Dix ans après le décès du leader historique palestinien et principal fondateur du Fatah, au pouvoir en Cisjordanie, les célébrations ont donc été annulées pour des raisons de sécurité dans la bande de Gaza, contrôlée, elle, par les islamistes du Hamas. En Cisjordanie, les Palestiniens saluent, malgré le contexte sécuritaire, celui qui a incarné pendant des décennies la lutte pour l'indépendance des Palestiniens. Yasser Arafat avait «un rameau d'olivier et un fusil de révolutionnaire» «Sa victoire, c'est d'être parvenu à faire passer la Palestine d'une cause humanitaire à une véritable question nationale», explique Xavier Abou Eid, un porte-parole de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), fondée et dirigée par Arafat jusqu'à sa mort. Jusqu'aux derniers jours, assiégé dans son QG de Ramallah, des bulldozers israéliens postés sous ses fenêtres, il est celui qui a tenu tête à Israël. Pour cela, affirme Karim Bitar, de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), «la cause palestinienne a été identifiée à la personne d'Arafat». Celui qui, fin 1974, a lancé à l'ONU (Organisation des Nations unies) «je suis venu porteur d'un rameau d'olivier et d'un fusil de révolutionnaire, ne laissez pas tomber le rameau de ma main» a finalement fait le choix de la solution diplomatique, entamant un difficile processus de paix, au point mort depuis 2000. En 1993, il décide de signer les accords d'Oslo (Norvège) qui dessinèrent un temps la possibilité d'un Etat palestinien. Avec sa poignée de main historique à la Maison Blanche, le siège de la présidence américaine, avec le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, il met fin à 27 ans d'exil et prend la tête de l'Autorité palestinienne. Dénoncé comme un «terroriste» par les Israéliens, chassé de Jordanie en 1970 ou du Liban en 1982, Arafat s'est glissé dans les habits de leader en quête d'un Etat, sans jamais quitter son treillis et son keffieh. «C'est Arafat le premier qui a pris la douloureuse décision de reconnaître en 1988 les frontières de 1967, d'abandonner 78% de la Palestine historique et d'ouvrir la voie à la coexistence», rappelle Abou Eid. Dix ans après sa mort, les Palestiniens tentent pourtant toujours d'obtenir un Etat. Ils veulent faire voter courant novembre à l'ONU la fin de l'occupation sous deux ans, un projet qui risque d'être avorté par un énième veto américain. Dix ans après sa mort, Yasser Arafat reste un symbole en Palestine En 2004, Arafat est devenu un «martyr» de sa cause avec sa mort, dont les circonstances font toujours l'objet d'une enquête, des prélèvements après son exhumation ayant révélé un possible empoisonnement. Mais, note Karim Bitar, Abou Ammar, le nom de guerre d'Arafat, «révolutionnaire, mais pas homme d'Etat, exerçait un pouvoir personnel et n'a pas su construire des institutions et planifier l'avenir». Mahmoud Abbas, son successeur, écrasé par le poids de l'héritage d'Arafat, peine à s'imposer auprès des Israéliens et des Palestiniens qui, outre l'occupation, ont souffert des divisions entre le Fatah, dont Abbas est le chef, et le Hamas islamiste qui tarde à remettre les clés du pouvoir à Gaza. Hommages à Yasser Arafat sur fond de montée de violences Les Palestiniens commémorent le 10e anniversaire de la mort de leur leader historique Yasser Arafat dans un contexte particulièrement tendu. Lundi, deux Israéliens ont été tués par des activistes palestiniens. Alors que les Palestiniens célèbraient, hier mardi 11 novembre, le 10e anniversaire de la mort de leur leader historique et principal fondateur du Fatah, Yasser Arafat, décédé en 2004 à Paris, les tensions restent vives au Proche-Orient. Des hommages sont prévus à travers la Cisjordanie mais le Hamas a fait annuler les célébrations dans la bande de Gaza. Lundi, une Israélienne et un soldat ont été tués par deux Palestiniens en Cisjordanie et à Tel-Aviv, accentuant le cycle des violences qui agite la région. L'agresseur de la jeune femme a été grièvement blessé par balles, celui du soldat arrêté. Ces décès surviennent après une série de violences entre Israéliens et Palestiniens, notamment à Jérusalem. Plus inhabituel, plusieurs villes arabes d'Israël comme Nazareth sont aussi sous tension après qu'un homme de 22 ans a été abattu samedi par la police israélienne pour s'être opposé à l'arrestation d'un