A voir ce qui se passe au nord du Mali, on a tendance à croire que la paix s'éloigne chaque jour qui passe. Non pas parce que le gouvernement de Bamako ne s'y emploie pas ou la communauté internationale s'est désengagée ou encore les médiateurs de bons offices, venant des pays frères et amis de ce vaillant pays, sont fatigués mais tout simplement parce que les groupuscules armés islamistes ne veulent pas de la paix dans cette région septentrionale du Mali. Rien qu'avant-hier mardi, quatre soldats de la mission de l'ONU ont été tués et des blessés ont été signalés. C'était des casques bleus tchadiens tombés sous l'explosion d'une mine sur la route entre Aguelhok et Kidal, cette partie du territoire malien qui semble devenir incontrôlable ou qui échappe à la vigilance de la force internationale déployée dans cette zone. Quand on sait que cette nouvelle explosion prolonge une liste déjà longue d'actes terroristes contre la Minusma dans le nord du Mali, ces derniers jours, on ne peut que se demander que veulent exactement le MNLA et ses différentes composantes ? D'autant plus que cette série d'attentats intervient alors que le Mali et les groupes armés du nord tentent de discuter un accord de paix à Alger. Même si des analystes pensent que les jihadistes cherchent à perturber ce processus et que certains groupes veulent démontrer qu'ils ont encore la maîtrise de la violence dans ce nord du Mali, rien ne justifie ces séries d'attentats. Autrement, cela prouve que le MNLA et ses affidés n'ont aucune maîtrise sur le terrain et, que de facto, ils ne peuvent amener la paix au nord du Mali. Ces actes criminels démontrent aussi que les mouvements bellicistes maliens de l'Azawad n'ont pas changé d'un iota leur position dans leur revendication primaire qu'est l'indépendance. Une utopie qui ne saurait être tolérée ni acceptée car le Mali est et restera un et indivisible. L'intégrité du territoire malien ne peut faire l'objet d'aucune négociation. Les pourparlers intermaliens, qui se déroulent actuellement à Alger, doivent tenir compte de cette réalité qui passe pour être une ligne rouge à ne pas franchir. Or, quand on sait les différentes facettes des autorités algériennes concernant cette question, dans un autre dossier qu'ils ont créé de toutes pièces et entretiennent à coup de pétrodollars, juste pour nuire à son voisin tout en enterrant l'UMA au grand dam des populations du Maghreb, on ne peut qu'être sceptique quant aux résultats ou recommandations devant sanctionner ces négociations de deux semaines. Et les propos de Dida Badi Ag Khammadine écrivain, anthropologue et chercheur algérien spécialisé dans le monde touareg, en disent long à ce sujet quand il affirme, sur les ondes d'une radio internationale, lorsqu'on l'interroge sur l'option qui serait possible pour le nord du Mali. Sa réponse est plus que déconcertante. « Une certaine autonomie serait une bonne solution pour tout le monde. Actuellement ce sont les gens du Nord qui gèrent la sécurité dans le Nord. A Kidal par exemple, ce sont les groupes armés qui ont créé des commissions et qui gèrent la région de Kidal. Ce sont eux qui font la sécurité. Je pense que sur le plan de la gestion politique, ils sont tout à fait capables d'avoir une assemblée régionale qui pourrait décider de leur manière de gérer la région. En tout cas ce qu'ils souhaitent c'est d'avoir une assemblée interrégionale qui va voter des textes et des lois locales », souligne-t-il sans ambages. Alors que faut-il attendre de la rencontre d'Alger ? Simplement attendre et voir.