffement planétaire incombe principalement aux pays développés. Les émissions de CO2 pour la capital de la Chine dépassent désormais celles de l'Union européenne. L'avancée est considérable, mais sera-t-elle suffisante ? La Chine et les Etats-Unis se sont fixé, mercredi 12 novembre à Pékin (Chine), de nouveaux objectifs concernant leurs émissions de dioxyde de carbone (CO2). La Chine s'est ainsi engagée à faire passer à 20% d'ici 2030 la part d'énergies renouvelables dans sa production énergétique, contre moins de 10% en 2013. De leur côté, les Etats-Unis se sont engagés sur une réduction de 26-28% de leurs émissions d'ici 2025 par rapport à 2005. Si l'accord est considéré comme historique, il risque fort d'être insuffisant pour limiter le réchauffement climatique. Parce que la Chine ne diminuera ses émissions de gaz à effet de serre qu'en 2030 Premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, la Chine s'est fixé l'objectif d'un pic de ses émissions «autour de 2030», avec l'intention «d'essayer d'y arriver plus tôt» selon la Maison Blanche. Il s'agit certes d'une première,mais concrètement, d'ici là, les émissions ne vont cesser d'augmenter, avant d'enfin baisser. Le changement n'est donc pas pour maintenant. Parce que l'accord est déjà dénoncé comme irréalisable L'objectif américain «est à la fois ambitieux et réalisable», a commenté un haut responsable américain, aussi vite contredit par le nouveau leader de l'opposition au Sénat, Mitch McConnell, qui dénonce un «projet irréaliste». Selon le nouveau leader des républicains, l'accord ne sera jamais tenu puisqu'il ne va «faire qu'augmenter les factures et le chômage». Parce qu'il faudrait aller bien plus vite Pour les experts du Groupement international d'experts sur le climat (Giec), le temps presse. Dans leur dernier rapport, publié le 2 novembre, ils tirent la sonnette d'alarme et préviennent que si l'on souhaite que le réchauffement climatique se limite à seulement 2°C supplémentaires, les émissions mondiales de gaz à effet de serre devront être réduites de 40% à 70% entre 2010 et 2050, et disparaître à l'horizon 2100. Un planning bien plus serré que celui adopté par la Chine et les Etats-Unis, qui représentent à eux deux 45% des émissions de CO2 de la planète.