proche. Après ces attaques, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a convoqué en urgence plusieurs responsables de la sécurité et demandé un renforcement des effectifs de sécurité sur le terrain ainsi que la destruction des «maisons des terroristes».Une vidéo de l'attaque qui a eu lieu en Cisjordanie occupée montre un chauffeur lançant délibérément sa voiture sur un arrêt de bus près du bloc de colonies de Goush Etzion, au sud de Jérusalem. Après l'échec de sa tentative, il descend de sa voiture puis poursuit ses victimes à pied.Selon la police, ce Palestinien a poignardé trois colons, tuant une femme de 25 ans, Dalia Lemkus, et blessant deux hommes de 26 et 50 ans. Un garde de la colonie l'a grièvement blessé par balles.L'assaillant a été identifié par des sources de sécurité palestiniennes comme étant Maher Hamdi al-Hashlamon. L'organisation du Jihad islamique l'a présenté dans un communiqué comme l'un de ses membres. «Une guerre est en train de se dérouler ici» «Une guerre est en train de se dérouler ici», a déclaré Avi Roeh, président de Yesha, principale organisation de colons de Cisjordanie, sur la chaîne de télévision Channel 2. La poursuite par Israël de la colonisation est l'une des causes des vives tensions avec les Palestiniens. C'est près de Goush Etzion que trois adolescents, étudiants d'écoles religieuses de colonies juives, avaient été enlevés par des Palestiniens en juin et tués, marquant le début d'une escalade qui a culminé avec la guerre dans la bande de Gaza, en juillet et août. Quelques heures plus tôt lundi, un Palestinien de 17 ans a poignardé un soldat israélien près d'une gare ferroviaire de Tel-Aviv. Grièvement blessé, le sergent Almog Shilony, 20 ans, a succombé à ses blessures dans la soirée. Le Palestinien a été arrêté dans un immeuble après une courte course poursuite. Originaire d'un camp de réfugiés de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée, il était entré illégalement en Israël, selon la police. Les États-Unis ont condamné cette série d'attaques meurtrières et appelé Israéliens et Palestiniens à prendre «toutes les mesures possibles pour protéger les civils et faire retomber les tensions». L'Union européenne (UE) a également condamné ces attaques, appelant «les dirigeants politiques à agir avec responsabilité et à travailler à une rapide désescalade de la tension». Tel-Aviv avait jusqu'alors été épargnée par les violences qui secouent depuis l'été Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville annexée et occupée par Israël, et la Cisjordanie. Dix morts à Al Quods depuis juillet Au total, les violences ont fait dix morts à Jérusalem depuis juillet. La Ville sainte est désormais plongée dans un cycle de violences quotidiennes entre jeunes Palestiniens et policiers israéliens déployés en masse. Les tensions se sont récemment propagées aux villes arabes d'Israël après qu'un jeune qui s'opposait à l'arrestation de l'un de ses proches eut été abattu samedi par la police. Son village de Kafr Kanna a de nouveau été secoué, lundi, par des affrontements entre Arabes israéliens et policiers. Des heurts ont également été rapportés dans d'autres localités arabes du nord mais aussi du sud. Des images vidéo de la mort de Kheir Hamdane, 22 ans, mettent à mal la version des policiers selon lesquels il représentait un danger. Elles montrent qu'il a été abattu, semble-t-il sans sommation, de plusieurs balles tirées dans le dos. Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Yitzhak Aharonovich, a de nouveau défendu les policiers. «J'accorde mon soutien total aux policiers qui ont agi pour se défendre et faire échec à une menace», a-t-il dit. Les Arabes israéliens, de même que les Palestiniens, dénoncent eux une «exécution de sang-froid» et disent nourrir peu d'espoir dans l'enquête ouverte par le ministère israélien de la Justice. Les Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leur terre lors de la création d'Israël en 1948, s'estiment de longue date victimes de discrimination de la part d'Israël alors qu'ils représentent 20% de la population. «Nous traversons des jours difficiles», a dit le président israélien Reuven Rivlin, «une période qui exige de nous force et unité face aux terroristes qui estiment que Jérusalem est illégale, que Tel-Aviv est illégale, que le Goush Etzion est illégal».